Forum

Passif humanitaire: L'auteur de "l'enfer d'Inal" parle !

 Oumar amadou M'baye
Mardi 29 Novembre 2011

« Je n’aurais jamais pensé qu’un jour je puisse remettre le pays à Inal. Grace à Dieu puis grâce à votre volonté, votre pugnacité, grâce à votre persévérance on est tous là aujourd’hui. Comme l’a dit Madame Sy, c’est une victoire dans le combat pour le rétablissement des droits humains. C’est une victoire, c’est une première étape, j’espère qu’il va y’avoir d’autres victoires encore dans ce sens là. Il y’a 21 ans, des choses se sont produites ici. Il y’a eu des gens qui ont saigné ce pays en travestissant son indépendance la date souveraine de ce peuple. Ces gens, aujourd’hui ont fait du tort à tout le monde. Ils ont fait du tort aux tortionnaires (quand je parle des tortionnaires je parle du camp des tortionnaires et du camp des victimes), ils ont fait du tort aux victimes. Car notre fête d’indépendance n’est plus une fête. Ils ont causé du tort à leurs propres enfants et aux enfants des victimes. J’aime bien à le répéter pour que ça soit entendu par tous. On est tous d’accord que les gens soient responsables de leurs actes et que les enfants des responsables ne sont pas comptables des actes de leurs parents. Si quelqu’un est indexé parce qu’il est fils de l’assassin ou fils du traitre, lui il n’y est pour rien, il n’est pas comptable de l’action commise par son père. Donc on a blessé tous les mauritaniens. Et aujourd’hui, Je ne peux pas dire que je suis heureux, ni que je suis joyeux, Non pas du tout parce qu’il y’a trop de remontés à la surface des scènes que nous avons vécu. Parce qu’il ne s’est pas passé un jour ou une nuit ici ou une seconde ici sans qu’on entend des cris des pleurs où voir quelqu’un qu’on trainait parce qu’il était mort. Ça s’est passé entre le mois de novembre et le mois de décembre, le temps qu’on a passé ici. On est arrivé ici à 250 personnes et il en est reparti d’ici seulement 96 personnes. Les 104 personnes sont restées là. Donc je ne peux pas dire que revenir aujourd’hui ici ça me fait plaisir, pas du tout. Mais je me réjouis de voir qu’il y’a des maures, des haratines, des halpoulars, des soninkés et des wolofs ici. Il y’a tout le monde ici. Ça veut dire qu’on peut reconstruire quelque chose ensemble si on veut. Ça c’est un groupe qui ne fait pas peut être que cent ou trente personnes. Le baobab il est grand mais c’est une petite graine qu’on enterre et qui pousse pour donner l’arbre. Donc, aujourd’hui on a semé ça, qui sait qui verra les récompenses de la moisson, peut être que ce sera nous, si on a de la chance, sinon nos enfants en bénéficieront. Je souhaite que cette action que nous venons de faire, puisse contribuer à la solidarité nationale. Et il ne peut pas y’avoir de cohésion véritable, si ce problème là n’est pas lavé. Il faut qu’on passe sur ce problème et qu’on éclaircisse ce qui a été fait, qu’on se dise la vérité. Les responsables qu’ils soient indexés. S’il y’a des sanctions à faire qu’ils soient sanctionnés. Mais sanction ne veut pas dire vengeance. Car on n’a pas besoin de vengeance. On n’est pas là pour la haine. On ne déteste personne. Moi personnellement je n’ai de la haine pour personne, même pour les personnes qui m‘ont torturé. Mais je suis assoiffé et j’ai faim de justice. Je voudrais que la victime puisse venir ici libre se recueillir sur le lieu sans avoir à subir tous les contrôles lorsqu’on venait ici. J’admire votre courage, j’admire cette ténacité parce que vous avez bravé les barrières des policiers, des gendarmes, et vous êtes venus jusqu’à là. Il faut que cela puisse se reproduire chaque fois et que nous soyons encore plus nombreux les années suivantes. Je reviendrai sur un petit détail, mais je ne reviens pas sur le 28 novembre pour ne pas ouvrir certaines blessures. Ce qu’il faut savoir, est que les gens ont tous rasé ici, il n’y a plus rien. Ces digues que vous voyez là-bas il y’a des briques cassées qui constituaient la caserne. Ils ont tout poussé pour en faire un terrain de football. Mais c’est la qu’il y’avait la caserne, la base. Ils ont tout démoli pour que la mémoire ne reste pas. Mais avec des gens comme vous, il faut être sûr que rien ne sera oublié. Rien ne sera oublié, ne veut pas dire que rien ne sera pas pardonné. Ça peut se pardonner parce que nous avons une chose en commun. Nous avons une patrie commune. Parce que le fait de voir ici des maures qui ne sont pas là avec un truc pour torturer, le fait de voir des harratines qui ne sont pas là avec des trucs pour torturer, le fait de voir tout le monde est là, pour se donner la main et réclamer justice, ça me va droit au cœur. Je vous remercie au nom de tous ceux qui sont couchés autour d’ici. »
Mr Mahamadou SY

Votre nom :


Votre email :
 (non publié)


Message
Balise embed   Annuler ou
Votre vidéo sera affichée en dessous de votre post.