Abus contre les travailleurs domestiques



Abus contre les travailleurs domestiques
Les travailleurs domestiques sont confrontés à un vaste éventail d’abus très graves et sont systématiquement exploités au travail. Les principaux abus dont ils sont victimes incluent : des abus physiques et sexuels, la séquestration, le non-paiement de leurs salaires, la privation de nourriture et de soins médicaux, des heures de travail excessivement longues sans journée de repos.


Face à cette problématique, la Confédération générale des travailleurs de Mauritanie (CGTM) en collaboration avec la Confédération Syndicale Internationale (CSI) a organisé un atelier de partage sur le travail des femmes migrantes domestiques du 12 au 13 septembre 2009 dans les locaux du Centre de Guide pour la Migration à Nouakchott. L’atelier regroupe 25 femmes originaires d’organisations de 8 pays de la sous région (Mauritanie, Mali, Sénégal, Gambie Burkina Faso, Guinée Conakry, Guinée-Bissau et Côte d’Ivoire). Il a pour finalité d’édifier sur les filières de migration, d’étudier les différentes formes de travail forcé en Mauritanie et de mettre en place un comité de veille. Ce comité, signalons-le, a été mis sur pied composé d’une représentante et d’une personne ressource par pays.
Il est à noter qu’au cours de cet atelier de partage durant lequel deux communications ont été présentées, les participantes ont eu à échanger des expériences.

Témoignages poignants

Binta Barry, 25 ans


«C’est le travail le plus dégradant»

Binta Barry, 25 ans, est une fille originaire de Guinée Conakry. Elle est arrivée à Nouakchott en fin 2007. Son histoire, elle a eu du mal à la raconter, éclatant en sanglot à chaque mot qu’elle tente de prononcer lors de l’atelier de partage, tant et si bien que brusquement, toutes les femmes participantes ont fondu en larmes en même temps. C’était poignant !

«Je suis guinéenne. C’est une copine qui m’a proposé de venir travailler en Mauritanie, pour pouvoir aider mon père qui était malade. J’ai accepté. C’est ainsi qu’on est venu en Mauritanie. Je n’avais aucun papier. Arrivé ici, je ne connaissais personne. Elle m’a fait loger dans une maison au 5ème arrondissement. Dans cette maison habitait un camerounais. Après, elle a disparu. Il m’arrivait de rester deux jours sans manger. Fatigué de cette situation et de demander après elle, je décidais de me confier à une voisine pour lui raconter ma situation. C’est une sénégalaise. Elle me donnait chaque jour 500 ouguiyas pour acheter à manger pendant qu’elle s’employait à m’aider à mettre la main sur ma copine. Des pressions sur le camerounais finiront par payer puisqu’elle finira par réapparaître. Les personnes qui m’ont aidé à la retrouver vont lui proposer de me ramener au pays. Elle promit de le faire rapidement. Mais dans la même nuit, elle quitta discrètement la maison en amenant tous les bagages. Au réveil, je fus surprise de voir que la maison était vide. Je demandais après elle. Quelqu’un me dit l’avoir aperçu dans la nuit emporter des bagages sans savoir sa destination. Il fallait faire quelque chose. Ainsi je me confiais à ma voisine pour lui demander de m’aider à chercher du travail sur le seul métier que je savais faire, la coiffure. Grâce à elle je trouvais du travail dans un salon de coiffure appartenant à une jeune femme halpulaar pour un salaire de 10.000 ouguiyas. Après quatre mois, je suis tombée malade. Donc je quittais mon travail. Une fois guérie, ma voisine m’a parlé d’un homme qui voulait me marier. Comme elle m’avait rendu beaucoup de service, je ne pouvais lui refuser cela. C’est ainsi que je fus marié à cet homme ». A la question de ses consoeurs, si cet homme était gentil avec elle, Binta barry dira plus ou moins avec désinvolture avant de lâcher : « Comme travailleur domestique, tu n’as aucun contrôle sur ta vie. Personne ne te respecte. Tu n’as aucun droit. C’est le travail le plus dégradant ».

Aminata Kabie originaire de Guinée Bissau

«J’ai réclamé en vain une augmentation de salaire»

« Je suis venue en Mauritanie un peu avant les évènements de 1989 entre la Mauritanie et le Sénégal. Etant soutien de famille, il me fallait coûte que coûte trouver du travail pour pouvoir payer les études de mes enfants restés à Dakar. C’est ainsi qu’une française mariée à un portugais m’aborda pour me proposer de travailler chez elle avec un salaire de 10.000 ouguiyas au départ avant d’évoluer progressivement à 15.000 ouguiyas. A l’époque l’ouguiya était forte encore sur le marché de change. Ce n’est pas comme aujourd’hui. Pendant 7 ans, mon travail consistait à faire la cuisine et le ménage. Ensuite j’ai travaillé à l’ambassade de France grâce à leur entremise puisqu’il quittait le pays. Durant cinq ans je touchais le même salaire. Maintenant le volume du travail qui m’a été confié a augmenté mais le salaire est resté toujours le même. J’ai réclamé en vain une augmentation de salaire proportionnel aux nouvelles charges de travail mais jusqu’à présent je n’ai pas obtenu gain de cause. Finalement, j’ai dû même renoncer à cette revendication de peur de perdre mon travail mais il m’a été promis que mon salaire va être revu. Depuis, j’attends ». A la question de savoir si elle a signé un contrat de travail, elle a répondu par l’affirmative.

Amy Seck, sénégalaise

Les coups, les gifles, la prison…


Amy Seck, de nationalité sénégalaise, est venue en Mauritanie dans le courant du mois de juillet à la recherche d’emploi domestique. Elle n’a pas, contrairement aux autres femmes, tardées à trouver du travail par l’intermédiaire du frère de son beau frère dans une famille mauritanienne. Ainsi elle accepta de travailler comme domestique sans que le linge ne fasse partie du contrat de travail. Quelques jours après avoir commencé le travail, son employeur exigea qu’elle prenne le linge de la famille ; ce qu’elle refusa en exigeant le respect de l’engagement. Son employeur mit fin au contrat et la supplia de repasser le lendemain pour le règlement des jours de travail. Le lendemain, dès son entrée dans la maison, elle se trouva entre les mains d’un membre de la maison. Elle reçu gifles et coups de poing de son employeur. Témoin de la scène, le gardien de la maison courut avertir le frère de son beau frère qui avait un sentier dans la zone. Ce dernier dés son arrivée libéra la fille et aussi répliqua aux coups avancés dans sa direction par les membres de cette famille. Il profita d’une brèche pour se sauver avec Amy ; mais ce ne sera pas pour longtemps. La femme du patron au volant de sa voiture tenta de les écraser. Ils eurent la vie sauve grâce à une boutique installée dans le coin ou ils se réfugièrent. Aussitôt son employeur avertit son parent «bien placé» pour les arrêter et les conduire à la police. Avec l’aide des complices, ils furent déférés aussitôt en prison. Venue à la recherche de lendemains meilleurs, Amy Seck se trouve en prison victime de l’injustice et de la complicité de ceux qui devraient la protéger au regard du droit.

Sona Bodian, sénégalaise
Sérieuse, méticuleuse mais virée

Sona Bodian, de nationalité sénégalaise, travaillait au siège de la représentation d’une fondation étrangère à Nouakchott depuis le mois d’octobre 2006. Son attestation de travail du 1er juillet 2009 atteste que Mme Bodian a été toujours sérieuse et méticuleuse avec son travail. Elle a montré en tout moment une bonne disposition et une attitude discrète. Après le départ de son employé en mi-juillet 2009, elle continua à exécuter le contrat avec son remplaçant. Malgré son sérieux, elle fut victime de l’épouse de son employeur qui, en jetant sur elle les produits de vaisselle, la maltraita. Ainsi informé par son épouse l’employeur décida de suspendre le travail. Après concertation avec son épouse, le patron, malgré son appréciation, mit fin au contrat. Zeinabou Diedhiou, sénégalaise travaillait dans une famille d’expatrié sans problème jusqu’au moment ou elle fut victime des menaces de la femme de son patron.
Le patron, malgré sa bonne appréciation du travail de Zeinabou , décida de la licencier sans aucun avantage. Alertée, le Centre prit l’assistance de cette migrante jusqu’au règlement de ses droits par le Tribunal du Travail.

Source: quotidien de nouakchott



Lundi 14 Septembre 2009
Boolumbal Boolumbal
Lu 262 fois



Recherche


Inscription à la newsletter