Nomination controversée d’un général impliqué dans les événements tragiques de 1989-1990 : une insulte aux victimes



Le 26 décembre 2024, la Mauritanie a franchi une nouvelle étape dans la controverse en nommant le général de division Brahim Vallée Ould Cheibany, un ancien capitaine accusé de torture et d'exactions pendant les événements de 1989-1990, au poste de chef d’état-major particulier du président de la République. Cette nomination soulève une vague d’indignation parmi les familles des victimes, les rescapés, et les défenseurs des droits humains, qui y voient un affront à la mémoire des militaires noirs mauritaniens assassinés durant cette sombre période de l’histoire du pays.

Selon les témoignages des survivants, Brahim Vall Ould Cheibany, alors capitaine, serait directement responsable de la mort de plusieurs militaires noirs mauritaniens lors des purges ethniques et des violences exercées par l’armée mauritanienne à la fin des années 1980. Ces événements, qui ont vu des milliers de Mauritaniens noirs expulsés, torturés ou tués, restent à ce jour un traumatisme collectif non résolu.

Malgré des appels incessants à la justice et à la réconciliation nationale, l'impunité continue de prévaloir. La nomination de figures controversées comme Brahim Vall Ould Cheibany témoigne d’un mépris apparent pour les souffrances des victimes et leurs familles.


Le président Mohamed Ould Ghazouani semble s’entourer de figures associées à ces violations des droits humains. En août dernier, il avait déjà suscité la controverse en nommant Mouhamed Bamba Ould Meguett, un autre militaire accusé de tortures et de la mort du lieutenant Tambadou Amadou, à la présidence de l’Assemblée nationale. Ces décisions viennent renforcer un sentiment de marginalisation et d’injustice parmi les communautés noires mauritaniennes.

Pour les observateurs, ces nominations traduisent une stratégie de consolidation du pouvoir en s’appuyant sur des figures de l’appareil militaire controversées, mais fidèles. Cependant, elles compromettent sérieusement les efforts de réconciliation et le respect des engagements internationaux de la Mauritanie en matière de droits humains.


Pour les victimes et leurs familles, ces décisions constituent une nouvelle humiliation. Elles rappellent que leurs souffrances et leurs appels à la justice sont ignorés par les autorités. Des organisations de la société civile et des défenseurs des droits humains ont dénoncé ces nominations comme une insulte à la mémoire des disparus et un obstacle à la construction d’une société plus juste.

"Nous ne pouvons pas bâtir un avenir stable en glorifiant des figures impliquées dans des crimes contre l'humanité", déclare un rescapé des purges militaires. "Le président insulte nos morts et méprise les survivants."

Quelles perspectives pour la justice en Mauritanie ?

Alors que les appels à une enquête indépendante sur les crimes des années 1989-1990 se multiplient, les autorités semblent s’enfermer dans une logique de déni et d’impunité. Les nominations controversées de personnalités comme Brahim Vall Ould Cheibany et Mouhamed Bamba Ould Meguett renforcent la perception d’un système qui privilégie les anciens bourreaux au détriment des victimes.

Les organisations internationales et les partenaires étrangers de la Mauritanie sont appelés à prendre position face à cette dérive. Sans pression extérieure, le processus de justice et de réconciliation risque de rester un mirage, condamnant les victimes et leurs familles à un éternel silence.

En l’absence de reconnaissance officielle et de réparation, la douleur des victimes et la fracture sociale qu’elle engendre continueront de hanter la Mauritanie. La mémoire des événements de 1989-1990 mérite mieux que le mépris institutionnalisé.

Abou SARR

Mardi 31 Décembre 2024
Boolumbal Boolumbal
Lu 362 fois



Recherche


Inscription à la newsletter