Pensées pieuses et gratitude à Thierno Hamdou Rabi N’DIATH



“Mo wii ganndal birningal woodaani, hawraani e gannduɗo, ganndo Alla.”
 
Qui dit que le savoir ésotérique n’existe pas n’a pas côtoyé l’homme de foi qui en est le dépositaire.
 
Le 03 novembre 2001, cela fait treize ans, jour pour jour, un homme de Dieu, un homme de foi, un très grand marabout, Thierno Hamdou Rabi N’Diath de Madina N’Diathbé (Sénégal), rendait son dernier soupir.
En décembre 2014, le texte ci-dessous aura 12 ans ; et 27 ans se seront écoulés depuis que nous auront quittés ceux à qui il rend hommage — les lieutenants Sarr Amadou, Sy Saïdou et Bâ Seydi.
 
Quel rapport entre ces événements ? Celui-là, sollicité, fit des prédictions relativement au sort de ceux-ci et leurs compagnons, ainsi que nous le verrons tout au long du texte. Prophéties lumineuses de Thierno Hamdou Rabi N’Diath. Elles viseront des événements dont certains apparaîtront très vite ; d’autres attendront plusieurs mois et même quelques années pour se faire voir, conformément aux prévisions de l’illustre marabout. A postériori, il est aisé de saisir toute la maîtrise et la compétence mystique avec lesquelles tous les événements dont il est question, avant même qu’ils ne se soient produits, furent appréhendés et exposés avec clarté par Thierno HAMDOU, comme s’ils constituaient les séquences d’un scénario, par lui écrit, dont les scènes et leur agencement n’eussent présenté à ses yeux aucun mystère.
 
Pensées pieuses et affectueuses à Thierno Hamdou Rabi N’Diath, à nos trois premiers martyrs et à toutes les victimes de discrimination — en Mauritanie et dans le monde.
 
Le 03 novembre 2014
BOYE Alassane Harouna
 
 
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Prédictions de Thierno Hamdou Rabi N’DIATH à propos du destin des auteurs du coup d’État d’octobre 1987
 
(Cet article a été publié pour la première fois en décembre 2002 sur le site des FLAM.)
 
Le 22 octobre 1987, à la veille de l’exécution d’un coup d’État, des militaires négro-africains furent arrêtés et jugés à Jreïda. Trois peines capitales furent prononcées contre les lieutenants Sarr Amadou, Bâ Seydi et Sy Saïdou. Ils furent exécutés à Jreïda, à l’aube du 06 décembre 1987.
Cette année, à l’occasion du 15éme anniversaire de leur exécution, je veux leur rendre hommage en racontant dans quelles circonstances Thierno Hamdou Rabi N’DIATH [1] avait prédit, avec une limpidité et une précision cartésiennes, les principales séquences du destin des auteurs du coup d’État d’octobre 1987.
     
Hamdou Rabi N’DIATH ; « Ceernal seernaaɓe, waliyal waliyaaɓe [2]»
 
Rappel du contexte 
 
Nouakchott 22 octobre 1987. Les premières arrestations commencent. La nouvelle est aussitôt connue : un coup d’État de militaires négro-africains vient d’être déjoué. Cette nouvelle se répand à mesure que les arrestations s’opèrent dans les principales bases militaires du pays. L’inquiétude et l’angoisse s’installent dans toutes les familles négro-africaines. Partout on s’interroge. Qui est arrêté ? Quand ? Où ? Comment ? On s’informe. On informe. On rassure. On s’encourage. Face à l’épreuve commune, des liens et des amitiés se nouent. Dans la douleur et la détresse partagées, des complicités se créent, des solidarités se tissent. Désarmé devant l’épreuve, chacun nourrit l’espoir d’une issue heureuse pour l’époux, le frère, le père… En attendant, on prie, on implore Allah pour conjurer le malheur. Dans de pareilles circonstances, très souvent, dans nos sociétés africaines, on adopte un réflexe ancestral : recourir à la géomancie ; consulter un marabout pour être éclairé sur un évènement, un projet, pour subjuguer un destin ou l’infléchir. C’est donc tout naturellement qu’une femme, dont l’époux venait tout juste d’être arrêté, décida d’aller consulter Thierno Hamdou Rabi N’DIATH.
Avant d’aborder les prédictions de Thierno Hamdou Rabi N’DIATH, je précise encore deux choses:
1. L’épouse, dont je tairai l’identité, je l’appellerai Khady.
2. Le Fort de Oualata et ses morts, le Fort d’Aïoun et la libération des détenus, tout ceci n’était pas encore à l’ordre du jour.
Et pourtant, c’est sur ces faits qui ne s’étaient pas encore produits, et dont certains ne se produiront que trois ans après, que porteront les éblouissantes prédictions de Thierno Hamdou Rabi N’DIATH. Les unes après les autres, toutes se produiront.
 


Dans les tout derniers jours du mois d’octobre 1987 Khady débarque à Madina N’Diathbé. (Sénégal) C’est là que réside Thierno Hamdou. Le grand marabout est très sollicité. Sa demeure, ouverte à tout le monde, ne désemplit pas. Les visiteurs y défilent à n’importe quelle période de l’année, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Les uns sollicitent des prières, les autres une consultation. Selon l’heure de son arrivée, le visiteur est reçu par Thierno Hamdou auquel il expose son problème. Sauf cas exceptionnel, l’hôte passe la nuit, il n’est libéré que le lendemain matin. Khady, quelques temps après son arrivée, fut reçue par Thierno Hamdou. Après les salutations d’usage, Thierno lui demanda : « — En quoi puis-je vous être utile ? Quel est votre problème ?
Khady exposa au marabout la situation critique de son mari en ces termes :
— Thierno, mon mari et plusieurs autres militaires viennent d’être arrêtés à Nouakchott. Ils sont impliqués dans une tentative de coup d’État. La tension est grande à Nouakchott. Une grande inquiétude m’habite. C’est à ce sujet que je voudrais vous consulter et solliciter vos prières.
      Thierno Hamdou : — Bien! Nous allons nous en remettre à Allah, Lui soumettre le problème et solliciter Son éclairage. Il vous faut passer la nuit. Demain matin, si Allah le décrète, je vous dirai ce qu’il en est, et vous libérerai. »
 
Les prédictions de Thierno Hamdou
 
Khady passa la nuit dans la maison de Thierno Hamdou, comme le faisaient la plupart des visiteurs. Dans la nuit, Thierno fit ce qu’il avait à faire. Le lendemain matin, il convoqua Khady, à qui il exposa le résultat de sa consultation.
(Retenons bien que nous sommes toujours en octobre 1987. Le procès ne débutera que le 18 novembre 1987. Le verdict ne sera rendu que le 03 décembre 1987. Les trois exécutions n’auront lieu que le 06 décembre 1987. )
      Thierno Hamdou. — Premièrement. Votre époux et ses compagnons seront jugés. Parmi eux, trois seront exécutés. Je peux vous donner l’assurance que votre époux ne sera pas parmi les trois qui seront passés par les armes. Deuxièmement. Après le jugement et les exécutions, votre mari et ses compagnons seront transférés dans un endroit lointain et isolé. Ils seront presque coupés du monde. Et le monde restera longtemps sans nouvelle d’eux. Dans cet endroit où ils seront isolés, ils y subiront un martyre et un tel calvaire que certains y périront. En fait, ceux qui y survivront n’y auront été que pour accompagner ceux qui y éliront leur dernière demeure. Là aussi, je peux vous dire que votre mari ne fera pas partie de ceux qui décéderont dans cet endroit. Troisièmement. Quand votre mari et ses compagnons auront passé un bon bout de temps dans cet endroit reculé et isolé, ils seront de nouveau transférés dans un autre lieu plus proche, plus accessible. Peu de temps après ce dernier transfert, ils pourront recevoir la visite de leurs familles, parents et amis. Quatrièmement. Quand ceci se produira, leur libération ne tardera pas à intervenir. Vous retrouverez votre époux, et ses compagnons leurs familles. Mais attention, tout ceci est encore bien lointain.
     
(L’entrevue eut lieu fin octobre 1987. L’époux de Khady et ses compagnons, rescapés du fort mouroir de Oualata, ne seront libérés que le 07 mars 1991. Soit trois ans après les prédictions de Thiérno Hamdou Rabi N’DIATH.)
Et Thierno de conclure :
     — Voilà la vision que m’a inspirée Allah. Telle est la volonté divine. Rien ni personne ne pourront inverser le cours de ce destin. Il est définitivement scellé. C’est pourquoi, il est inutile de dépenser son énergie, son temps et ses biens pour consulter marabouts et experts en sciences occultes. Désormais, il faut prier pour eux. Voilà ce qu’il faut faire.
 
Dans la vie il y a des épreuves et des moments inoubliables. Khady venait de vivre l’un de ces moments. Aucun mot des paroles deThierno Hamdou ne lui avait échappé. Tout était dit par Thierno Hamdou ; dit avec précision et clarté, simplicité et autorité. Il n’y avait plus de place pour une question, un commentaire. Poser une question, commenter, Khady en avait-elle l’envie et la force ?... 
     
Khady prit congé de Thierno Hamdou Rabi N’DIATH, non sans avoir sollicité pour elle, pour son époux et ses compagnons, les prières du grand marabout.
Avec 15 ans de recul, pour un rescapé du fort mouroir de Oualata, il ne fait l’ombre d’aucun doute que toutes les prédictions de Thierno Hamdou se sont réalisées. Quant à l’observateur éloigné et non imprégné des évènements en question, pour lui permettre de percevoir toute la valeur et la puissance des prédictions de Thierno Hamdou, nous examinerons rapidement avec lui ce qui advint aux auteurs du coup d’État de 1987, à l’aune des prédictions de Thierno Hamdou.
 

Thierno Hamdou avait prédit, 1.Trois exécutions après le jugement des auteurs du coup d’État. Elles eurent lieu le 06 décembre 1987, après que le verdict fut rendu le 03 décembre 1987. Et comme Thierno l’avait dit à Khady, son époux ne fut pas exécuté. 2. Le transfert dans « [...] un endroit lointain et isolé. » où le calvaire sera tel que « [...] certains y périront. » Oualata fut cet endroit. La ville est à plus de mille kilomètres de Nouakchott et est difficilement accessible. L’époux de Khady et ses compagnons y seront transférés le 09 décembre 1987. Bâ Alassane Oumar, Ten Youssouf Guéye, Bâ Abdoul Khoudouss et Djigo Tabssirou y trouvèrent la mort… Cela aussi avait été mentionné par Thierno Hamdou. 3. La dernière localité dont avait parlé Thierno et dans laquelle les rescapés de Oualata allaient être transférés, c’est Aïoun (le Fort). Ils (les détenus militaires) y arriveront le 01 janvier 1989. Et peu de temps après, ils y recevront la visite de leurs proches, comme l’avait annoncé Thierno. 4. Enfin, le 07 mars 1991, l’époux de Khady et ses compagnons sont libérés. Thierno Hamdou l’avait prévu trois ans plus tôt, en précisant que le signe annonciateur de cette libération allait être la possibilité pour les détenus de recevoir la visite de leurs familles.
     
A nos trois premiers martyrs : Sarr Amadou, Bâ Seydi et Sy Saïdou, à toutes les victimes du racisme d’État en Mauritanie, à ce grand homme de foi que fut Thierno Hamdou Rabi N’Diath, disparu le 03 novembre 2001, réservons une pensée pieuse.

3 décembre 2002

 BOYE Alassane Harouna
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 [1] Grand marabout de Madina N’Diathbé, localité du Sénégal, Thierno Hamdou Rabi N’DIATH  était très connu et sollicité dans toute la contrée pour ses dons en science exotérique  Il est décédé en novembre 2001.
 
[2] Expression pulaar utilisée pour louer ou mettre en exergue la valeur d’un marabout ou d’un Saint ;  elle pourrait se traduire par : Grand marabout parmi les marabouts, grand Saint parmi les Saints.


Source:  BOYE Alassane Harouna

Lundi 3 Novembre 2014
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