Sur le terrain, rien ou presque n’a changé. Le camp anti putsch continue ses actions de protestation contre l’agenda ‘’unilatéral’’, tandis que le candidat Aziz s’occupe à régler les derniers détails de sa campagne…
Un passage éclair qui a permis au chef de la diplomatie sénégalaise de rendre visite au général Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de l’Etat démissionnaire depuis le 15 avril dernier, président de l’Union Pour la République (UPR)- parti majoritaire dans les deux chambres du parlement, candidat à l’élection présidentielle du 6 juin prochain, Ahmed Ould Daddah, président du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et chef de file institutionnel de l’opposition et Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), qui assure la présidence tournante du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD).
Ces deux leaders représentant les forces politiques d’une nouvelle alliance objective contre la junte au pouvoir à Nouakchott depuis août 2008.
En fait, l’entrevue avec le général a été longue, alors que la visite chez Daddah et Maouloud était plutôt symbolique et d’ordre plus protocolaire.
Des rencontres du lundi à l’issue desquels l’infatigable chef de la diplomatie sénégalaise, qui réussit le tour de force de susciter une réelle admiration dans tous les camps pourtant en total désaccord, a une fois de plus recueilli les points de vue de ses interlocuteurs. Un exercice suite auquel il a repris les airs pour Dakar dans le cadre d’une démarche en vue de livrer un fidèle compte rendu au président- médiateur
Une étape dont le prolongement se décline sous la forme d’un sixième voyage dans notre capitale politique mardi. Cette fois en compagnie d’une forte mission de l’Union Africaine (UA) et de la communauté internationale (Nations Unies) composée notamment du président du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine (CPS/UA), Ramadan Lamamra et du représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en Afrique de l’Ouest, Said Djinit. En plus d’un représentant du président de l’UA, Kadhafi.
Dans une certaine mesure, ces derniers développements dans la conduite de la médiation pour le règlement de la crise politique et institutionnelle en Mauritanie donne une idée des enjeux qui tournent autour : Sénégal, France, Libye, Union Africaine et toute la communauté internationale étant attachés à la réussite de la mission de bons offices du président Abdoulaye Wade.
Même s’il faut préciser que la solution de la crise peut avoir un sens différent pour ces partenaires suivant la direction empruntée : exécution de l’agenda électoral de la junte sans la participation de toute l’opposition, participation d’Ahmed Daddah avec un léger report ou solution inclusive avec une annulation du calendrier enfanté par les journées nationales de concertation –Etats Généraux de la Démocratie (EGD). Un dernier cas de figure dont la suite serait l’élaboration d’un nouvel agenda pour une élection présidentielle décalée de plusieurs mois (point de vue des forces anti-putsch).
Toujours la surenchère
Cependant, en dépit de la poursuite des efforts dans le cadre de médiation sénégalaise, appuyée par l’Union Africaine (UA) et les Nations Unies, sur le terrain, les protagonistes de la crise poursuivent leur stratégie sur le chemin de la réalisation des objectifs spécifiques à chaque camp.
Ainsi, lundi, la presse locale en ligne (CRIDEM) a révélé la composition du staff chargé de diriger et d’animer la campagne du général Mohamed Ould Abdel Aziz dans toutes les régions du pays. Un épisode qui renvoie à une détermination encore « intacte » du camp du général à mettre en œuvre son agenda électoral. Plusieurs de ses « soutiens » qui présentent la particularité d’avoir apporté un appui « franc » et « massif » à tous les pouvoirs qui se sont succédé à Nouakchott depuis 1960, poussent dans ce sens.
En face, le FNDD et le RFD, qui semblent reprendre du poil de la bête, perçoivent à travers la désignation des membres du staff de campagne du général chargés dans toutes les régions de la République, une opération de « bluff ».
Excluant toute idée de recule, le front anti-putsch a repris ses activités de protestation (marches, meetings et sit-in) lundi après midi.
Une imposante marche qui a réuni plus de 30.000 personnes pour réclamer l’annulation de l’agenda électoral « unilatéral » de la junte et l’ouverture d’un dialogue national pour sortir la Mauritanie « des ténèbres ».
Occasion saisie par les différents leaders du FNDD et du RFD pour rappeler leur détermination à faire échec aux général Aziz et à tous les “bataillons de députés putschistes”.
Une évolution qui pourrait bien annoncer l’approche du «dénouement (dans quel sens?) et de l’heure de «vérité».
Kouchka
Source: Biladi