C’était le 10 juillet 1978. Pas un seul coup de feu n’allait être tiré. Pas un seul civil n’allait protester. Le fruit était-il si mûr ? L’Armée mauritanienne allait s’emparer du pouvoir comme le public d’une scène de théâtre au dernier acte. Les principaux membres du gouvernement sont neutralisés à l’aube, au pied du lit, en pyjama pour la plupart. Moktar Ould Daddah qui allait quelques heures plutôt se rendre à Khartoum n’oppose aucune résistance, mettant ainsi fin à 18 ans de règne, ponctué de hauts et de bas. S’ouvrait alors un interminable ballet de vrais et de faux coups d’Etat, de révolution de palais et de conspiration des bottes. Les comités militaires de redressement et les comités de salut national allaient faire une entrée fracassante dans le vocabulaire du mauritanien, en même temps que des noms mythiques comme Moustapha Ould Mohamed Salek, Ould Louli, Mohamed Khouna Ould Haiddalah, Maaouiya Ould Sidi Ahmed Taya . Ils auront tous leur quart de gloire au fronton d’un Etat deçu par les civils et qui voyait son salut en kaki. Pourquoi donc Mocktar Ould Daddah a su facilement passé le témoin ? Son règne restera marqué par la nationalisation de la Miferma devenu SNIM (le Directeur général de cette institution sera le premier à faire allégeance aux militaires), de loin l’un des actes les plus fondateurs de notre indépendance et, à bien des égards, par l’aventurisme. Le point le plus culminant de cet aventurisme constitua la Guerre du Sahara. La Mauritanie allait y engloutir âmes et biens au prix de mille sacrifices dont les séquelles subsistent toujours. Pour de nombreux témoins de cette époque, ce conflit allait saper le pouvoir de Daddah. A peine deux jours après sa déposition, le Polisario déclara un cessez le feu unilatéral vis-à-vis de la Mauritanie. C’était le 12 juillet 1978. L’une des choses les plus étonnantes sera le respect témoigné par la suite envers le président Daddah. Respect tant des militaires qui l’ont déposé, que de l’OUA, de Paris, de Rabat et d’Alger. Notons que l’armée s’était engagé, dès la première conférence du nouvel homme fort, à remettre le pouvoir dans les plus brefs délais. Hélas, l’avenir nous confirmera bien du contraire.
M.S
Source: Mauritanies1
M.S
Source: Mauritanies1