Aziz brise un début de fronde dans son parti



Aziz brise un début de fronde dans son parti
D'après une source proche de la Présidence, le Général Mohamed Ould Abdel Aziz, Chef de l’Etat, a reçu hier soir pour le diner, le leader de l’Union pour la République, (UPR), majoritaire au Parlement. Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine, ex-ministre interchangeable de la défense, venait de vivre un bras de fer, feutré mais féroce, avec le vice-président du Sénat Mohcen Ould Hadj, élu de Rosso le chef lieu du Trarza.

L’entrevue a failli tourner aux insultes, quand ce dernier menace Ould Mohamed Lemine de l'éjecter de son poste, s'il s’obstinait à l’ignorer dans les décisions relatives à la vie de l’UPR, notamment au Trarza. Ould Mohamed Lemine, congénitalement compromis et calme, répondit, pourtant sur un ton vif, que les pratiques du passé sont révolues ; en conséquence, la formation sera dirigée par la base, en conformité aux directive du Président de la République.

Mohcen, en représailles, a repris "ses ministres" avec lui et claqué la porte de Ould Mohamed Lemine, en lui lançant un seul mot "ATTENTION" et il est parti ! (Autrement dit, "ta disgrâce est prochet). Mais la menace semble se retourner contre son auteur.

Ould Mohamed Lemine a demandé et obtenu, dans la soirée eu 19 octobre, une audience avec le Général Ould Abdel Aziz, au cours de laquelle il relatera les agissements de Mohcen et la mobilisation des ministres du Trarza contre la direction du parti. Il demande au Président de prendre les mesures requises pour réhabiliter la crédibilité de l’UPR ou bien le laisser démissionner et ainsi ouvrir le chemin à la détraction et au désordre. Ould Abdel Aziz aurait sursauté et lancé à Ould Mohamed Lemine : "Je vous prie de nettoyer le parti de toutes les parasites. Quant aux ministres, je m'en charge" !

Le lendemain, dans l’après-midi, une réunion extraordinaire du bureau exécutif de l’UPR se tient au siège ; les membres suivants sont suspendus:

- Sidi Ould Tah, ministre de l'économie
- Mohamed Ould Boilil, ministre de l'intérieur
- Bamba Ould Dramane, ministre du tourisme
- Cheikh Ould Horma, ministre de la Santé
- Ismael Ould Bodde Ould Cheikh Sidiya, ministre de l'urbanisme et de l'habitat
- Ousmane Kane, ministre des finances
- Elmoudir Ould Bouna, directeur général de l'Agence Mauritanienne d’Information (AMI), démis de sa fonction de membre du bureau exécutif.


Les quatre premiers avaient pris fait et cause pour Mohcen Ould Hajd, dans son épreuve de force avec Ould Mohamed Lemine. L’on ignore pourquoi les autres se retrouvent incriminés. En outre, à la suite des élections partielles au Sénat, le parti donne consigne, à ses élus dans la chambre haute, de ne pas renouveler le mandat du sénateur de Rosso au poste de vice-président.

Quant aux ministres, leur limogeage se produirait au retour du Président de la République de son voyage prochain en France ; un large remaniement emporterait le premier ministre Moulaye Ould Mohamed Lagdhaf et entrainerait à une légère ouverture vers l'opposition, selon la méthode homéopathique du débauchage à la Sarkozy ; Ould Abdel Aziz lui demandera certainement des conseils dans ce sens lors de leur entrevue, la semaine prochaine à l'Élysée.

Bien que le problème de la désobéissance menée par Mohcen récèle des dangers au regard du jeune âge de l’UPR, quelques unes des personnes suspendues étaient déjà en disgrâce auprès de Ould Abdel Aziz.

Sidi Ould Tah est une découverte par le Colonel Ely Ould Mohamed Vall, quand il dirigeait la transition de 2005-2007. Ould Tah jouait un rôle très important à l'établissement, en Mauritanie, de l’entreprise de téléphonie mobile soudanaise Chinguitel ; partenaire de Ely Ould Mohamed Vall dans cette opération réputée juteuse et a même piloté ses opérations avant sa nomination au poste de conseiller à la Primature.

Dans le troisième gouvernement de Sidi Ould Cheikh Abdellahi, après le limogeage du premier ministre Zeine Ould Zeidane puis l'avortement du gouvernement Ould Waghf 1, Ould Cheikh Abdellahi désigne Sidi Ould Tah en remplacement de son cousin Bebbeha Ould Ahmed Youra et sur les conseils de ce dernier dénoncé, par une majorité de députés, comme l’un des symboles du système Ould Taya.

Mohamed Ould Boilil a été nommé ministre de l'intérieur dans le premier gouvernement post-élection de Ould Abdel Aziz. Député de Koeur Macène sous les couleurs du Rassemblement des forces démocratiques (RFD, opposition) et ancien wali, sa nomination a crée beaucoup d'émoi parmi ses collaborateurs ; Pour eux, il n'est qu’un simple attaché d'administration.

À son arrivée au ministère, Ould Boilil a déclenché une guerre avec l'ex-wali de Nouakchott et plusieurs Hakem de la capitale, dépassant parfois la limite de la courtoisie envers son personnel ; hors de propos et en abus, il se targuait d'être nommé par le Président et ne devait donc sa promotion à aucune formation politique. La présence de Ould Boilil devient de plus en plus caricaturale au sein d'une équipe gouvernementale très hétérogène.

Bamba Ould Dramane, considéré comme l'un des ministres les plus volontaires et plutôt effacé. Originaire de Rosso, il suit la majorité du moment. Son association avec Mohcen ne procède que d’une erreur de calcul.

Cheikh Ould Horma s'est désarmé par la dissolution de Temam, son défunt parti, au sein de l’UPR. Son action au ministère de la santé n'a pas encore produit les gros résultats attendus de lui, comme, d’ailleurs, la quasi totalité des autres membres du gouvernement. Le scandale du projet Onusida, qui implique son frère, risquait déjà de l'emporter.

Elmoudir Ould Bouna a tout simplement fini la mission pour laquelle il avait été choisi, au moment où le pouvoir militaire cherchait un directeur très malléable de l'AMI. Une fois acquise son élection, le Général Ould Aziz, cherche à conforter l’image d’indépendance de l’institution officielle, par la nomination d'un grand journaliste à sa tête. Le nom de Mohamed Vall Ould Oumeïre circule depuis quelques temps. Ould Bouna venait de commettre l'erreur fatale en choisissant le camp du sénateur de Rosso.

Nous rappellons qu'un journaliste de Taqadoumy a été agressé par Mohcen Ould Hadj, lors de la réception tenue par lui à Nouakchott, pour contrer celle de l’UPR à RKiz.

Hier soir, la direction de l'UPR récuse la réalité des nouveaux changements au sein de ses instances.


Source:Taqadoumy

Mercredi 21 Octobre 2009
Boolumbal Boolumbal
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