Mauritanie – Dialogue politique : Le président va-t-il s’impliquer ?



Le Calame – C’est une des questions qui préoccupent certains acteurs de l’arène politique, après la désignation d’un facilitateur du conclave en gestation. Si le fait de le confier à un homme d’expérience est globalement bien accueilli, l’absence d’un mandat bien clair et, surtout, d’une implication réelle du président de la République restent des préoccupations majeures de ceux de l’opposition qui craignent d’être menés en bateau, comme par le passé.

Pour un dialogue sérieux, inclusif, attaché à des recommandations consensuelles et, par-dessus tout, à leur mise en œuvre, ils demandent que le président de la République s’engage davantage dans le processus. En commençant par s’adresser, solennellement et publiquement, aux acteurs politiques et à la Société civile, en leur rappelant que l’appel à régler les problèmes qui se posent au pays et dont tout le monde parle sans y apporter de solutions émane bien de lui, prouvant ainsi son souci de laisser, au terme de son deuxième et dernier mandat, un pays apaisé. Cette invite solennelle viendra rassurer les acteurs de tous bords.

Deux autres doutes importants

Autres soucis des dubitatifs : la liste des participants et le temps imparti au dialogue. Pour le premier de ces tracas, les expériences précédentes ont prouvé que le nombre démesuré de participants perturbe et même nuit aux débats. Le coordinateur du dialogue a laissé entendre, dans sa première conférence de presse le 7 Avril, qu’il prendrait le temps d’écouter tout celui ou celle capable d’apporter une valeur ajoutée aux discussions. Si cette volonté est traduite dans les faits, la liste des participants devrait être acceptable. Le dialogue ne doit pas être détourné, par les laudateurs et autres extrémistes, de ses objectifs et attentes formulés dans la feuille de route consensuelle. Sur ce point, l’opposition prêtera attention aux propositions de la majorité visant à ménager ses membres mais aussi de son bataillon de la Société civile dont le rôle devrait s’arrêter seulement aux concertations préliminaires. Le coordinateur n’a-t-il pas précisé, dans sa conférence de presse, qu’il était indépendant des chapelles politiques et du gouvernement et que nul ne lui dicterait le nom des participants ni celui de ses collaborateurs ? L’opposition et la presse le prendront au mot.

Quant à la durée des débats, le coordinateur a indiqué que le dialogue prendra « le temps qu’il faudra pour atteindre ses objectifs », conformément à la volonté exprimée par le président de la République qui en est l’initiateur. « Les prochaines élections sont prévues dans quatre ans », a-t-il ajouté. Certains craignent que les discussions ne s’étirent dans le temps et deviennent ainsi une sorte de diversion, un subterfuge pour détourner les Mauritaniens de leurs préoccupations. Or ce pays connaît de sérieux problèmes tournant tous autour de l’unité nationale menacée par le passif humanitaire, l’esclavage et ses séquelles, le faible ancrage de la démocratie et le déficit de bonne gouvernance… Les attentes sont énormes pour les mauritaniens désireux de sortir du déni. Pour d’autres, il n’y pas de problème à ce niveau, bien que le président de la République se soit lui-même engagé, depuis son élection en 2019, à trouver une solution consensuelle à tous les dossiers qui perturbent notre vivre-ensemble.

Enfin des faits au-delà des mots

Le règlement du passif humanitaire traîne à cause d’on ne sait trop quoi et le récent décret instaurant une « Journée nationale de la diversité » signifie que le malaise dans la cohabitation des composantes nationales existe bel et bien. Comme tout le monde le sait, cette diversité ne se manifeste que peu ou dans les media et nombre d’institutions. Une étude de la HAPA menée sous la direction de l’actuel ministre de la Culture, Husseïn Medou, a ainsi prouvé que les radios et télévisions publiques et privées ne respectent pas cette pluralité. C’est donc dire que le déni n’a pas plus sa place ici. Les participants au dialogue auront-t-il le courage, le patriotisme et l’honnêteté intellectuelle de plancher sérieusement sur ces questions afin de parvenir à des recommandations consensuelles dont le président s’engagera à assurer sa mise en œuvre ? On compte beaucoup sur l’organisation du suivi qu’il va falloir impérativement mettre en place. Pourvu que ses membres soient choisis sur des critères objectifs de probité, indépendance et patriotisme ! Faute de quoi, le dialogue risque fort n’aboutir qu’à la copie conforme des précédents…





Dalay Lam

Source:



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Samedi 19 Avril 2025
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