Le candidat des pauvres sera-t-il Président des pauvres ?



Le candidat des pauvres sera-t-il Président des pauvres ?
Le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz est donné grand vainqueur du scrutin présidentiel du 18 juillet 2009. Il hérite cependant d’un pays profondément divisé sur fonds de crise politique post 6 août 2008. Ould Abdel Aziz saura-t-il se placer au-dessus de la mêlée sans renier ses promesses de redressement du pays?

Les résultats encore provisoires, en attendant leur confirmation par le Conseil constitutionnel, créditent le candidat Mohamed Ould Abdel, vainqueur au premier tour de cette élection avec un peu plus de 51% des suffrages. Un score suffisant pour ne pas avoir à affronter un outsider lors d&rsquoun second tour. Mais ces résultats sont déjà contestés par quatre de ses adversaires qui évoquent des anomalies par des «résultats préfabriqués». Même si on pouvait s&rsquoattendre à une remise en cause systématique des résultats qui leur étaient défavorables, dont certains en avaient même parler avant le scrutin lui-même, ces candidats n&rsquoapportent pas véritablement de preuve à leurs réserves. Les résultats du scrutin recoupent presque la situation politique née du putsch de 2006 qu&rsquoune majorité politique avait soutenu contre l&rsquoavis des anti-putschs. De quoi aiguiser encore les divergences malgré la transparence «notoire » du scrutin et les accords de Dakar du 4 juin. Mais la plus grande surprise provient du résultat plutôt modeste enregistré par le candidat Ahmed Ould Daddah, qui réaliserait à peine plus de dix pour cent contre dix huit pour Massaoud Ould Boulkheir, parvenu second dans la course présidentielle.

Gouverner et Rassembler!

Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a troqué son treillis contre le costume de président du parti de l&rsquoUnion pour la République (UPR), a, selon les résultats encore provisoires, su convaincre la majorité de mauritaniens de lui accorder la légitimité qui lui manquait tant après le putsch du 6 août 2008. C&rsquoest maintenant chose acquise et le président de l&rsquoUnion pour la République devrait se placer au-dessus des clivages politiques en qualité de président de tous les mauritaniens et continuer son programme de redressement et les réalisations chantées par ses concitoyens ordinaires. Une mission du «Président des pauvres » que le nouveau président de la République n&rsquoavait de cesse de répéter durant sa campagne créant sans doute une relation singulière entre lui et la majorité des électeurs mauritaniens. Une position que son opposition ne lui rendra certainement pas facile. L&rsquoune des grandes tares de l&rsquoancien président démocratiquement élu était sa «fragilité» politique et la crise institutionnelle à laquelle il n&rsquoa pu survivre. Ould Abdel Aziz, lui, vient de confirmer que le soutien des populations au lendemain du putsch n&rsquoétait pas fortuit. Avec aujourd&rsquohui l&rsquoattestation d&rsquoune élection présidentielle transparente et crédible, cela devrait pouvoir lui ouvrir les couloirs de la Communauté internationale pour une reconnaissance encore plus large sur l&rsquoéchiquier international. Une évolution rendue possible par les «sacrifices » consentis pour les accords de Dakar et grâce surtout à la surveillance électorale qui aura permis à cette communauté internationale de témoigner de la transparence de son élection. Banni depuis son accession suite au coup d&rsquoEtat de la Communauté internationale, Mohamed Ould Abdel Aziz, grâce à la confiance que lui accordent les mauritaniens pour les cinq ans à venir, devient ainsi plus fréquentable pour les gouvernements étrangers et notamment occidentaux. L&rsquoune des premières conséquences de cette nouvelle donne sera très probablement le retour en grâce de notre pays auprès des bailleurs de fonds et donateurs qui ne pouvaient se complaire d&rsquoun premier régime extraconstitutionnel. Un soutien dont le président a besoin pour traduire sur le terrain son engagement à faire sauter les clivages socio-économiques et assainir la transparence et la gestion des deniers publics. Une requête si chère aux bailleurs de fonds eux-mêmes.



Discours porteur

Le général Mohamed Ould Abdel Aziz a probablement gagné. Mais pourra-t-il pacifier le champ politique. Tout dépendra de sa gestion. Si son discours dans le sens d&rsquoun plus grand respect de la chose publique et d&rsquoune lutte sans merci contre la gabegie a eu des échos favorables, le futur président qui sera installé devrait aussi donner des gages de respect des engagements souscrits sans ouvrir trop grande la boite à Pandore. Son plus grand challenge, celui pour lequel il a probablement été élu, sera celui de finir avec les pratiques de favoritisme et de mauvaise gouvernance érigée en systèmes par tous les anciens régimes. Il pourra compter sur le soutien des bailleurs de fonds dans ce cadre. Mais jusqu&rsquooù pourra-t-il aller dans une société réduite depuis plus de deux décennies au folklore irresponsable qui a hypothéqué le développement du pays et mis à l&rsquoécart une majorité jusqu&rsquoici silencieuse.

C&rsquoest certainement la promesse de plus de justice, d&rsquoéquité et de répartition équitable des dividendes de la croissance économique qui explique avec la fin de l&rsquoimpunité des prédateurs l&rsquoadhésion des masses au discours de Ould Abdel Aziz.



Se remettre au travail au plus vite

La situation économique, marquée par une année sabbatique, à tout point de vue, exige une remise prompte au travail. Beaucoup de temps a été perdu dans la crise pour parvenir enfin à la solution liée à l&rsquoorganisation d&rsquoune élection consensuelle et transparente. Le futur président devrait notamment commencer à identifier les hommes auxquels il attribuera des missions précises dans l&rsquoexécution de ses promesses électorales. Il sait profondément que beaucoup de monde l&rsquoentoure et que chacun attend le retour de l&rsquoascenseur. Mais aujourd&rsquohui, le président élu a besoin d&rsquoun gouvernement crédible d&rsquoun sang neuf qui reflète son ambition de rompre avec le passé douloureux de la mauvaise gestion et de la gabegie. Saura-t-il exprimer aux mauritaniens qui l&rsquoont élu la dynamique du véritable changement constructif ?

Il devrait en tout cas faire trop attention aux délateurs et autres arrivistes, qui ont servi, sans état d&rsquoâme tous les régimes et qui ont failli porter un préjudice grave à sa campagne tout en restant en course pour lorgner des portefeuilles ministériels. Des hommes et des femmes qui restent dans la conscience collective comme les pires ennemis dans le sérail. Un président averti n&rsquoen vaut pas moins de deux.

Source : quotidien de nouakchott


Lundi 20 Juillet 2009
Boolumbal Boolumbal
Lu 220 fois



Recherche


Inscription à la newsletter