Dans l’histoire de notre pays, la page la plus sombre s’est jouée à Inal en 1990, pas pour le nombre de ses morts mais par la symbolique de l’horreur : le sacrifice humain pour commémorer l’anniversaire de la souveraineté nationale.
Pendant longtemps nous avons tous travaillé à faire connaître ce génocide orchestré par le pouvoir militaire de l’époque et à réclamer justice. Le Colonel Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya est tombé depuis 10 ans mais les régimes qui se sont succédés après lui ont esquivé le problème parce qu’étant trop impliqués dans le dossier ou par peur de se brûler les doigts (Eh oui, un président a dit ici, à Paris «je m’engage à ramener les déportés mais le volet militaire je n’ose pas y toucher »). Faisant semblant de s’y intéresser, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a mis en place une solution fourre-tout. Ainsi des putschistes de 1981 à 2004, aux mains tâchées de sang se sont retrouvés dans le même sac avec des innocents arrêtés par l’armée, torturés et exécutés sans le moindre chef d’accusation. Le seul crime des derniers étant d’appartenir à une frange non arabophone du pays. L’objectif du Président Ould Abdel Aziz est de chercher à noyer ce génocide dans une vaste campagne d’indemnisations. L’histoire retiendra cette piètre caution à l’impunité des génocidaires.
Un très grand pas a été fait dans la prise de conscience populaire. Les résultats ont abouti au pèlerinage d’Inal de 2011. Qu’il nous soit permis ici de rendre un vibrant hommage à Biram dont le courage et la capacité de mobilisation furent déterminants dans cette entreprise, au Dr Outouma Soumaré qui en fut le véritable chef d’orchestre, à Balla Touré, Dame Ba, les élus Diaw Abdoulaye Djimé, Youssouf Sylla, les journalistes, toutes les organisations et volontaires (Maures, Haratines, Ouolofs, Sonninkés et Halpulaars) qui y ont pris part.
Au retour d’Inal en 2011, nous avons vu des officiers supérieurs paniquer et essayer de se dédouaner auprès des orphelins. Cela décrivait clairement la situation inconfortable dans laquelle ils se trouvaient subitement. La peur avait bel et bien changé de camp.
Il eut été bien de maintenir cette pression, mais le pragmatisme nous a fait défaut. Quand on déserte sa maison, elle fait le bonheur de squatteurs. Nous avons tous une responsabilité dans la suite à donner à ce drame. Aucun président mauritanien (Aziz comme ses successeurs) n’ouvrira ce dossier s’il n’y est pas obligé. Le fruit qui tombe de l’arbre n’est souvent pas le meilleur, trop mûr ou déjà pourri.
Inal 2012 aussi fut un succès grâce à la détermination des jeunes (Orphelins, étudiants arabes et TPMN), à l’efficacité des organisateurs, mention spéciale à Kane Mamadou Alhousseynou du COVIRE et à Dame BA (MAPROM Mauritanie), pour sa constance et son esprit de sacrifice, et bien sûr à toutes les organisations qui y ont participé. Et dans ce cadre, notre diaspora y était fortement représentée. Les lieux étant clairement repérés, l’engagement pour la construction d’un mémorial au prochain voyage est pris.
2013 et 2014 ont été des années blanches du point de vue voyage à Inal. Démobilisation, moyens insuffisants et autres tentatives de sabordements ont temporairement eu raison du pèlerinage d’Inal.
Nous voici face à nos responsabilités pour le 25ème anniversaire des massacres, organisés au sein de l’armée, de soldats en mission de défense nationale.
Nous pensons que la résolution de ce génocide ouvrira les portes à toutes les autres questions. Parce qu’aujourd’hui des gens bloquent toute idée de rapprochement et cultivent l’hostilité entre les communautés pour justement éviter de déterrer ce dossier. Et cela fait le lit des chauvins, adeptes d’un pays monoculturel.
Les morts d’Inal à l’image de ceux de Jreida, Azlatt, Tiguint, Akjoujt viennent tous de toute la vallée du fleuve. Le soldat qui repose à Inal est le fils de Khabou, de Dimbé, de Boghe, de Maghama, de Rosso, de Sorimallé, de Garlol, de Salndé, de Grack... Ils n’appartiennent pas exclusivement à 90-91, en référence aux années de braises, mais à l’histoire, dans ce qu’elle a de plus abject, de notre pays.
Récemment nous avons vu un civil qui prétend avoir été arrêté à NDB et envoyé à Inal pour y être torturé. Une falsification de l’histoire est déjà en route.
Quand cette présence sera admise, rien ne s’opposera à celle d’un autre groupe communautaire à Inal. Ainsi le caractère ethno génocidaire sera définitivement écarté. Il se pourrait bien que nous soyons en face d’une opération d’accaparement pouvant conduire directement au négationnisme pur et simple. Il convient donc d’être vigilant pour ne laisser aucune place à des tentatives de falsification de l’Histoire. Cette opération est d’autant plus inquiétante qu’elle revêt un aspect clairement politique dans ses modalités : conférences, colloques, tentatives de mobilisation de l’opinion, etc.
C’est pourquoi nous pensons qu’il est impératif d’avancer dans le projet de construction d’un mémorial pour les martyrs à Inal pour ce 25ème anniversaire, ou alors d’autres risquent de le faire pour d’autres raisons. Envisager ensuite d’en construire à Jreida, Azlatt, Tiguint, Oualata comme cela a pu se faire à Lemghaity en plein désert.
Oui à une Mauritanie unie, fraternelle, juste et égalitaire
Non à l’oubli et L’impunité.
Mahamadou SY
Pendant longtemps nous avons tous travaillé à faire connaître ce génocide orchestré par le pouvoir militaire de l’époque et à réclamer justice. Le Colonel Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya est tombé depuis 10 ans mais les régimes qui se sont succédés après lui ont esquivé le problème parce qu’étant trop impliqués dans le dossier ou par peur de se brûler les doigts (Eh oui, un président a dit ici, à Paris «je m’engage à ramener les déportés mais le volet militaire je n’ose pas y toucher »). Faisant semblant de s’y intéresser, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a mis en place une solution fourre-tout. Ainsi des putschistes de 1981 à 2004, aux mains tâchées de sang se sont retrouvés dans le même sac avec des innocents arrêtés par l’armée, torturés et exécutés sans le moindre chef d’accusation. Le seul crime des derniers étant d’appartenir à une frange non arabophone du pays. L’objectif du Président Ould Abdel Aziz est de chercher à noyer ce génocide dans une vaste campagne d’indemnisations. L’histoire retiendra cette piètre caution à l’impunité des génocidaires.
Un très grand pas a été fait dans la prise de conscience populaire. Les résultats ont abouti au pèlerinage d’Inal de 2011. Qu’il nous soit permis ici de rendre un vibrant hommage à Biram dont le courage et la capacité de mobilisation furent déterminants dans cette entreprise, au Dr Outouma Soumaré qui en fut le véritable chef d’orchestre, à Balla Touré, Dame Ba, les élus Diaw Abdoulaye Djimé, Youssouf Sylla, les journalistes, toutes les organisations et volontaires (Maures, Haratines, Ouolofs, Sonninkés et Halpulaars) qui y ont pris part.
Au retour d’Inal en 2011, nous avons vu des officiers supérieurs paniquer et essayer de se dédouaner auprès des orphelins. Cela décrivait clairement la situation inconfortable dans laquelle ils se trouvaient subitement. La peur avait bel et bien changé de camp.
Il eut été bien de maintenir cette pression, mais le pragmatisme nous a fait défaut. Quand on déserte sa maison, elle fait le bonheur de squatteurs. Nous avons tous une responsabilité dans la suite à donner à ce drame. Aucun président mauritanien (Aziz comme ses successeurs) n’ouvrira ce dossier s’il n’y est pas obligé. Le fruit qui tombe de l’arbre n’est souvent pas le meilleur, trop mûr ou déjà pourri.
Inal 2012 aussi fut un succès grâce à la détermination des jeunes (Orphelins, étudiants arabes et TPMN), à l’efficacité des organisateurs, mention spéciale à Kane Mamadou Alhousseynou du COVIRE et à Dame BA (MAPROM Mauritanie), pour sa constance et son esprit de sacrifice, et bien sûr à toutes les organisations qui y ont participé. Et dans ce cadre, notre diaspora y était fortement représentée. Les lieux étant clairement repérés, l’engagement pour la construction d’un mémorial au prochain voyage est pris.
2013 et 2014 ont été des années blanches du point de vue voyage à Inal. Démobilisation, moyens insuffisants et autres tentatives de sabordements ont temporairement eu raison du pèlerinage d’Inal.
Nous voici face à nos responsabilités pour le 25ème anniversaire des massacres, organisés au sein de l’armée, de soldats en mission de défense nationale.
Nous pensons que la résolution de ce génocide ouvrira les portes à toutes les autres questions. Parce qu’aujourd’hui des gens bloquent toute idée de rapprochement et cultivent l’hostilité entre les communautés pour justement éviter de déterrer ce dossier. Et cela fait le lit des chauvins, adeptes d’un pays monoculturel.
Les morts d’Inal à l’image de ceux de Jreida, Azlatt, Tiguint, Akjoujt viennent tous de toute la vallée du fleuve. Le soldat qui repose à Inal est le fils de Khabou, de Dimbé, de Boghe, de Maghama, de Rosso, de Sorimallé, de Garlol, de Salndé, de Grack... Ils n’appartiennent pas exclusivement à 90-91, en référence aux années de braises, mais à l’histoire, dans ce qu’elle a de plus abject, de notre pays.
Récemment nous avons vu un civil qui prétend avoir été arrêté à NDB et envoyé à Inal pour y être torturé. Une falsification de l’histoire est déjà en route.
Quand cette présence sera admise, rien ne s’opposera à celle d’un autre groupe communautaire à Inal. Ainsi le caractère ethno génocidaire sera définitivement écarté. Il se pourrait bien que nous soyons en face d’une opération d’accaparement pouvant conduire directement au négationnisme pur et simple. Il convient donc d’être vigilant pour ne laisser aucune place à des tentatives de falsification de l’Histoire. Cette opération est d’autant plus inquiétante qu’elle revêt un aspect clairement politique dans ses modalités : conférences, colloques, tentatives de mobilisation de l’opinion, etc.
C’est pourquoi nous pensons qu’il est impératif d’avancer dans le projet de construction d’un mémorial pour les martyrs à Inal pour ce 25ème anniversaire, ou alors d’autres risquent de le faire pour d’autres raisons. Envisager ensuite d’en construire à Jreida, Azlatt, Tiguint, Oualata comme cela a pu se faire à Lemghaity en plein désert.
Oui à une Mauritanie unie, fraternelle, juste et égalitaire
Non à l’oubli et L’impunité.
Mahamadou SY