Forum
Le poids des évènements de 1989 sur la Mauritanie Dia Ibrahima Aly dit Yaaya Maabel
TEMOIGNAGE SUR LES DEPORTATIONS EN MAURITANIE 1989 CAS DU TAGANT
La déportation est l’action d’obliger quelqu’un, le plus souvent un groupe de personnes, de quitter son habitat, son territoire ou son pays. Dans le droit français, la déportation occupe la troisième place après la peine de mort et les travaux forcés à perpétuité pour sanctionner ceux qui ont commis des crimes contre la sûreté de l’état ; dans certains cas, la déportation a pour objectif la destruction physique notamment dans le génocide des Arméniens, des Juifs et des Tsiganes. C’est cette destruction physique que visaient les déportations en Mauritanie dont les victimes ne sont coupables d’aucun crimes ; sinon d’être nés noirs et de vouloir le rester. Le prétexte que prirent les autorités mauritaniennes fut un banal incident entre éleveurs mauritaniens et paysans sénégalais qui malheureusement dégénéra occasionnant des conséquences incalculables, dont les journées macabres à Dakar puis à Nouachott qui resteront à jamais inoubliables : Des massacres et pillages biens eurent lieu des deux côtés. Les sénégalais en Mauritanie furent l’objet de rapatriement chez eux. La communauté internationale découvrit avec surprise et stupeur que la Mauritanie, lors du rapatriement des rescapés sénégalais déportait en même temps plusieurs dizaines de milliers de ses citoyens noirs au Sénégal et au Mali (Peuls, Wolofs, Bamanan et Soninko) Les différents recensements du HCR à leur sujet avancent des chiffres oscillant entre 65 000 et 70 000 au Sénégal, et 10 000 et 15 000 au Mali. Dans des villes comme Nouakchott Nouadhibou des fonctionnaires, des ouvriers furent arrêtés dans leur lieu de travail, certains furent détenus arbitrairement avant d’être déportés, d’autres le furent directement, laissant derrière eux leurs familles entières (conjoints(es), enfants, pères, mères, etc.) A l’intérieur du pays, un autre mode opératoire minutieusement planifié fut exécuté par des gouverneurs qui rivalisèrent de zèle, de brutalité et de haine contre de paisibles citoyens. Des militaires, des gendarmes et autres milices armées encerclent les villages. Les hommes sont triés et conduits très loin hors du village, où ils seront torturés et humiliés avant d’être conduits au fleuve (la frontière) pour se retrouver au Sénégal. Les femmes et les enfants séquestrés un ou deux jours durant, à la merci de leurs bourreaux, subissent viols et violence avant de connaître le même sort que les hommes. Dans un article écrit par feu Sennen ANDRIAMIRADO paru dans Jeune Afrique n° 1487, juillet 1989 on peut lire : « un vieillard montrer sa carte d’identité nationale mauritanienne et raconte. Des soldats haratines commandés par des Beydanes sont venus nous réveiller à 2 heures du matin. Ils ont rassemblé tous les habitants à la maison communautaire. Les bijoux des femmes et des jeunes filles ont été arrachés ; on nous a demandé nos papiers pour vérification d’identité, puis ils les ont déchirés. Tous les hommes ont été déshabillés complètement .A 4heures du matin on nous a embarqués dans des camions jusqu’à environ 70 km de notre village. Là on nous a fait monter dans des pirogues pour nous faire traverser le fleuve, à un endroit où il n’y avait pas, de l’autre côté des villages sénégalais. Les jeunes ont voulu résister, ils ont été tabassés». Il écrit plus loin , « tous les soirs des centaines de nouveaux arrivants , cette fois exclusivement des Négro-mauritaniens « déportés » débarquent dans les villages sénégalais des départements de Dagana, Podor, Matam et Bakel ;certains ont franchi le fleuve en pirogues, d’autres à gué ou à la nage. ». Dans la région de Tagant, le gouverneur a procédé autrement, ce que nous expliquerons à travers notre témoignage qui est aussi celui de nos compagnons d’infortune. Tous les fonctionnaires noirs qui servaient au Tagant en 1989 furent déportés au Sénégal. Après l’expulsion des sénégalais, nous, noirs non haratines fûmes convoqués et parqués deux jours durant à l’escadron de la garde nationale à Tidjikja pour vérifier notre nationalité par une commission composée : du gouverneur de la région du directeur de sûreté régionale du commandant de la région militaire du chef de brigade de la gendarmerie du chef de brigade de la garde régionale. Devant cette commission, il fallait présenter tous nos papiers d’état civil : Acte de naissance Carte d’identité nationale Certificat de nationalité Diplômes Ensuite répondre à une série de questions dont : -Quelle est votre position par rapport au conflit qui oppose la Mauritanie au Sénégal ? -Est-ce que vous avez de la famille au Sénégal ? --Est-ce que dans le passé vous avez eu à faire des séjours au Sénégal ? -Qu’est ce que vous connaissez des FLAM, -Connaissez-vous les officiers putschistes de 1987 ? Nous fûmes tous libérés mais nos papiers confisqués. Notre répit fut de très courte durée. Le directeur régional de la sureté et son adjoint tous noirs (peuls) furent arrêtés et envoyés à Nouakchott. Alors, les arrestations et détentions de tous les fonctionnaires noirs reprirent. A la date du 25 mai 1989, tous les négro mauritaniens étaient détenus et ramenés à Tidjikjat au commissariat de police et en prison où nous sommes restés pendant 4 jours avant le grand rassemblement des familles qui annonçait la déportation. Dans la nuit du 28 mai 1989, des camions bennes furent envoyés à nos domiciles pour embarquer nos familles, ne leur laissant rien prendre (comme les hommes), sauf les vêtements qu’elles portaient. Au petit matin, lorsqu’on nous sortit de nos cellules c’est pour les rejoindre pour une destination inconnue. Au sortir de Tidjikja, notre convoi fit une halte dans une cuvette où nous attendaient toutes les autorités de la région, le gouverneur à leur tête. Avec une brutalité bestiale, les gardes nous firent descendre pour une fouille systématique et humiliante ; ils nous reprirent tout, jusqu’à nos bagues. Lorsque notre convoi reprit la route, les militaires, gendarmes et gardes lourdement armés pour nous escorter étaient plus nombreux que nous. Entassés comme du bétail, nous endurâmes les difficultés du voyage (on était des cibles des villages que nous traversions ; insultes, jets de pierres)jusqu’au lendemain à midi, pour arriver à Boghé où nous fûmes accueillis par des gardes et des policiers, plus hargneux, plus zélés. Furieux et déçus de n’avoir rien trouvé sur nous à reprendre après une dernière fouille, ils obligèrent certains à échanger leurs habits encore en bon état contre des haillons repris de ceux qui nous ont précédés.. Des armes braquées sur nous, sans chaussures alors que la température dépassait les 50 degrés à l’ombre) nous fûmes conduits comme du bétail au fleuve. De la rive sénégalaise, des piroguiers nous voyant arriver, nous apportèrent des pirogues pour nous faire traverser le fleuve. Les habitants du village sénégalais de DEMETH nous accueillirent spontanément et chaleureusement, nous faisant oublier le calvaire que venions de vivre. C’était le 30 mai 1989 à 13heures. Ce sera pour certains d’entre nous un aller sans retour .Ils seront nombreux à succomber aux maladies, à la misère, au chagrin de cet exil forcé, emportant dans leur tombe l’espoir d’un retour dans leur patrie parce que c’était à l’espoir que caressaient tous les déportés Au vu de ce qui s’est passé, nous exigeons aux autorités mauritaniennes que ceux qui sont rentrés au pays soient indemnisés à la hauteur du préjudice subi( moral et matériel) et qu’ils retrouvent leur travail en tenant compte des réalités en place. Ce n’est point 2 millions d’ouguiyas qui effaceront la souffrance subie. . Nous voudrions terminer en vous invitant ici , maintenant et pour toujours, d’ avoir pour eux une pensée pieuse, une prière pour que reposent en paix leurs âmes en terres étrangères.. Témoignage de : Messieurs DIA Ibrahima Aly dit Yaaya Maabel et NIANG Amadou Boubou enseignants déportés de Tidjikjat le 30 mai 1989 muezin
Triste vraiment triste comme temoignage mais comment peut ont subir cette imiliation est choisir de vivre sans revanche dire que nous laissons au mains de DIEU Dieu a beaucoup de choses sur ses main c'est porkoi la loi de self defense est creer .
Le probleme de la mauritanie ne se reglera que par un soulevement une rebellion ou un guerela war a nous de choisir a etre des domestique ou des liberateur . Car la liberte ne se donne pas elle s' arrache . joingner notre mouvement le FLS FORCE DE LIBERATION DU SUD Ecrire une réponse
|
|||