Les Italiens veulent tourner la page
Les champions du monde en titre ont été éliminés du Mondial après leur défaite face à la Slovaquie. Pour Mario Sconcerti, il est indispensable d'entamer une refonte du football transalpin.
Les champions du monde en titre ont été éliminés du Mondial après leur défaite face à la Slovaquie. Pour Mario Sconcerti, il est indispensable d'entamer une refonte du football transalpin.
C'est ainsi que tout se termine avec les vuvuzelas qui soufflent leur mélancolie, presque comme un tango, et la conscience définitive de n’avoir jamais compris ce qu’il se passait. Marcello Lippi, l'entraîneur de l'équipe italienne, a tort. L'explosion de l’Italie face à la Slovaquie, hier, n’avait rien d’inattendu. L’Italie n’est jamais vraiment entrée dans la partie. Il n’y avait pas d’équipe, pas d’articulation, pas d’équilibre entre les expériences de chacun ni de qualité technique. Elle n'avait pas de personnalité. Et tout cela avait déjà été dit. Mais Lippi, par conscience professionnelle, a toujours tout couvert, et ce fut là sa véritable erreur. Il est évident que le gouffre entre ce qu’il exigeait et ce que l’équipe pouvait lui donner était infranchissable. Mais on pensait qu’il en était conscient, qu’il voulait tenter l’impossible. En réalité, lui aussi y croyait dur comme fer.
Frappé d’un petit syndrome d’omnipotence, Marcello Lippi supposait que ses talents d’entraîneur, conjugués à la frénésie du Mondial, suffiraient à contrebalancer d’une façon ou d’une autre la médiocrité du jeu, voire à renverser la situation. C’est cela, le problème : il n’y était pas. L’équipe n’a jamais existé, nous l’avons répété assez souvent. Elle semblait en mesure de passer le premier tour, montrer quelque chose d’honorable, mais rien de plus. La différence aurait dû venir de Marcello Lippi, mais ce fut finalement le premier à chuter. La conséquence, c’est le plus grand désastre de l’histoire du football italien. Une élimination avec seulement deux points, aucune victoire, c’est encore pire que face à la Corée du Nord, il y a 44 ans. À l’époque, le football ne dépassait pas les frontières, les adversaires étaient tous méconnus et les télévisions n’étaient pas là pour vulgariser la science du jeu. Aujourd’hui, on assiste au résultat d’un mouvement. Ce n’est pas l’échec d’une expédition isolée, mais le présage d’un type de football italien qui touche à sa fin. La déroute de Lippi, aussi grave et imprévue soit-elle, restera toutefois dans les annales comme un monumental accident de parcours. Limiter la discussion à l’Afrique du Sud ou au match contre la Slovaquie reviendrait à ne pas voir plus loin que le bout de son nez. Le vrai problème, c’est ce que nous sommes en train de devenir.
Depuis quatre ans, l’Italie a perdu la Juventus, sa plus grande richesse. Je n’en fais pas une guerre sainte, juste un rappel historique. L'équipe nationale n’a jamais pu s'appuyer sur l’Inter Milan, qui ne compte aucun Italien depuis bien longtemps. L’AC Milan et la Roma jouent en terrain connu et n’apportent rien de nouveau. En revanche, les dernières Coupes du monde confirment l’avènement des grandes nations sud-américaines. Ces dix dernières années, plus de 5 000 Brésiliens et autant d’Argentins ont quitté leur pays pour découvrir le football mondial. Les Uruguayens suivent de près. Cela signifie que les sélectionneurs brésiliens ou argentins peuvent choisir parmi des centaines de joueurs, tandis que les Italiens ou les Anglais n’en ont qu’une trentaine ou quarantaine à disposition. Ce n’est pas un hasard si la moitié des joueurs de l’équipe d’Allemagne ont une double nationalité, tout simplement parce qu’il est devenu trop difficile de trouver de jeunes Allemands de talent. D’ici quatre ou huit ans, nous aurons des dizaines et des dizaines de joueurs noirs ou latino-américains qui auront un passeport italien. Ce seront les Balotelli [footballeur italien d'origine ghanéenne] du moment.
L’Italie des anciens champions du monde ne pourra plus exister. Elle ne suffira plus. Si nous n’ouvrons pas la porte à l’idée d’un pays différent, nous serons toujours en difficulté.
Les champions du monde en titre ont été éliminés du Mondial après leur défaite face à la Slovaquie. Pour Mario Sconcerti, il est indispensable d'entamer une refonte du football transalpin.
Les champions du monde en titre ont été éliminés du Mondial après leur défaite face à la Slovaquie. Pour Mario Sconcerti, il est indispensable d'entamer une refonte du football transalpin.
C'est ainsi que tout se termine avec les vuvuzelas qui soufflent leur mélancolie, presque comme un tango, et la conscience définitive de n’avoir jamais compris ce qu’il se passait. Marcello Lippi, l'entraîneur de l'équipe italienne, a tort. L'explosion de l’Italie face à la Slovaquie, hier, n’avait rien d’inattendu. L’Italie n’est jamais vraiment entrée dans la partie. Il n’y avait pas d’équipe, pas d’articulation, pas d’équilibre entre les expériences de chacun ni de qualité technique. Elle n'avait pas de personnalité. Et tout cela avait déjà été dit. Mais Lippi, par conscience professionnelle, a toujours tout couvert, et ce fut là sa véritable erreur. Il est évident que le gouffre entre ce qu’il exigeait et ce que l’équipe pouvait lui donner était infranchissable. Mais on pensait qu’il en était conscient, qu’il voulait tenter l’impossible. En réalité, lui aussi y croyait dur comme fer.
Frappé d’un petit syndrome d’omnipotence, Marcello Lippi supposait que ses talents d’entraîneur, conjugués à la frénésie du Mondial, suffiraient à contrebalancer d’une façon ou d’une autre la médiocrité du jeu, voire à renverser la situation. C’est cela, le problème : il n’y était pas. L’équipe n’a jamais existé, nous l’avons répété assez souvent. Elle semblait en mesure de passer le premier tour, montrer quelque chose d’honorable, mais rien de plus. La différence aurait dû venir de Marcello Lippi, mais ce fut finalement le premier à chuter. La conséquence, c’est le plus grand désastre de l’histoire du football italien. Une élimination avec seulement deux points, aucune victoire, c’est encore pire que face à la Corée du Nord, il y a 44 ans. À l’époque, le football ne dépassait pas les frontières, les adversaires étaient tous méconnus et les télévisions n’étaient pas là pour vulgariser la science du jeu. Aujourd’hui, on assiste au résultat d’un mouvement. Ce n’est pas l’échec d’une expédition isolée, mais le présage d’un type de football italien qui touche à sa fin. La déroute de Lippi, aussi grave et imprévue soit-elle, restera toutefois dans les annales comme un monumental accident de parcours. Limiter la discussion à l’Afrique du Sud ou au match contre la Slovaquie reviendrait à ne pas voir plus loin que le bout de son nez. Le vrai problème, c’est ce que nous sommes en train de devenir.
Depuis quatre ans, l’Italie a perdu la Juventus, sa plus grande richesse. Je n’en fais pas une guerre sainte, juste un rappel historique. L'équipe nationale n’a jamais pu s'appuyer sur l’Inter Milan, qui ne compte aucun Italien depuis bien longtemps. L’AC Milan et la Roma jouent en terrain connu et n’apportent rien de nouveau. En revanche, les dernières Coupes du monde confirment l’avènement des grandes nations sud-américaines. Ces dix dernières années, plus de 5 000 Brésiliens et autant d’Argentins ont quitté leur pays pour découvrir le football mondial. Les Uruguayens suivent de près. Cela signifie que les sélectionneurs brésiliens ou argentins peuvent choisir parmi des centaines de joueurs, tandis que les Italiens ou les Anglais n’en ont qu’une trentaine ou quarantaine à disposition. Ce n’est pas un hasard si la moitié des joueurs de l’équipe d’Allemagne ont une double nationalité, tout simplement parce qu’il est devenu trop difficile de trouver de jeunes Allemands de talent. D’ici quatre ou huit ans, nous aurons des dizaines et des dizaines de joueurs noirs ou latino-américains qui auront un passeport italien. Ce seront les Balotelli [footballeur italien d'origine ghanéenne] du moment.
L’Italie des anciens champions du monde ne pourra plus exister. Elle ne suffira plus. Si nous n’ouvrons pas la porte à l’idée d’un pays différent, nous serons toujours en difficulté.