B.F. de Foucault avértit l'UE sur les risques de l'ingérence de la France en Mauritanie



B.F. de Foucault avértit l'UE sur les risques de l'ingérence de la France en Mauritanie

Dans un courrier adressé au Commissaire européen Louis Michel, le diplomate français Bertrand Fessard de Foucault alerter l'Union européenne (UE) pour que la France - en cavalier seul parmi les 27 - n'entrave pas ce qui peut être consenti de part et d'autre, par les Mauritaniens, pour le rétablissement de leur démocratie. Pour lui, la date du 18 Juillet est intenable, pour le premier tour de l'élection présidentielle.

Le courrier à Louis Michel est transmis à Koen Doens, don directeur de cabinet quant à celui adressé à Sarkozy, il est confiés aux bons soins de Christian Frémont, son directeur du cabinet du président de la République et de Claude Guéant, secrétaire général Elysée.

Lire le courrier à Louis Michel et, dessous, l'autre courrier à Nikolas Sarkozy puis le CV de l'auteur et, enfin, la décision du Conseil de l'UE, en date du 3 avril 2009 concernant la Mauritanie :


Monsieur le Commissaire, Monsieur le Ministre,

je fais suite à la communication que je vous ai faite la semaine dernière d'une lettre-courriel que j'avais cru devoir adresser au président de mon pays. Tout tenter et alerter pour que la France - en cavalier seul parmi les 27 - n'entrave pas ce qui peut être consenti de part et d'autre par les Mauritaniens pour le rétablissement de leur démocratie.

Il semble qu'à Dakar les choses aient été délibérément dévoyées et j'ai donc, hier soir, voulu mettre le président Sarkozy devant ce que j'espère pouvoir encore appeler sa désinformation personnelle. Voici ce message. Il contient notamment - mais à ma seule initiative - ce que j'ai reçu dans l'après-midi d'hier du président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, de la parole et de la noblesse de qui je ne saurais douter un seul instant.

Il semble aussi ce matin que le processus unilatéral d'une élection de façade soit maintenant entamé sans les préalables d'un gouvernement d'union nationale dont le président Sidi n'a jamais refusé la signature, et d'une commission électorale nationale indépendante entièrement recomposée. Le président du Sénat, faisant inconstitutionnellement à beaucoup de points de vue, l'intérim de la présidence de la République, a résisté pendant plusieurs jours.

L'aspect sécuritaire pour tout tolérer de la junte est un montage, comme l'avaient été l'affaire de ce poste saharien (Lemgheity) qui présagea de quelques semaines la chute de l'ancien président-colonel Ould Taya l'été de 1965, et le guet-apens de Tourine en Septembre dernier pour pallier un début de fronde parlementaire. L'attentat d'hier est probablement crapuleux, il n'a pas été revendiqué. En revanche, l'atteinte à la liberté de la presse - arrestation et mise en taule depuis six jours du directeur de la publication du site ouest-africain le plus visité et faisant un exemplaire et salubre forum sur la question mauritanienne - est caractérisée. Le général-candidat nonobstant la lettre et la décision du Conseil que vous avez inspirées, le 3 Avril dernier, joue son va-tout. Il était à Paris, il y a dix jours et a petit-déjeuné avec Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée.

Il m'est pénible de paraître jouer les Bourmont au quartier général de Blücher, à la veille de Waterloo... je crois cependant servir au mieux la cause franco-africaine et euro-africaine. Cause d'intérêt archi-commun.

A votre disposition et à celle de vos services - auprès de qui je me suis informé de la faisabilité du "contrôle" de ce scrutin mais dont j'ai protégé l'identité.

Sentiments très confiants et déférents, d'estime pour le passé belge et l'oeuvre européenne.


________________________


Monsieur le Président de la République,


depuis que j'y ai accompli mes obligations militaires en 1965-1966, j'ai suivi les affaires de Mauritanie. La France - du général de Gaulle - y a été grande quoique pas toujours facile, celle de Georges Pompidou, parfois maladroite mais sachant se rattraper, celle du président Giscard d'Estaing, parfaitement décolonisée.

Notre place dans l'histoire, la mémoire et le développement de la République Islamique de Mauritanie est telle que, naturellement, nous passons pour exercer des influences ou avoir des desseins que nous n'avons pas forcément en réalité. Les coincidences sont fâcheuses, je les ai étudiées : rené Journiac, secrétaire général pour les affaires africaines et malgaches à l'Elysée, est quelques semaines avant le coup militaire de 1978 venu faire l'état des lieux, des enlèvements d'otages dans les mines de fer, notre engagement aérien dans l'affaire saharienne devenaient embarrassants et les putschistes ont été reçus à l'Elysée dans les huit jours du renversement de Moktar Ould Daddah, aux manettes depuis 1957 et dont le prestige africain, arabe pour ne pas écrire mondial n'a plus jamais été égalé par un Mauritanien ni approché par la plupart des chefs d'Etat africains.

Le ouï-dire demeure. Bernard-Albert Bongo, à l'époque, n'avait pas été insensible à la totale infortune d'un homme qui avait pratiqué la politique dans la sainteté ... Un des dictateurs militaires se fit renverser pendant que François Mitterrand l'avait convié avec une insistance plus que pressante à un sommet francoafricain (Bujumubura Décembre 1984) : Jeannou Lacaze, notre chef d'état-major général s'était entretenu longuement quelques semaines auparavant avec son tombeur, un autre colonel... Nous nous sommes affichés avec Ould Taya (Jacques Chirac, Pierre Messmer et Hubert Védrine) à l'automne de 1997 à quelques semaines d'une élection présidentielle-farce boycottée par toutes les forces vraies du pays, et nous avons demandé cent raisons en 2005-2006 à son renversement (enfin). Il est vrai par une bonne partie de la junte actuelle. Tout cela - pas vraiment bien - n'a été que partiel.

A l'inverse, grandeur de nos amis mauritaniens, à commencer par le père-fondateur à qui François Mitterrand à peine arrivé à l'Elysée propose de le rétablir ... refus, je ne rentrerai pas avec les baïonnettes françaises. Moktar Ould Daddah et sa femme avaient passé la saint-Sylvestre de 1980 à Latché..

Aujourd'hui, ce ne sont plus des reconstitutions ou des a parte.

Le général El Ghazouani, alors que les visas, selon l'Union européenne, ne doivent plus être accordés aux putschistes et à leurs suivants, a été reçu, depuis Septembre 2008, au moins quatre fois par le secrétaire général de la présidence de la République française - mais, à ce niveau et aussi fréquemment, aucun des autres protagonistes de la crise mauritanienne. Mieux, le général Mohamed Ould Abdel Aziz a rencontré à Paris, il y a dix jours, le secrétaire général. Depuis Février 2009, tout s'est passé comme si le schéma des putschistes : une élection plébiscite moyennant une apparence de défroque de l'uniforme, est acceptable par la France, malgré à l'époque les décisions de l'Union européenne et de l'Union africaine.

Le président élu le 25 Mars 2007, que vous avez reçu officiellement et qui vous a entretenu de la réorganisation de son appareil militaire pour que nous y contribuions, conditionne sa signature à la formation d'un gouvernement d'union nationale et ensuite sa démission à ce qu'au minimum la garde prétorienne soit dissoute et à ce que surtout l'organisation politique de cette part de la hiérarchie militaire - dite Haut Conseil d'Etat - soit dissoute.. C'est au minimum le parallélisme des formes, cher à notre juridiction du Palais-Royal (je n'ose écrire... Conseil d'Etat).

Je pense quant à moi que la meilleure transition démocratique serait que le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi fasse son propre intérim et ne remette ses pouvoirs, dans lesquels il serait rétabli, que d'élu à élu, c'est-à-dire au successeur que lui auront donné les urnes, fut-il Abdel Aziz d'ailleurs.

Je pense aussi que nous jouons le mauvais cheval - il est en santé précaire, il ne fait pas l'unanimité de ses pairs, il n'a pas séduit, c'est le moins que je puisse écrire, ses voisins géographiques immédiats. Surtout il y a une prise de conscience civique dont je ne connais pas de précédent en Afrique subsaharienne. L'incarcération du directeur de publication du plus visité des sites internet d'Afrique de l'Ouest a montré que la junte "perd les pédales".

Enfin, la date du 18 Juillet est intenable, pour le premier tour de l'élection présidentielle.

Source: Taqadoumy


Mercredi 24 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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