Un des jeunes réussit à s’échapper du cercle des matraques ; son visage et ses habits sont maculés de sang. Il faut reconnaître à nos policiers une constance qui est tout à leur honneur ; leur zèle à tabasser manifestants et citoyens récalcitrants est aussi naturel que leur propension à jouer les redresseurs de torts faits au code de la route et à quémander aux automobilistes le «thé de la police».
Les mini manifs pro Taya se sont multipliées ces derniers jours. Du côté des autorités, on est passé, progressivement, de la répression à la tolérance. Une manifestation a même été autorisée. Une après midi durant, des dizaines de véhicules, remplis de femmes et d’enfants, ont sillonné les principales artères de Nouakchott, dans une cacophonie de klaxons et de «il revient» prophétiques. Dans le même après midi, le général O. Abdel Aziz, «candidat des pauvres», revenait d’un bref séjour au Georges V, hôtel de luxe parisien, l’un des plus prisés par la haute bourgeoisie internationale.
La liberté d’opinion et d’expression et le droit de manifester étant inscrits dans la constitution, il n’y a aucune objection légale à ces démonstrations de fidélité à un tyran. D’autant moins que ses héritiers trop pressés, qui ne l’ont jamais vraiment accusé de rien, s’efforcent, aujourd’hui, de marcher sur ses traces. On ne peut cependant s’empêcher de se poser des questions. Qui est derrière tout cela ? Qui tire les ficelles ? Dans quel but ? Les significations de cette agitation permanente en faveur du retour et de la candidature de O. Taya sont à chercher du côté des milieux favorables au putsch, ou dans les cercles apparentés. Visiblement, un manipulateur dans l’ombre (individu ou groupe) joue à «l’oeil de Caïn» avec l’homme fort du moment, et s’évertue à le déstabiliser psychologiquement. Pour mobiliser avec autant de facilités les milieux adrarois ultratayistes, il faut avoir à disposition les moyens financiers, les réseaux relationnels et des bataillons d’activistes.
O. Abdel Aziz a le choix de l’embarras : un Iznogoud rêvant de califat, des parlementaires marginalisés, un groupe digérant mal ses préférences parentales et affairistes affichées, des partisans souhaitant renégocier leur soutien à des conditions plus avantageuses, le cousin ennemi, etc. Si ce dernier n’est en rien mêlé à cette soudaine ferveur tayiste, il doit, au moins, se lisser la moustache de contentement.
La mobilisation des groupies de l’ancien dictateur pourrait aussi n’être que l’expression inquiète et maladroite d’une peur de l’avenir et de la nostalgie d’un passé. Ce qui serait encore plus grave, car cela signifierait que le mal dont souffre ce pays est beaucoup plus profond qu’on ne l’imaginait, et que le chemin qu’il nous reste à faire sera aussi torturé et douloureux que le calvaire que O. Taya nous a fait endurer pendant plus de deux décennies.
Abdoulaye Ciré BA
Souce: Biladi
Les mini manifs pro Taya se sont multipliées ces derniers jours. Du côté des autorités, on est passé, progressivement, de la répression à la tolérance. Une manifestation a même été autorisée. Une après midi durant, des dizaines de véhicules, remplis de femmes et d’enfants, ont sillonné les principales artères de Nouakchott, dans une cacophonie de klaxons et de «il revient» prophétiques. Dans le même après midi, le général O. Abdel Aziz, «candidat des pauvres», revenait d’un bref séjour au Georges V, hôtel de luxe parisien, l’un des plus prisés par la haute bourgeoisie internationale.
La liberté d’opinion et d’expression et le droit de manifester étant inscrits dans la constitution, il n’y a aucune objection légale à ces démonstrations de fidélité à un tyran. D’autant moins que ses héritiers trop pressés, qui ne l’ont jamais vraiment accusé de rien, s’efforcent, aujourd’hui, de marcher sur ses traces. On ne peut cependant s’empêcher de se poser des questions. Qui est derrière tout cela ? Qui tire les ficelles ? Dans quel but ? Les significations de cette agitation permanente en faveur du retour et de la candidature de O. Taya sont à chercher du côté des milieux favorables au putsch, ou dans les cercles apparentés. Visiblement, un manipulateur dans l’ombre (individu ou groupe) joue à «l’oeil de Caïn» avec l’homme fort du moment, et s’évertue à le déstabiliser psychologiquement. Pour mobiliser avec autant de facilités les milieux adrarois ultratayistes, il faut avoir à disposition les moyens financiers, les réseaux relationnels et des bataillons d’activistes.
O. Abdel Aziz a le choix de l’embarras : un Iznogoud rêvant de califat, des parlementaires marginalisés, un groupe digérant mal ses préférences parentales et affairistes affichées, des partisans souhaitant renégocier leur soutien à des conditions plus avantageuses, le cousin ennemi, etc. Si ce dernier n’est en rien mêlé à cette soudaine ferveur tayiste, il doit, au moins, se lisser la moustache de contentement.
La mobilisation des groupies de l’ancien dictateur pourrait aussi n’être que l’expression inquiète et maladroite d’une peur de l’avenir et de la nostalgie d’un passé. Ce qui serait encore plus grave, car cela signifierait que le mal dont souffre ce pays est beaucoup plus profond qu’on ne l’imaginait, et que le chemin qu’il nous reste à faire sera aussi torturé et douloureux que le calvaire que O. Taya nous a fait endurer pendant plus de deux décennies.
Abdoulaye Ciré BA
Souce: Biladi