La désignation de ce gouvernement de vingt-six membres, dont la moitié représente le camp du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, et l’autre moitié les forces anti-putsch regroupées au sein du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) et du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), est une étape dans la mise en chantier de l’Accord cadre de Dakar (ACD) pour un retour inclusif à l’ordre constitutionnel, signé le 2 juin dernier.
Dans sa quintessence, le consensus de Dakar vise tout particulièrement l’organisation d’une élection présidentielle régulière, transparente, crédible et conforme aux normes standards internationaux. D’où la nécessité d’un climat politique apaisé entre tous les protagonistes d’une crise politique et institutionnelle qui a étendu son ombre sur la Mauritanie pendant dix mois.
Mais force est de reconnaître qu’en dépit de cette issue heureuse, les motifs des profonds clivages qui ont déchiré le pays demeurent toujours une réalité prégnante. Dans ces conditions, le challenge du nouveau gouvernement est de pouvoir travailler en équipe dans la perspective de mettre à profit trois petites semaines pour organiser une œuvre aussi colossale qu’un scrutin présidentiel. Ce qui exige l’intégration par les uns et les autres des principes et règles vecteurs de l’esprit de consensus. Plus prosaïquement, les ministres animant la nouvelle équipe doivent se défaire de leur costume de représentant de telle ou telle autre chapelle (Aziz, FNDD ou RFD) pour donner un contenu concret au concept de solidarité gouvernementale.
Dans ce contexte inédit, M. Bâ Mamadou dit M’Baré, président du Sénat, a un rôle central. Président de la République par intérim, il a le devoir d’assumer la fonction de chef de l’Etat pour tous les actes, à l’exception naturellement de ceux expressément cités par la constitution. Désormais, il ne doit plus son statut de président de la République provisoire qu’à la constitution, ce qui l’oblige à un devoir de neutralité et à une position d’arbitre entre les différentes parties. Après la bourde du décret convoquant le collège électoral, et annulé par le conseil constitutionnel, un autre faux pas lui sera difficilement pardonné
.
Première réunion gouvernementale
Le GTUN a tenu son premier conseil des ministres samedi soir. Un baptême de feu au cours duquel la question de la tenue de l’élection présidentielle à la date du 18 juillet 2009 a été la seule question abordée avec l’objectif de faire adopter un décret convoquant, à nouveau, le collège électoral. Les débats se sont prolongés jusqu’à quatre heures du matin, sans qu’un accord ait été trouvé. Le président de la République intérimaire a alors décidé de lever la séance pour une reprise du cours de la réunion et des débats dimanche matin. Le premier Ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf intervient alors que dire que le point objet de la discussion a été adopté. Protestations de plusieurs ministres, levée de boucliers et fin de séance.
Curieusement, le lendemain dimanche 28 juin, l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI) diffuse un communiqué de la réunion du gouvernement annonçant l’adoption de la date du 18 juillet pour la tenue du scrutin présidentiel. Une orientation absolument conforme à la lettre du consensus de Dakar, mais qui fait fi des autres dispositions : la formation du gouvernement d’union au plus tard le 6 juin (qui n’a eu lieu que vingt jours plus tard), la révision des listes électorales, etc. De plus, la date de l’élection présidentielle doit être avalisée par les nouvelles autorités qui n’ont adopté aucun texte samedi soir.
D’où est donc sorti le communiqué de l’agence gouvernementale ? Cet épisode, révélateur de l’état d’esprit des uns et des autres, montre que la bataille autour du maintien ou du recul de la date du scrutin pourrait être une étape fatale.
L’intérêt de la Mauritanie
En campagne depuis dix mois, le général Mohamed Ould Abdel Aziz s’est donné une bonne longueur d’avance sur ses futurs adversaires. Ce qui explique que lui et ses partisans soient si attachés à la tenue du scrutin à la date du 18 juillet 2009. Entre autres arguments, les adeptes de la « rectification » rappellent le premier sacrifice que représente le décalage de la date du 6/6. Ils invitent ainsi l’administration et les spécialistes du droit à une collaboration intelligente pour trouver la meilleure formule de consensus de nature à raccourcir les délais pour le dépôt des candidatures et la révision des listes électorales. Sûr de sa victoire, le camp du général – candidat voudrait profiter de « l’avantage » acquis pendant les mois passés aux commandes pour transformer l’essai dans la foulée.
Par rapport à cette orientation, le FNDD et le RFD n’avancent aucune objection officielle, pour le moment. Cependant, cette attitude de silence « calculé » des états-majors politiques, sur un sujet aussi crucial, semble relever d’une simple tactique, estiment de nombreux observateurs. En fait, les deux pôles anciennement opposés au coup d’état du 6 août 2008, considèrent que la solution de cette question doit être laissée à l’appréciation technique et pratique du gouvernement. Ce qui laisse naturellement la porte ouverte à une éventuelle exigence de report.
Décidés à contrer la rectification putschiste, pour le triomphe du camp des « démocrates », le FNDD et le RFD affûtent leurs armes dans l’espoir de contrarier le dessein du général.
Entre les deux, l’intérêt de la Mauritanie et de ses partenaires, qui réside plutôt dans l’organisation d’un scrutin régulier, crédible, transparent, même au-delà de la date du 18 juillet. Peu importe alors le futur vainqueur pourvu que sa victoire ne souffre d’aucune contestation.
Kouchka
Source: Le calame
Dans sa quintessence, le consensus de Dakar vise tout particulièrement l’organisation d’une élection présidentielle régulière, transparente, crédible et conforme aux normes standards internationaux. D’où la nécessité d’un climat politique apaisé entre tous les protagonistes d’une crise politique et institutionnelle qui a étendu son ombre sur la Mauritanie pendant dix mois.
Mais force est de reconnaître qu’en dépit de cette issue heureuse, les motifs des profonds clivages qui ont déchiré le pays demeurent toujours une réalité prégnante. Dans ces conditions, le challenge du nouveau gouvernement est de pouvoir travailler en équipe dans la perspective de mettre à profit trois petites semaines pour organiser une œuvre aussi colossale qu’un scrutin présidentiel. Ce qui exige l’intégration par les uns et les autres des principes et règles vecteurs de l’esprit de consensus. Plus prosaïquement, les ministres animant la nouvelle équipe doivent se défaire de leur costume de représentant de telle ou telle autre chapelle (Aziz, FNDD ou RFD) pour donner un contenu concret au concept de solidarité gouvernementale.
Dans ce contexte inédit, M. Bâ Mamadou dit M’Baré, président du Sénat, a un rôle central. Président de la République par intérim, il a le devoir d’assumer la fonction de chef de l’Etat pour tous les actes, à l’exception naturellement de ceux expressément cités par la constitution. Désormais, il ne doit plus son statut de président de la République provisoire qu’à la constitution, ce qui l’oblige à un devoir de neutralité et à une position d’arbitre entre les différentes parties. Après la bourde du décret convoquant le collège électoral, et annulé par le conseil constitutionnel, un autre faux pas lui sera difficilement pardonné
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Première réunion gouvernementale
Le GTUN a tenu son premier conseil des ministres samedi soir. Un baptême de feu au cours duquel la question de la tenue de l’élection présidentielle à la date du 18 juillet 2009 a été la seule question abordée avec l’objectif de faire adopter un décret convoquant, à nouveau, le collège électoral. Les débats se sont prolongés jusqu’à quatre heures du matin, sans qu’un accord ait été trouvé. Le président de la République intérimaire a alors décidé de lever la séance pour une reprise du cours de la réunion et des débats dimanche matin. Le premier Ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdaf intervient alors que dire que le point objet de la discussion a été adopté. Protestations de plusieurs ministres, levée de boucliers et fin de séance.
Curieusement, le lendemain dimanche 28 juin, l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI) diffuse un communiqué de la réunion du gouvernement annonçant l’adoption de la date du 18 juillet pour la tenue du scrutin présidentiel. Une orientation absolument conforme à la lettre du consensus de Dakar, mais qui fait fi des autres dispositions : la formation du gouvernement d’union au plus tard le 6 juin (qui n’a eu lieu que vingt jours plus tard), la révision des listes électorales, etc. De plus, la date de l’élection présidentielle doit être avalisée par les nouvelles autorités qui n’ont adopté aucun texte samedi soir.
D’où est donc sorti le communiqué de l’agence gouvernementale ? Cet épisode, révélateur de l’état d’esprit des uns et des autres, montre que la bataille autour du maintien ou du recul de la date du scrutin pourrait être une étape fatale.
L’intérêt de la Mauritanie
En campagne depuis dix mois, le général Mohamed Ould Abdel Aziz s’est donné une bonne longueur d’avance sur ses futurs adversaires. Ce qui explique que lui et ses partisans soient si attachés à la tenue du scrutin à la date du 18 juillet 2009. Entre autres arguments, les adeptes de la « rectification » rappellent le premier sacrifice que représente le décalage de la date du 6/6. Ils invitent ainsi l’administration et les spécialistes du droit à une collaboration intelligente pour trouver la meilleure formule de consensus de nature à raccourcir les délais pour le dépôt des candidatures et la révision des listes électorales. Sûr de sa victoire, le camp du général – candidat voudrait profiter de « l’avantage » acquis pendant les mois passés aux commandes pour transformer l’essai dans la foulée.
Par rapport à cette orientation, le FNDD et le RFD n’avancent aucune objection officielle, pour le moment. Cependant, cette attitude de silence « calculé » des états-majors politiques, sur un sujet aussi crucial, semble relever d’une simple tactique, estiment de nombreux observateurs. En fait, les deux pôles anciennement opposés au coup d’état du 6 août 2008, considèrent que la solution de cette question doit être laissée à l’appréciation technique et pratique du gouvernement. Ce qui laisse naturellement la porte ouverte à une éventuelle exigence de report.
Décidés à contrer la rectification putschiste, pour le triomphe du camp des « démocrates », le FNDD et le RFD affûtent leurs armes dans l’espoir de contrarier le dessein du général.
Entre les deux, l’intérêt de la Mauritanie et de ses partenaires, qui réside plutôt dans l’organisation d’un scrutin régulier, crédible, transparent, même au-delà de la date du 18 juillet. Peu importe alors le futur vainqueur pourvu que sa victoire ne souffre d’aucune contestation.
Kouchka
Source: Le calame