Le début de la cérémonie a été marqué par l'arrivée tonitruante du héro du jour, dont le salut, à l'intention du "peuple", a provoqué une extinction de voix de la part de son admiratrice, la journaliste Maghlaha Mint Lili qui couvrait l'événement pour la très obséquieuse Télévision de Mauritanie (TVM). Retour sur un événement.
Pendant que, dehors, la Garde nationale refoulait quelques élus et journalistes indésirables - dont l'équipe d'Aljazeera, - à coup de matraques, d'insultes et de ceinturons vindicatifs, la cérémonie débutait, dans l'enceinte du complexe olympique de Nouakchott, avec l'entrée de Mohamed Ould Abdel Aziz ; sous la chaleur étouffante, il ne s'arrête pas à l’espace officiel et continue, à grandes jambées, vers la tribune découverte, pleine de "gens du peuple", en particulier ceux du désormais célèbre quartier périphérique de "Hay Saken" ; les plus pauvres parmi les habitants de la périphérie de Nouakchott venaient applaudir leur candidat, le premier Chef d’Etat à leur rendre visite chez eux.
Après avoir savouré l’accueil chaleureux, Ould Abdel Aziz traverse la pelouse dans le sens inerse, vers la tribune officielle, suivi d'une nuée de journaliste dont l'un d'entre eux l'interpelle "Monsieur le Président, vous devez libérer Hanevy", ce à quoi Ould Abdel Aziz répond par un "Incha Allah" fort évasif". Un autre journaliste témoin de la scène, visiblement déçu, dit alors à l'un de ses collègues "Incha Allah, ça ne veut pas dit oui", et l'autre, plus optimiste, rétorque "mais c'est toujours mieux que 'pas question' ou sans réponse".
Pendant ce temps, Ould Abdel Aziz parvient à la tribune déjà remplie de membres du corps diplomatiques, du gouvernement, d'élus et de membre du Conseil supérieur pour la défense (l'ex junte).
L'arrivée des président Bâ Mbaré, Abdoulaye Wade et Amadou Toumani Touré (ATT), chacun de son coté, soulève les acclamations par l'assistance qui suivait leurs déplacement sur écran géant.
La commentatrice Maghlaha Mint Lili avait manifestement du mal avec les noms des invités ; au moment où l'image montrait l'ambassadeur américain Mark Boulware, le secrétaire d'Etat français Alain Joyandet, le représentant de l'Union africaine auprès de l'Union européenne, le tchadien Mohamed Saleh Nadhif, le représentant de l'ONU à Dakar Saïd Djinnit, elle se contentait de bafouiller un "nous voyons maintenant à l'image beaucoup de personnalités importantes" ; s'ensuit un blanc, avant que sa collègue Raki Sy ne récupère le micro pour rapporter la discussion, à bâtons rompus, entre les présidents Haïdallah, ATT et Maître Wade, avant de signaler la présence du chef de la diplomatie sénégalaise Cheikh Tidiane Gadio et de louer son rôle dans le dénouement de la crise.
Mohamed Mahmoud Ould Bakar prend ensuite la parole pour annoncer que Ould Abdel Aziz sera décoré comme "grand cordon" (sic) de l'ordre national du mérite. Puis Moktar Ould Mohamed Ali, un autre journaliste de TVM, annonce que l'événement est couvert par plusieurs chaines satellitaires "arabes mais aussi étrangères" (sic).
Ensuite le porte-parole du ministère des affaires étrangères Babbah Ould Sidi Abdallah, qui fût speaker de la cérémonie d'investiture de Ould Cheikh Abdellahi, s’empresse de pérorer au pupitre juste à côté de Ould Abdel Aziz, puis souhaite la bienvenue aux invités, dans les deux langues, Arabe et Français ; même les noms furent "traduits", pratiquement sans fausse note si l'on excepte l'ambassadeur du "Royaume" du Japon (sic), un Empire trois fois millénaire.
Arrive le Conseil Constitutionnel (CC) dont les membres, tous nommés par l'ancien président Maaouiya Ould Taya, possèdent désormais une grande expertise en matière d'investiture. Ce jour est en effet leur 6ème bénédiction en moins de 6 ans : en novembre 2003, ils déclarent Ould Taya président avant de reconnaitre la légitimité de son tombeur Ely Ould Mohamed Vall, en août 2005.
S'ensuit l'investiture de Sidi Ould Cheikh Abdellahi en avril 2007 avant que le CC n'avale la couleuvre du putsch d'août 2008. L'année suivante, en avril 2009, le même CC ratifie la démission de Ould Abdel Aziz et installe son successeur Bâ M'baré qui vient, à son tour, de "re-mettre" les clés de la présidence à Ould Abdel Aziz.
C'est donc fort de cette expérience de probité et de droiture que le magistrat Abdellahi Ould Ely Salem, président du CC, demande à son conseiller, l'avocat Cheikh Ould Hindi, de lire les résultats définitifs de la présidentielle du 18 juillet 2009 :
1-Mohamed Ould Abdel Aziz 52.54%
2-Messaoud Ould Boulkheïr 16.25%
3-Ahmed Ould Daddah 13.61%
4-Jemil Ould Mansour 4.74%
5-Ibrahima Moktar Sarr 4.57%
6-Ely Ould Mohamed Vall 3.84%
7-Kane Hamidou Baba 1.48%
8-Saleh Ould Hanenna 1.44%
9-Hamadi Ould Meïmou 1.28%
10-Sghaïr Ould M'bareck 0.25%
Il passe ensuite la parole à un obscur autre membre du CC qui, très solennellement, débite la désormais biographie officielle du Président, dans laquelle l’on apprend, sans rire, sa naissance, le 20 décembre 1956 à Akjoujt (sic) ; entre 1989 et 1980, il a servi dans "beaucoup d'unité de l'armée" sans les nommer.
S'ensuit une litanie de stages avant sa révélation, au grand public, le lendemain du putsch du 3 août 2005, dont l'annonce est vivement applaudie.
Puis Ould Abdel Aziz prête serment (sans lever la main droite), d’une voix un peu hésitante, le nez sur sa copie ; un détachement de soldats joue l'hymne national, avec quelques fausses notes, suivi de 21 coups de canon ; Ould Abdel Aziz prend la parole pour sa première adresse à la Nation, en tant que Président de la République.
Lors de son discours en arabe, il remercie le Guide Kadhafi, absent mais représenté par son conseiller Ravi Medani et son cousin dignitaire des Renseignements, Ahmed Gadhaf Dem, littéralement le "vomisseur de sang" ; Ould Abdel Aziz dit aussi sa reconnaissance au Président Wade, à "tous les amis et les partenaires de la Mauritanie" ; ainsi, ignore-t-il ATT pourtant le second Chef d'Etat à avoir fait le déplacement. Il n’y en aura que deux.
Même s'il cafouille sur quelques mots, il martèle tout de même, avec assurance et une apparente sincérité, la volonté de poursuivre sa lutte contre la gabegie. Il promet de combattre les "Moufcidines" - auteur de détournement des deniers public - sauf ceux qui se repentent, sans pour autant préciser le caractère (public ou pas) de cette repentance.
Il loue l'esprit dans lequel la campagne écoulée s'est déroulée "où aucun des acteurs politiques ne se rendit coupable d'acte illégal". Enfin, il rassure les mauritaniens : ses promesses de campagne n'étaient pas que des paroles destiné à drainer des votes, mais chacune sera suivie d'actes.
A la fin, les journalistes de TVM récupère l'antenne pour rivaliser de flagornerie à l'endroit du nouveau Président ; chacun y va de sa félicitation, en insistant sur cette "cérémonie exceptionnelle, véritable éclosion de la Mauritanie Nouvelle que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz va s'efforcer de bâtir". Même Raki Sy, pourtant seule journaliste confirmée du quatuor, y va de son couplet de circonstance.
Puis Mint Lili annonce la fin de l'émission spéciale, laissant le spectateur, perplexe, avec le professeur de musique, le syrien Imad Dine Debech, son épouse Loubaba Mint Meïdah et leurs deux filles non dénuées de talent, se livrer, sur fond d’instruments de carnaval, à un exercice de vocalises arabes, enregistré, il y a quelques années, dans la cour de la TVM ; ils chantaient "Chinguitt ya mejd el joudoud", Chinguitt, ô gloire des ancêtres (sic)...
La Mauritanie tourne une page, jusqu’ici bien semblable à du déjà vu...
Source : Taqadoumy
Pendant que, dehors, la Garde nationale refoulait quelques élus et journalistes indésirables - dont l'équipe d'Aljazeera, - à coup de matraques, d'insultes et de ceinturons vindicatifs, la cérémonie débutait, dans l'enceinte du complexe olympique de Nouakchott, avec l'entrée de Mohamed Ould Abdel Aziz ; sous la chaleur étouffante, il ne s'arrête pas à l’espace officiel et continue, à grandes jambées, vers la tribune découverte, pleine de "gens du peuple", en particulier ceux du désormais célèbre quartier périphérique de "Hay Saken" ; les plus pauvres parmi les habitants de la périphérie de Nouakchott venaient applaudir leur candidat, le premier Chef d’Etat à leur rendre visite chez eux.
Après avoir savouré l’accueil chaleureux, Ould Abdel Aziz traverse la pelouse dans le sens inerse, vers la tribune officielle, suivi d'une nuée de journaliste dont l'un d'entre eux l'interpelle "Monsieur le Président, vous devez libérer Hanevy", ce à quoi Ould Abdel Aziz répond par un "Incha Allah" fort évasif". Un autre journaliste témoin de la scène, visiblement déçu, dit alors à l'un de ses collègues "Incha Allah, ça ne veut pas dit oui", et l'autre, plus optimiste, rétorque "mais c'est toujours mieux que 'pas question' ou sans réponse".
Pendant ce temps, Ould Abdel Aziz parvient à la tribune déjà remplie de membres du corps diplomatiques, du gouvernement, d'élus et de membre du Conseil supérieur pour la défense (l'ex junte).
L'arrivée des président Bâ Mbaré, Abdoulaye Wade et Amadou Toumani Touré (ATT), chacun de son coté, soulève les acclamations par l'assistance qui suivait leurs déplacement sur écran géant.
La commentatrice Maghlaha Mint Lili avait manifestement du mal avec les noms des invités ; au moment où l'image montrait l'ambassadeur américain Mark Boulware, le secrétaire d'Etat français Alain Joyandet, le représentant de l'Union africaine auprès de l'Union européenne, le tchadien Mohamed Saleh Nadhif, le représentant de l'ONU à Dakar Saïd Djinnit, elle se contentait de bafouiller un "nous voyons maintenant à l'image beaucoup de personnalités importantes" ; s'ensuit un blanc, avant que sa collègue Raki Sy ne récupère le micro pour rapporter la discussion, à bâtons rompus, entre les présidents Haïdallah, ATT et Maître Wade, avant de signaler la présence du chef de la diplomatie sénégalaise Cheikh Tidiane Gadio et de louer son rôle dans le dénouement de la crise.
Mohamed Mahmoud Ould Bakar prend ensuite la parole pour annoncer que Ould Abdel Aziz sera décoré comme "grand cordon" (sic) de l'ordre national du mérite. Puis Moktar Ould Mohamed Ali, un autre journaliste de TVM, annonce que l'événement est couvert par plusieurs chaines satellitaires "arabes mais aussi étrangères" (sic).
Ensuite le porte-parole du ministère des affaires étrangères Babbah Ould Sidi Abdallah, qui fût speaker de la cérémonie d'investiture de Ould Cheikh Abdellahi, s’empresse de pérorer au pupitre juste à côté de Ould Abdel Aziz, puis souhaite la bienvenue aux invités, dans les deux langues, Arabe et Français ; même les noms furent "traduits", pratiquement sans fausse note si l'on excepte l'ambassadeur du "Royaume" du Japon (sic), un Empire trois fois millénaire.
Arrive le Conseil Constitutionnel (CC) dont les membres, tous nommés par l'ancien président Maaouiya Ould Taya, possèdent désormais une grande expertise en matière d'investiture. Ce jour est en effet leur 6ème bénédiction en moins de 6 ans : en novembre 2003, ils déclarent Ould Taya président avant de reconnaitre la légitimité de son tombeur Ely Ould Mohamed Vall, en août 2005.
S'ensuit l'investiture de Sidi Ould Cheikh Abdellahi en avril 2007 avant que le CC n'avale la couleuvre du putsch d'août 2008. L'année suivante, en avril 2009, le même CC ratifie la démission de Ould Abdel Aziz et installe son successeur Bâ M'baré qui vient, à son tour, de "re-mettre" les clés de la présidence à Ould Abdel Aziz.
C'est donc fort de cette expérience de probité et de droiture que le magistrat Abdellahi Ould Ely Salem, président du CC, demande à son conseiller, l'avocat Cheikh Ould Hindi, de lire les résultats définitifs de la présidentielle du 18 juillet 2009 :
1-Mohamed Ould Abdel Aziz 52.54%
2-Messaoud Ould Boulkheïr 16.25%
3-Ahmed Ould Daddah 13.61%
4-Jemil Ould Mansour 4.74%
5-Ibrahima Moktar Sarr 4.57%
6-Ely Ould Mohamed Vall 3.84%
7-Kane Hamidou Baba 1.48%
8-Saleh Ould Hanenna 1.44%
9-Hamadi Ould Meïmou 1.28%
10-Sghaïr Ould M'bareck 0.25%
Il passe ensuite la parole à un obscur autre membre du CC qui, très solennellement, débite la désormais biographie officielle du Président, dans laquelle l’on apprend, sans rire, sa naissance, le 20 décembre 1956 à Akjoujt (sic) ; entre 1989 et 1980, il a servi dans "beaucoup d'unité de l'armée" sans les nommer.
S'ensuit une litanie de stages avant sa révélation, au grand public, le lendemain du putsch du 3 août 2005, dont l'annonce est vivement applaudie.
Puis Ould Abdel Aziz prête serment (sans lever la main droite), d’une voix un peu hésitante, le nez sur sa copie ; un détachement de soldats joue l'hymne national, avec quelques fausses notes, suivi de 21 coups de canon ; Ould Abdel Aziz prend la parole pour sa première adresse à la Nation, en tant que Président de la République.
Lors de son discours en arabe, il remercie le Guide Kadhafi, absent mais représenté par son conseiller Ravi Medani et son cousin dignitaire des Renseignements, Ahmed Gadhaf Dem, littéralement le "vomisseur de sang" ; Ould Abdel Aziz dit aussi sa reconnaissance au Président Wade, à "tous les amis et les partenaires de la Mauritanie" ; ainsi, ignore-t-il ATT pourtant le second Chef d'Etat à avoir fait le déplacement. Il n’y en aura que deux.
Même s'il cafouille sur quelques mots, il martèle tout de même, avec assurance et une apparente sincérité, la volonté de poursuivre sa lutte contre la gabegie. Il promet de combattre les "Moufcidines" - auteur de détournement des deniers public - sauf ceux qui se repentent, sans pour autant préciser le caractère (public ou pas) de cette repentance.
Il loue l'esprit dans lequel la campagne écoulée s'est déroulée "où aucun des acteurs politiques ne se rendit coupable d'acte illégal". Enfin, il rassure les mauritaniens : ses promesses de campagne n'étaient pas que des paroles destiné à drainer des votes, mais chacune sera suivie d'actes.
A la fin, les journalistes de TVM récupère l'antenne pour rivaliser de flagornerie à l'endroit du nouveau Président ; chacun y va de sa félicitation, en insistant sur cette "cérémonie exceptionnelle, véritable éclosion de la Mauritanie Nouvelle que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz va s'efforcer de bâtir". Même Raki Sy, pourtant seule journaliste confirmée du quatuor, y va de son couplet de circonstance.
Puis Mint Lili annonce la fin de l'émission spéciale, laissant le spectateur, perplexe, avec le professeur de musique, le syrien Imad Dine Debech, son épouse Loubaba Mint Meïdah et leurs deux filles non dénuées de talent, se livrer, sur fond d’instruments de carnaval, à un exercice de vocalises arabes, enregistré, il y a quelques années, dans la cour de la TVM ; ils chantaient "Chinguitt ya mejd el joudoud", Chinguitt, ô gloire des ancêtres (sic)...
La Mauritanie tourne une page, jusqu’ici bien semblable à du déjà vu...
Source : Taqadoumy