Contribution: Rétrospective : sortie de crise...



Contribution: Rétrospective : sortie de crise...
Cet article, écrit à la veille des Journées nationales de concertation, garde encore, je crois, dans ses grandes lignes, toute son actualité . Je vous le propose donc, chers internautes, en ré-lecture .

( au passé , toutefois les coups de griffes décochés au passage à ces adversaires qui ont mis, depuis ,un peu d’eau dans leur vin ) .

Bara Ba


Rétrospective: La sortie de crise …


IL semble que l’on s’achemine vers des “journées de concertation “. Ce qui peut etre justifie ,depuis un certain temps cette tendance notée à orienter la solution des refugiés et du passif humanitaire vers une et une seule solution … l’indemnisation .

Certains sont à l’oeuvre pour y préparer l’opinion , subrepticement , à la manière Kissinger, à petits pas .Toujours les mêmes .Avec chaque pouvoir , avec tous les pouvoirs dans leur compromis-compromissions .

Mais si l’indemnisation peut être une solution applicable à bien des aspects du dossier, il y’en pour lesquels elle demeure parfaitement inappropriée, inadaptée,. Si du moins nous voulons arriver au pardon .Ce pardon sans retour , exempt de toute frustration et de tout ressentiment .

En effet l’indemnisation ne saurait couvrir la question ultra-sensible des villages ou des terres . Ce sont là des choses eminemment chargées , affectivement , émotivement , dont on ne saurait se consoler de la perte , et qu’on ne pourrait solder par de l’argent , quel qu’en soit le montant .L’attachement à la terre n’est pas monayable .

Il faut donc nécessairement rétroceder le village et la terre à ces deportés qui en ont été injustement et arbitrairement dépossédés par ould Taya.

Cela suppose , pour les villages occupés , un recasement de ceux qui les occupent encore. Il est bon de rappeler ici que ces “Muçafr” qui occuppent actuellement ces villages vidés de leur population négro –africaine ont été fixés là , d’autorité , par ould Taya ; alors que tous venaient de quelque part , avaient des attaches localisables dans le fin fond du pays . Beaucoup pouvaient , voulaient et avaient cherché à regagner leur terroir d’origine. l”Autorité administrative les en empecha . Fermement .Bien sur que ces “Muçafr ” , victimes d’un faux conflit monté avec le Senegal, ne sont pas responsables de la situation créée qui en fait, aujourd’hui, des occupants .Ils n’ont pas demandé à être là .

L’Etat doit s’atteler à leur compensation en concertation avec le Senegal ; comme il doit également leur trouver des sites de résidence moins sensibles , surtout moins conflictuels .


Ces “muçafr “ avaient été retenus , pour la plupart , par la force dans ces villages des déportés tout le long de la vallée pour des raisons (politiques et idéologiques ) , clairement définies dans cette note confidentielle du ministre de l’intérieur(G Cymper ?), à l’attention du corps de commandement , libellée ainsi qu’il suit :

"Les Halpular’ens tentent de destabiliser la Mauritanie .La base sociale sur laquelle se développe ce particularisme tributaire de l’hégémonisme sénégalais , c’est la composition ethnique du peuplement local naturel, majoritairement halpular’en . En modifiant radicalement la composition de ce peuplement , on prive ce particularisme de toute possibilité de développement à moyen terme " fin de citation… (* extrait : la vallee du fleuve Senegal –ed karthalla ; B Crousse / Sidy m Saleck ,1991, p 265 ) .

Vous avez deviné certainement l’ideologie derrière cette note du Ministre .Une idéologie inspirée du Baass, et des Nasseriens , aujourd’hui publiquement opposés au retour des déportés !

Pour également les terres , facteur éminemment chargé , leur distribution et occupation répondait à la même politique, motivée par la même idéologie. En effet nous révèlent encore les auteurs de l’ouvrage , ” on passait ( à coups de circulaires ) d’autorisations précaires et révocables en concessions provisoires , puis définitives “… de maniere si abusive et avec un tel laxisme qu’au bout du compte , “21356 ha –jusqu’aux forêts classées-dans le Waalo ( region du Trarza) passeront aux mains d’hommes d’affaire vereux ”.

“ Le Gouvernement a préferé verser les terres de la vallée dans son domaine , pour les attribuer à des compatriotes de la même origine ethnique ( entendez bidhaans) , et ceux –ci les faisaient cultiver par leurs haratines ’’poursuit ,plus loin ,Crousse .

Plaider , dans ces conditions, pour l’indemnisation des populations négro-africaines injustement dépossédées de leurs terres , ne serait ni plus ni moins que légitimer et perenniser une politique du fait accompli de l’occupation et de la dépossession,manifestement et visiblement, à caractère raciste .


Non , ces terres doivent être rétrocédées d’abord et avant tout .Ce qui n’exclut, nullement, une possibilité ultérieure de compromis , basé sur un nouveau partenariat entre les occupants actuels et les proprietaires légitimes ; mais après seulement que le droit fùt dit ; après seulement que le droit de proprieté – reconnu par la constitution- ait été clairement réaffirmé et rétabli.


J’entends déjà des voix s’élever , indignées ! Je les entends- ces mêmes et leurs alliés prets à tous les compromis (processuels)-crier que ce serait là “régler des problèmes pour en créer de nouveaux ”… Du tout !

Mais en fait, que veut –on ? Souhaite-t-on aller vers une reconciliation propre ou bâclée? Cherche-t-on réellement à éliminer définitivement tout risque de foyer futur , ou voudrait -on ,au contraire, laisser ce feu couver sous les cendres ?

Il faut choisir , et choisir nettement .

Une reconciliation propre suppose de gommer toute trace de frustration ,toute source de ressentiments , tendre vers ce que disait Sidioca dans son message à la nation , à savoir “faire de sorte que la République les traite( ces mauritaniens ) sur un même pied d’égalité “,… que “l’Etat répare équitablement les injustices subies” (par ces victimes des années de braises) .


Rendre les terres et les villages est la seule voie juste qui gomme les ressentiments, la seule qui conduise vers la paix des coeurs et des esprits , voire à la stabilité souhaitée .

S’il y’a à indemniser ça devrait être les hommes d’affaire et non pas les paysans !

A charge pour eux de trouver un modus vivendi avec le Gouvernement .

Peu importe les sommes colossales investies sur ces terres , par ces hommes d’affaire !

Elles l’avaient été dans la négation du droit . Ces millions d’ouguiya investis ne donnaient ,de toute façon , aucune légitimité à l’occupation !

Ils savaient , ces hommes d’affaire , qu’ils s’associaient là , à une entreprise secrète de spoliation planifiée, injuste . Ils auraient dù prevoir que cette injustice commise pourrait un jour être rattrapée , réparée. Ils auraient dû mesurer ce qu’ils risquaient .

Alors qu’ils assument et s’assument !

Enfin l’experience récemment vécue en terre de Palestine milite en faveur de cette approche de rendre ces terres .Du moins pour ceux pour qui l’experience des autres est porteuse d’enseignement .

Nous avons encore tous en mémoire ces images , vives et bouleversantes de l’Armée israelienne évacuant ces colons israéliens en pleurs à Gaza et W Bank, qui dansent encore devant nos yeux. .

Rappelons que des gouvernements Israeliens avaient établi , à travers les sionnistes , des colonies de peuplement sur la terre palestinienne . Une terre qui n’était pas la leur .

Pour les mêmes raisons , à savoir modifier l’équilibre démographique en faveur des juifs; à cette difference toutefois qu’en Mauritanie, on procéda d’abord à la dénégrification .

Ce sont ces mêmes gouvernants juifs qui ont démantèlé ces mêmes colonies . Ils avaient logé des juifs dans ces territoires , il les en ont délogés aujourd’hui , par la force des choses.



En Mauritanie aussi il y’eut Ould Taya qui fit repeupler les villages négro-africains, octroyer injustement les terres de la vallée ; eh bien , il appartiendra à Sidy de corriger cet arbitraire du Système .Si tant est qu’il reste, comme il se réclame , ‘’attaché à l’établissement d’un Etat de droit’’ .

IL faut dire que par la solution du seul aspect du dossier des refugiés, aussi positive qu’elle fùt , on aura réussi , tout juste , à cicatriser la face externe de la plaie .Il faudra , en plus, que la face interne de la plaie , c’est à dire le passif, fùt également pansée , pour réussir l’apaisement ou créer les conditions de reconciliation des coeurs .



Ce réglement du passif , à mon sens , devrait s’appuyer sur cette triple dimension évoquée, si j’ai bonne mémoire , dans le memorandum des Flam ; le refus de l’impunité -comme moyen dissuasif devant nous préserver d’une éventuelle répétition dans le futur- , la nécessité du pardon des victimes - afin de retrouver la confiance (perdue) dans la volonté du vivre ensemble -, et enfin , réparations et exigences de verité ,- comme compassion morale et materielle obligée à l’endroit des victimes , reconnues comme telles -.

Il ne faudrait pas vouloir solder ce passif en le passant par perte et profit .Surtout pas faire de sorte , comme dirait A Mbembe** , que l’indulgence pour les criminels l’emporte sur la pitié de crucifiés .

Il serait déplacé , voire indécent , de vouloir demander à une victime de pardonner un auteur de crime qui n’éprouvait ni regret ni répentance .

Telle me semble être la meilleure manière de traiter cette plaie ,… sans sequelles .

Enfin , dernière étape - capitale à mon sens pour ne pas s’arrêter à mi-chemin sur la voie de la reconciliation véritable- , de la consolidation réelle de l’unité nationale et de la stabilité définitive : il nous faudra alors nous attaquer , enfin, à la cause profonde de cette plaie infectée . Cause éminemment politique , à la base de tous les maux , de tous nos maux : la question de Cohabitation , à repenser ensemble . Pour la préservation du pays .

Il nous faut oser avancer si nous voulons construire ce devenir en commun.

Telle est la voie de la sagesse et du bon sens , me semble t-il .

* Ouvrage absolument à lire .


Bokar Muusa ecrit à propos de la depossession des paysans de la vallée ..page 265

<<Dans le domaine foncier, il s’agissait ni plus ni moins (que) de déposseder les paysans du bassin du fleuve , au bénéfice des hommes d’affaires en premier lieu venus du nord, au grand détriment des populations locales negro-africaines surtout …>>

Expliquant par quel mecanisme ce phenomene fut mis en oeuvre , voilà ce qu’il ecrit :

<< De nombreux Tajakants (Guerrou) se seraient rendus dans l’un des pays voisins où l’un des leurs occupait le poste de Directeur de l’école nationale d’Administration. Ils sont revenus , 2 ans plus tard, avec des diplômes d’Administrateurs.En 1985 le Ministre de l’interieur , face aux pressions tribales (tajakant) signe un accord avec eux , par lequel il acceptait d’incorporer leurs administrateurs dans la fonction publique , et de les affecter au Sud, dans le bassin du fleuve . Voilà pourquoi 30 % du corps des Adminitrateurs sont Tajakants .Tous les petits commerçants sont devenus depuis , des Gouverneurs et Prefets >>.

Qui l’eut cru venant de BBm –mnd , à qui , dans ce livre, ces notes ont ete pretées, toujours prompt à taper sur les Flam !

Double langage , tenu ici et là, vous l’aurez constaté … trenchant et presque radical à l’exterieur , frileux , calin et presque complice du Systeme à l’interieur . A preuve , l’esquive pour ne pas dire la fuite devant la provocation outranciere recente de O Bredelleil. .Là reside sa difference radicale avec Gourmo qui, lui au moins , ne recule pas… lorsque la confrontation devient inevitable .

Avec un tel discours le mnd /ufp continue à nier que la question nationale est devenue prioritaire ?

Le Discours sur

l’imperialisme et la lutte des classes du Mnd en Mauritanie relève du choix pour un discours facile et sans epines et , en fait d’une strategie de fuite en avant .

**Achille Mbembe , intellectuel hors pair , à ne pas confondre avec un de ses mauvais disciples mauritanien , ex- tireur embusqué de Conscience et resistance sous couvert du “ penseur libre “, reconverti en chroniqueur politique , ou plutot en donneur de leçons de politique !

Qui use et abuse encore de la theorie éculée “des deux extremismes ” du Mnd , dementie tous les jours par les faits .

… Qui de la berge d’où il se tient voudrait diriger la barque des combattants …

Qui soutient que les choses ont change en Mauritanie , plaide pour le retour de l’opposition “radicale” , …et curieusement se declare, … exilé volontaire !

Qui choisit de postuler dans des université ’etrangeres plutot que de mettre à la disposition de son pays ses competences et son savoir faire dès lors que les choses ont changé ! .

Telle est cette catégorie d’individus- que décrivait si bien H Troyat- …“qui discutent en révolutionnaires et préparent tranquillement leur avenir en bons fils de famille ”


Lundi 6 Juillet 2009
Boolumbal Boolumbal
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