La visite du Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, à Nouakchott, sur invitation de son homologue mauritanien Mokhtar Ould Ajay, intervient dans un contexte marqué par une crise sous-jacente que Nouakchott refusait d’admettre et que Dakar cherchait à camoufler. Après que les informations faisant état d’un tumulte relationnel ont circulé, le Premier ministre sénégalais a été invité à la hâte par son homologue mauritanien afin de masquer ces tensions. Cependant, cette visite avait également pour objectif de montrer à l’opinion publique qu’il n’y avait pas de tensions entre les deux pays. Mais, en fin de compte, cette visite a plus que confirmé ce qui avait été révélé par une presse bien informée, plutôt que d’occulter ce tumulte. Cette tension, perceptible lors de la dernière visite du président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani à Dakar, a éclaté au grand jour lors du déplacement du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye en Mauritanie. Ces événements ont mis en lumière les divergences persistantes entre les deux pays, notamment autour du projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA).
Ousmane Sonko entend « mettre les pendules à l’heure » en clarifiant les attentes du Sénégal. Il cherche également à éclaircir les zones d’ombre laissées par l’ancien président Macky Sall, dont la gestion opaque du dossier a alimenté les incompréhensions. Selon des sources bien informées, Dakar déplore le manque d’engagement de Nouakchott. De même, des sources concordantes indiquent que la Mauritanie ne jouerait pas pleinement son rôle de partenaire, laissant le Sénégal assumer l’essentiel des efforts diplomatiques et techniques, y compris les négociations rudes et le bras de fer avec les partenaires du projet, BP et Kosmos Energy.
L’un des points de friction réside dans l’héritage laissé par l’ancien président sénégalais Macky Sall concernant ce dossier. Les dessous-de-table dans le cadre des accords conclus sous son mandat, notamment en ce qui concerne la partie mauritanienne, ont laissé planer un flou préjudiciable à la confiance mutuelle. Un flou que le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani semble avoir épousé, ce qui n’a fait qu’accentuer les frustrations du côté sénégalais.
Un nouveau départ dans la coopération sous une cacophonie
Signe de l’importance stratégique de cette visite, Ousmane Sonko était accompagné d’une délégation ministérielle conséquente. Pourtant, malgré cette présence massive, aucun accord global n’a été signé, à l’exception d’un accord entre les ministres de l’Énergie et du Pétrole des deux pays, Mohamed Ould Khaled et Birame Soulèye Diop. Le comble est que cette visite a également été l’occasion pour certaines parties présentes d’attirer l’attention du Premier ministre Sonko sur leur appartenance au pays de la teraanga.
Le comble, c’est que le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a remis la médaille de Commandeur de l’ordre national du lion à l’homme d’affaires Mohamed Bouamatou, une distinction que l’AMI (Agence Mauritanienne d’Information) n’a pas jugé pertinent de mentionner. Au contraire, l’AMI a attribué cette reconnaissance au chef du patronat mauritanien, Zein Abidine, qui avait pourtant reçu un grade inférieur, celui d’Officier.
Aucun accord de coopération n’a été signé ou renforcé, que ce soit dans les domaines de l’enseignement, de la culture ou même de la sécurité. Même en ce qui concerne la circulation des biens et des personnes, rien n’a été concrétisé. Les problèmes liés aux cartes de résidence de la communauté sénégalaise en Mauritanie restent entiers, et Sonko est reparti avec les mêmes promesses faites à son prédécesseur.
Ce détail révélateur montre que la visite du Premier ministre sénégalais reposait essentiellement sur la relance du projet GTA et la clarification des responsabilités de chaque partie dans ce partenariat gazier, qui constitue la pomme de discorde. Les négociations, ainsi que le bras de fer avec les multinationales BP et Kosmos Energy, ont mis en évidence les tensions persistantes.
L’un des éléments importants envisagés dans le cadre de cette coopération, la création d’un Secrétariat Permanent Mauritano-Sénégalais, attendait une rencontre de ce niveau pour être acté. Pourtant, il a été lui aussi renvoyé au calendrier grec, selon le communiqué final. Cette absence de décision illustre le manque de volonté politique à concrétiser les engagements pris.
Un tête-à-tête qui en dit long
S’il y a un élément tangible à retenir de cette visite, ce sont bien les accords signés entre les deux ministres de l’Énergie et le tête-à-tête accordé par le président Ghazouani au Premier ministre Sonko. Ce dernier a d’ailleurs souligné de façon explicite qu’après avoir été reçu avec sa délégation, le président mauritanien lui a fait l’honneur d’un entretien en aparté. Selon ses propres mots, ils ont « traversé toutes les thématiques liées à leur coopération ». Un tête-à-tête qui s’est déroulé en l’absence du Premier ministre Mokhtar Ould Ajay, ce qui en dit long sur la nature des discussions et la volonté de Ghazouani de traiter directement avec Sonko, considéré comme la clé de voûte de cette relation.
Cette volonté du président Ghazouani de court-circuiter les canaux diplomatiques traditionnels et les protocoles étatiques pour s’adresser directement à un Premier ministre, invité de son homologue, soulève plusieurs questions. Elle envoie également un message fort de considération. Selon des sources bien informées, plusieurs sujets ont été abordés lors de ce tête-à-tête, et des messages ont été adressés au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye via son homme de confiance, Ousmane Sonko.
Il faut souligner que les déclarations de Sonko, bien avant son accession au pouvoir, ont laissé Ghazouani méfiant. Par ailleurs, Ghazouani serait également monté contre le jeune président sénégalais, qu’il estime ne pas avoir suffisamment respecté le droit d’aînesse, une valeur importante dans la tradition africaine.
Une délégation en mode « touriste » ?
Les autres ministres accompagnant Ousmane Sonko semblaient, quant à eux, être en visite touristique plutôt qu’en mission diplomatique. Leur présence n’a pas abouti à des résultats concrets, ce qui pourrait valoir à Ousmane Sonko d’être demandé de comptes par les « patriotes », qui attendent des actions tangibles et non des déplacements symboliques.
En tout état de cause, selon les observateurs, si les relations de coopération et diplomatiques semblent être relancées, le communiqué sanctionnant les termes de la visite n’est que de la littérature. Les déclarations d’intention et les promesses de coopération y abondent, mais l’essentiel des questions cruciales est renvoyé à un « calendrier grec », c’est-à-dire à des discussions futures sans échéance précise. Cela laisse planer un doute sur la volonté réelle des deux parties à résoudre rapidement les différends.
Une dimension symbolique forte
Au-delà des questions techniques et économiques, cette visite revêt une dimension symbolique forte. Elle témoigne de la volonté des deux pays de ne pas laisser les divergences s’envenimer et de privilégier le dialogue pour résoudre les différends. En invitant Ousmane Sonko, les autorités mauritaniennes cherchaient également à rétablir un climat de confiance et à insuffler une nouvelle énergie dans les relations entre les deux pays.
Cependant, les défis restent importants. Le Sénégal, de son côté, pourrait avoir ses propres griefs ou priorités stratégiques dans le cadre de cette coopération, qu’il faudra prendre en compte pour parvenir à une vision commune. La réussite de cette visite dépendra donc de la capacité des deux parties à faire preuve de pragmatisme et à surmonter les obstacles hérités du passé.
MN
Source:https://pointschauds.info
Ousmane Sonko entend « mettre les pendules à l’heure » en clarifiant les attentes du Sénégal. Il cherche également à éclaircir les zones d’ombre laissées par l’ancien président Macky Sall, dont la gestion opaque du dossier a alimenté les incompréhensions. Selon des sources bien informées, Dakar déplore le manque d’engagement de Nouakchott. De même, des sources concordantes indiquent que la Mauritanie ne jouerait pas pleinement son rôle de partenaire, laissant le Sénégal assumer l’essentiel des efforts diplomatiques et techniques, y compris les négociations rudes et le bras de fer avec les partenaires du projet, BP et Kosmos Energy.
L’un des points de friction réside dans l’héritage laissé par l’ancien président sénégalais Macky Sall concernant ce dossier. Les dessous-de-table dans le cadre des accords conclus sous son mandat, notamment en ce qui concerne la partie mauritanienne, ont laissé planer un flou préjudiciable à la confiance mutuelle. Un flou que le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani semble avoir épousé, ce qui n’a fait qu’accentuer les frustrations du côté sénégalais.
Un nouveau départ dans la coopération sous une cacophonie
Signe de l’importance stratégique de cette visite, Ousmane Sonko était accompagné d’une délégation ministérielle conséquente. Pourtant, malgré cette présence massive, aucun accord global n’a été signé, à l’exception d’un accord entre les ministres de l’Énergie et du Pétrole des deux pays, Mohamed Ould Khaled et Birame Soulèye Diop. Le comble est que cette visite a également été l’occasion pour certaines parties présentes d’attirer l’attention du Premier ministre Sonko sur leur appartenance au pays de la teraanga.
Le comble, c’est que le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a remis la médaille de Commandeur de l’ordre national du lion à l’homme d’affaires Mohamed Bouamatou, une distinction que l’AMI (Agence Mauritanienne d’Information) n’a pas jugé pertinent de mentionner. Au contraire, l’AMI a attribué cette reconnaissance au chef du patronat mauritanien, Zein Abidine, qui avait pourtant reçu un grade inférieur, celui d’Officier.
Aucun accord de coopération n’a été signé ou renforcé, que ce soit dans les domaines de l’enseignement, de la culture ou même de la sécurité. Même en ce qui concerne la circulation des biens et des personnes, rien n’a été concrétisé. Les problèmes liés aux cartes de résidence de la communauté sénégalaise en Mauritanie restent entiers, et Sonko est reparti avec les mêmes promesses faites à son prédécesseur.
Ce détail révélateur montre que la visite du Premier ministre sénégalais reposait essentiellement sur la relance du projet GTA et la clarification des responsabilités de chaque partie dans ce partenariat gazier, qui constitue la pomme de discorde. Les négociations, ainsi que le bras de fer avec les multinationales BP et Kosmos Energy, ont mis en évidence les tensions persistantes.
L’un des éléments importants envisagés dans le cadre de cette coopération, la création d’un Secrétariat Permanent Mauritano-Sénégalais, attendait une rencontre de ce niveau pour être acté. Pourtant, il a été lui aussi renvoyé au calendrier grec, selon le communiqué final. Cette absence de décision illustre le manque de volonté politique à concrétiser les engagements pris.
Un tête-à-tête qui en dit long
S’il y a un élément tangible à retenir de cette visite, ce sont bien les accords signés entre les deux ministres de l’Énergie et le tête-à-tête accordé par le président Ghazouani au Premier ministre Sonko. Ce dernier a d’ailleurs souligné de façon explicite qu’après avoir été reçu avec sa délégation, le président mauritanien lui a fait l’honneur d’un entretien en aparté. Selon ses propres mots, ils ont « traversé toutes les thématiques liées à leur coopération ». Un tête-à-tête qui s’est déroulé en l’absence du Premier ministre Mokhtar Ould Ajay, ce qui en dit long sur la nature des discussions et la volonté de Ghazouani de traiter directement avec Sonko, considéré comme la clé de voûte de cette relation.
Cette volonté du président Ghazouani de court-circuiter les canaux diplomatiques traditionnels et les protocoles étatiques pour s’adresser directement à un Premier ministre, invité de son homologue, soulève plusieurs questions. Elle envoie également un message fort de considération. Selon des sources bien informées, plusieurs sujets ont été abordés lors de ce tête-à-tête, et des messages ont été adressés au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye via son homme de confiance, Ousmane Sonko.
Il faut souligner que les déclarations de Sonko, bien avant son accession au pouvoir, ont laissé Ghazouani méfiant. Par ailleurs, Ghazouani serait également monté contre le jeune président sénégalais, qu’il estime ne pas avoir suffisamment respecté le droit d’aînesse, une valeur importante dans la tradition africaine.
Une délégation en mode « touriste » ?
Les autres ministres accompagnant Ousmane Sonko semblaient, quant à eux, être en visite touristique plutôt qu’en mission diplomatique. Leur présence n’a pas abouti à des résultats concrets, ce qui pourrait valoir à Ousmane Sonko d’être demandé de comptes par les « patriotes », qui attendent des actions tangibles et non des déplacements symboliques.
En tout état de cause, selon les observateurs, si les relations de coopération et diplomatiques semblent être relancées, le communiqué sanctionnant les termes de la visite n’est que de la littérature. Les déclarations d’intention et les promesses de coopération y abondent, mais l’essentiel des questions cruciales est renvoyé à un « calendrier grec », c’est-à-dire à des discussions futures sans échéance précise. Cela laisse planer un doute sur la volonté réelle des deux parties à résoudre rapidement les différends.
Une dimension symbolique forte
Au-delà des questions techniques et économiques, cette visite revêt une dimension symbolique forte. Elle témoigne de la volonté des deux pays de ne pas laisser les divergences s’envenimer et de privilégier le dialogue pour résoudre les différends. En invitant Ousmane Sonko, les autorités mauritaniennes cherchaient également à rétablir un climat de confiance et à insuffler une nouvelle énergie dans les relations entre les deux pays.
Cependant, les défis restent importants. Le Sénégal, de son côté, pourrait avoir ses propres griefs ou priorités stratégiques dans le cadre de cette coopération, qu’il faudra prendre en compte pour parvenir à une vision commune. La réussite de cette visite dépendra donc de la capacité des deux parties à faire preuve de pragmatisme et à surmonter les obstacles hérités du passé.
MN
Source:https://pointschauds.info