Partira ne partira pas, finalement le Pr Cheikh Saad Bouh Kamara a cédé sa place de président de la Céni à Sid’Ahmed Ould Dey proche, semble t-il, du RFD après que des oppositions se soient manifestées contre le maintien de l’ancien président de l’auguste structure électorale.
La révision des membres de la Céni est intervenue après que les trois pôles politiques aient surmonté leurs différends sur sa composition définitive de manière consensuelle lors d&rsquoune séance du conseil des ministres tenues la semaine écoulée. Le Vice-président de la Ceni, Hamdi Ould Mahjoub conserve son poste alors que le bâtonnier de l&rsquoordre national des avocats, Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeiny a été nommé au poste de deuxième Vice-président. Sid&rsquoAhmed Ould Dey à la tête de la Céni, les deux pôles RFD-FNDD opposé au coup d&rsquoétat, qui contrôlent déjà les Ministères de l&rsquoIntérieur, des Finances, de la Communication et de la Défense Nationale qui sont des postes déterminants dans l&rsquoorganisation de cette présidentielle du 18 juillet, a la lourde tâche de déclarer transparente, libre et démocratique l&rsquoélection présidentielle du 18 juillet prochain quelqu&rsquoen soit le gagnant y compris leur propre ennemi juré Mohamed Ould Abdel Aziz. Un défi que voulait relever Cheikh Saad Bouh Kamara mais ses adversaires dans les milieux politiques du FNDD n&rsquoen étaient pas convaincus pensant qu&rsquoil a joué les mauvais rôles dans la crise politique. Le milieu indexé par la société civile est un parti politique où, clame t-on, un des responsables politique de haut niveau a tenu coûte que coûte à régler des comptes personnels qui n&rsquoauraient rien à voir avec la politique. L&rsquoancien président de la Céni n&rsquoest pas la seule victime de la révision des membres de la Céni.
On s&rsquoest servi, vive la Céni !
A l&rsquoexception de quelques membres tous les autres ont été enlevés et remplacés par des politiques évoluant dans les différents camps. La société civile, même celle qui s&rsquoest opposée au coup d&rsquoétat, n&rsquoa pas vu un seul de ses membres cooptés. Chaque camp a mis ses quatre membres. C&rsquoest ainsi qu&rsquoa été réglé le compte de la Céni. Son indépendance est non seulement sujette à caution, mais le plus cocasse est qu&rsquoelle ressemble désormais à un panier à crabes où on aura plus à s&rsquoétriper, s&rsquoinsulter et à se contester mutuellement. A situation exceptionnelle, solution écornée, disions nous, parce que la composition de la Céni viole les dispositions de l&rsquoarticle 4 de l&rsquoordonnance n° 2005-012 portant institution de la Commission Nationale Electorale Indépendante qui dit : « ne peuvent être membres de la Céni ou de ses structures : les membres du gouvernement les magistrats en activité les personnes exerçant un mandat électif les autorités administratives les membres des cabinets ministériels les personnes inéligibles en vertu de la loi électorale les candidats aux élections contrôlées par la Céni les membres des instances dirigeantes des partis ou groupements politiques, les membres des forces armées et de sécurité. Il en est également de même, précise l&rsquoarticle, des conjoints des candidats à la présidence de la République des ascendants et descendants ainsi que les parents et alliés en ligne collatérale jusqu&rsquoau deuxième degré des candidats à la présidence de la République. Comprenne qui pourra alors la composition actuelle de la Céni. En tout cas, on a sacrifié neutralité sur l&rsquoautel de la politique politicienne. Car le Pr Cheikh Saad Bouh Kamara est non seulement reconnu pour ses compétences avérées, mais c&rsquoest aussi un homme discret et pondéré qu&rsquoil convenait de maintenir à la présidence de la Céni. Malheureusement des règlements de comptes personnels l&rsquoont fait quitter.
Ces partis politiques qui plaident la démocratie qu&rsquoils disent défendre contre vents et marées oublient de balayer devant leur propre porte. Depuis que ces formations politiques existent, ce sont les mêmes qui sont au commande. L&rsquoalternance qu&rsquoils réclament pour diriger le pays, ils ne veulent pas l&rsquoentendre au sommet de leur parti. Les textes, règlements et autres sont violés au besoin. Les congrès qu&rsquoon tient çà et là à l&rsquooccasion pour renouveler bureau politique, conseil national sont toujours entachés de fraudes et de manipulations en tout genre pour se maintenir. Autant la constitution limite les mandats à la présidence du pays, autant les partis doivent penser à introduire dans leur texte des dispositions limitant les mandats à la tête de leur formation. De la sorte, notre démocratie franchira un grand pas déjà dans la bonne direction. Le roi est mort, vive le roi !
Moussa Diop
Source: Le quotidien