L’Alliance atlantique renforce son intérêt pour la Mauritanie, car la présence russe au Sahel constitue une menace pour le flanc sud à proximité des îles
Le président du gouvernement des îles Canaries, Fernando Clavijo, est le second chef de gouvernement régional à se rendre en Mauritanie depuis 2014, territoire d’où part une grande partie de l’immigration irrégulière arrivant sur les îles en provenance du Sahel et, surtout, du Mali. Clavijo a défendu dans la capitale mauritanienne, Nouakchott, que l’Europe « doit faire plus » pour prêter attention aux migrations en provenance des pays de la zone du Sahel en freinant le départ des pirogues vers les îles.
Le départ des « cayucos » vers les Canaries s’inscrit dans le scénario d’une région dans laquelle la Russie, après l’invasion de l’Ukraine, a accru son poids au point que le Mali et le Burkina Faso lui ont sous-traité une partie de leur défense tout en expulsant les forces occidentales présentes.
En 2023, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s’est rendu en Mauritanie car il manque à Moscou une jambe pour mener à bien son agenda : aller vers l’Atlantique (…).
Pendant ce temps, la Mauritanie continue d’accueillir des immigrants du Mali qui, à leur tour, font pression sur ses services de sécurité publique, générant des troubles sociaux dans les rues. Le président des Canaries a pu vérifier sur le sol mauritanien ce que le gouvernement de ce pays dénonce ouvertement depuis 2024 : il a 150 000 migrants en liberté dans les rues voulant monter à bord de pirogues et rejoindre l’Europe via les îles Canaries, en plus des 183 000 réfugiés qu’il a dans le sud du pays en provenance du Mali.
Au total, 46 843 migrants sont entrés illégalement en Espagne par les îles Canaries en 2024, dépassant le record de 2023, en raison de la forte augmentation des arrivées depuis octobre, selon les données du ministère de l’intérieur.
La chef du programme de développement des capacités de défense de l’OTAN pour la Mauritanie, Frédérique Jacquemin, affirme qu’il est du devoir de l’Alliance de « préserver la stabilité en Mauritanie à tout prix » car « elle est le seul pays partenaire de l’OTAN dans la vaste région du Sahel» et ajoute que Nouakchott « acquiert une compréhension plus profonde de tous les défis de sécurité auxquels la région du Sahel est confrontée ».
En janvier dernier, l’UE a livré 90 millions d’euros de matériel de surveillance et de contrôle des frontières à la Mauritanie, dans le cadre de l’enveloppe de 281 millions d’euros proposée en février 2024 par la Commission européenne (CE) et qui comprend des investissements dans la création intensive d’emplois qualifiés avec des projets énergétiques.
La Mauritanie est un pays partenaire de l’OTAN depuis 1995, mais c’est après la crise ukrainienne que l’Occident a sérieusement commencé à travailler sur un agenda avec ce pays, étant donné que jusqu’à présent, la coopération qu’il a reçue est celle de l’Espagne. En janvier 2025, une délégation de l’Alliance atlantique a discuté avec des responsables mauritaniens de la possibilité d’améliorer la coopération militaire et sécuritaire.
La ministre de la Défense, Hanena Ould Sidi, a rencontré la délégation de l’Alliance conduite par le représentant spécial pour le voisinage méridional, l’Espagnol Javier Colomina.
A l’issue de la réunion, aucun détail n’avait filtré, mais c’était quelques jours après la rencontre du ministre mauritanien de la Défense avec le délégué général en charge de l’armement au ministère des Armées françaises, Emmanuel Chiva, pour renforcer les plans de surveillance dans la zone.
Cet agenda intense de l’Alliance atlantique en Mauritanie a été vu en décembre dernier lorsque des experts de l’OTAN dans le domaine du développement des capacités de défense (DCB) se sont rendus à Nouakchott pour soutenir la mise en œuvre des initiatives clés du paquet DCB de la Mauritanie, notamment en soutien aux forces d’opérations spéciales (SOF), à la sécurité maritime, au renseignement, à la la transition des carrières militaires, l’éducation militaire et la résolution des défis liés aux armes légères et de petit calibre.
Au cours de ce programme, l’OTAN a livré des équipements de forces d’opérations spéciales, tels que des équipements de protection balistique, des équipements de communication et des équipements médicaux, afin de contribuer à renforcer les capacités de défense et de sécurité de la Mauritanie en présence du commandant des forces d’opérations spéciales et chef d’état-major général de l’armée de terre, le général El Mokhtar Menny, ainsi que du secrétaire général du ministère de la Défense, Saïdou Dia.
À la suite de ces visites, il est apparu que la Mauritanie avait suspendu l’achat d’un certain nombre de navires militaires qu’elle avait confiés à la principale entreprise d’armement chinoise, Poly Technologies, en raison des sanctions imposées par les États-Unis à son encontre.
En d’autres termes, le respect des engagements de la Mauritanie d’exercer une surveillance accrue dans ses eaux pour des situations telles que l’arrivée de bateaux irréguliers aux îles Canaries serait retardé.
À l’intérieur du pays, pendant ce temps, le contrôle est un peu plus rigoureux. Avant la guerre en Ukraine, l’OTAN, avec le soutien de la France et du Canada, a créé quatre centres régionaux de coordination opérationnelle situés à Nouakchott, Nouadhibou, Rosso et Néma, fait don d’équipements portables pour la coordination mobile des crises afin de suivre les incidents et de partager les informations recueillies au niveau national et dans d’autres régions touchées par des problèmes de sécurité.
Ces centres effectuent la surveillance opérationnelle, l’alerte précoce, la collecte et l’analyse d’informations provenant de sources diverses à l’aide de technologies modernes et de simulations.
J.L. Jimenez
Traduction et publication avec l’autorisation de l’auteur
https://www.vozpopuli.com/canarias/mauritania-clavo-ardiendo-otan-a-pocos-kilometros-canarias.html
Source : La Dépêche
Le président du gouvernement des îles Canaries, Fernando Clavijo, est le second chef de gouvernement régional à se rendre en Mauritanie depuis 2014, territoire d’où part une grande partie de l’immigration irrégulière arrivant sur les îles en provenance du Sahel et, surtout, du Mali. Clavijo a défendu dans la capitale mauritanienne, Nouakchott, que l’Europe « doit faire plus » pour prêter attention aux migrations en provenance des pays de la zone du Sahel en freinant le départ des pirogues vers les îles.
Le départ des « cayucos » vers les Canaries s’inscrit dans le scénario d’une région dans laquelle la Russie, après l’invasion de l’Ukraine, a accru son poids au point que le Mali et le Burkina Faso lui ont sous-traité une partie de leur défense tout en expulsant les forces occidentales présentes.
En 2023, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s’est rendu en Mauritanie car il manque à Moscou une jambe pour mener à bien son agenda : aller vers l’Atlantique (…).
Pendant ce temps, la Mauritanie continue d’accueillir des immigrants du Mali qui, à leur tour, font pression sur ses services de sécurité publique, générant des troubles sociaux dans les rues. Le président des Canaries a pu vérifier sur le sol mauritanien ce que le gouvernement de ce pays dénonce ouvertement depuis 2024 : il a 150 000 migrants en liberté dans les rues voulant monter à bord de pirogues et rejoindre l’Europe via les îles Canaries, en plus des 183 000 réfugiés qu’il a dans le sud du pays en provenance du Mali.
Au total, 46 843 migrants sont entrés illégalement en Espagne par les îles Canaries en 2024, dépassant le record de 2023, en raison de la forte augmentation des arrivées depuis octobre, selon les données du ministère de l’intérieur.
La chef du programme de développement des capacités de défense de l’OTAN pour la Mauritanie, Frédérique Jacquemin, affirme qu’il est du devoir de l’Alliance de « préserver la stabilité en Mauritanie à tout prix » car « elle est le seul pays partenaire de l’OTAN dans la vaste région du Sahel» et ajoute que Nouakchott « acquiert une compréhension plus profonde de tous les défis de sécurité auxquels la région du Sahel est confrontée ».
En janvier dernier, l’UE a livré 90 millions d’euros de matériel de surveillance et de contrôle des frontières à la Mauritanie, dans le cadre de l’enveloppe de 281 millions d’euros proposée en février 2024 par la Commission européenne (CE) et qui comprend des investissements dans la création intensive d’emplois qualifiés avec des projets énergétiques.
La Mauritanie est un pays partenaire de l’OTAN depuis 1995, mais c’est après la crise ukrainienne que l’Occident a sérieusement commencé à travailler sur un agenda avec ce pays, étant donné que jusqu’à présent, la coopération qu’il a reçue est celle de l’Espagne. En janvier 2025, une délégation de l’Alliance atlantique a discuté avec des responsables mauritaniens de la possibilité d’améliorer la coopération militaire et sécuritaire.
La ministre de la Défense, Hanena Ould Sidi, a rencontré la délégation de l’Alliance conduite par le représentant spécial pour le voisinage méridional, l’Espagnol Javier Colomina.
A l’issue de la réunion, aucun détail n’avait filtré, mais c’était quelques jours après la rencontre du ministre mauritanien de la Défense avec le délégué général en charge de l’armement au ministère des Armées françaises, Emmanuel Chiva, pour renforcer les plans de surveillance dans la zone.
Cet agenda intense de l’Alliance atlantique en Mauritanie a été vu en décembre dernier lorsque des experts de l’OTAN dans le domaine du développement des capacités de défense (DCB) se sont rendus à Nouakchott pour soutenir la mise en œuvre des initiatives clés du paquet DCB de la Mauritanie, notamment en soutien aux forces d’opérations spéciales (SOF), à la sécurité maritime, au renseignement, à la la transition des carrières militaires, l’éducation militaire et la résolution des défis liés aux armes légères et de petit calibre.
Au cours de ce programme, l’OTAN a livré des équipements de forces d’opérations spéciales, tels que des équipements de protection balistique, des équipements de communication et des équipements médicaux, afin de contribuer à renforcer les capacités de défense et de sécurité de la Mauritanie en présence du commandant des forces d’opérations spéciales et chef d’état-major général de l’armée de terre, le général El Mokhtar Menny, ainsi que du secrétaire général du ministère de la Défense, Saïdou Dia.
À la suite de ces visites, il est apparu que la Mauritanie avait suspendu l’achat d’un certain nombre de navires militaires qu’elle avait confiés à la principale entreprise d’armement chinoise, Poly Technologies, en raison des sanctions imposées par les États-Unis à son encontre.
En d’autres termes, le respect des engagements de la Mauritanie d’exercer une surveillance accrue dans ses eaux pour des situations telles que l’arrivée de bateaux irréguliers aux îles Canaries serait retardé.
À l’intérieur du pays, pendant ce temps, le contrôle est un peu plus rigoureux. Avant la guerre en Ukraine, l’OTAN, avec le soutien de la France et du Canada, a créé quatre centres régionaux de coordination opérationnelle situés à Nouakchott, Nouadhibou, Rosso et Néma, fait don d’équipements portables pour la coordination mobile des crises afin de suivre les incidents et de partager les informations recueillies au niveau national et dans d’autres régions touchées par des problèmes de sécurité.
Ces centres effectuent la surveillance opérationnelle, l’alerte précoce, la collecte et l’analyse d’informations provenant de sources diverses à l’aide de technologies modernes et de simulations.
J.L. Jimenez
Traduction et publication avec l’autorisation de l’auteur
https://www.vozpopuli.com/canarias/mauritania-clavo-ardiendo-otan-a-pocos-kilometros-canarias.html
Source : La Dépêche
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