Crise politique:Dakar continue la manœuvre



Crise politique:Dakar continue la manœuvre
En dépit d’une campagne électorale pour le scrutin présidentiel du 6 juin 2009, qui continue son bonhomme de chemin avec certes une forte dose d’insipidité, le président Abdoulaye et la communauté internationale ne baissent les bras en vue de trouver une solution de sortie de crise en Mauritanie. Est-ce qu’il est encore possible de rêver d’une solution ou s’agit-il tout simplement d’une manœuvre supplémentaire du Sénégal et certains pays amis de la ‘’rectification’’ pour permettre à Aziz de bien se mettre en selle?

Des questions que beaucoup de monde pose devant l’inefficacité de la médiation sénégalaise qui fait trop parler sans vraiment arriver à un résultat positif.

De ce point de vue, les pays réputés favorables (de manière apparente ou cachée) à la junte au pouvoir depuis le coup d’état du 6 août 2008 (Sénégal, Libye et France et, apparemment l’Algérie) semblent décidés à mener encore une ultime « bataille » avant une « fatidique » qui arrive à toute vitesse.
C’est dans cette volonté de non renonciation à faire la paix des braves entre protagonistes de la crise politique et institutionnelle prévalant dans notre pays depuis prés de dix mois, que le président Abdoulaye Wade, médiateur avec l’appui de l’Union Africaine (UA), des Nations Unies et de toute la communauté internationale, tente de réunir toute la classe politique à Dakar. Des cartons d’invitation ont été lancés au camp du général Mohamed Ould Abdel Aziz d’un côté, au Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) et au Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) de l’autre. Pour une espèce de troisième round des négociations dans le cadre d’une rencontre prévue le mardi 26 mai ou mercredi 27.
Les deux manches précédentes se sont déroulées à Nouakchott au cours de la dizaine écoulée sans réelles avancées sur les questions de fonds. Elles ont juste permis de briser le mur psychologique de l’absence de dialogue et d’établir le constat d’un désaccord récurrent sur tous les points de divergences au-delà de la volonté de négociation purement théorique proclamée par les uns et les autres.
Les contours de la nouvelle initiative sénégalaise, déjà évoquée vendredi dernier juste avant son départ de Nouakchott par le ministre d’état, ministre des affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, émissaire spécial du médiateur, restent encore flous pour de nombreux observateurs.
Toutefois, elle consisterait en un report du scrutin présidentiel fixé au 6 juin prochain, formation d’un nouveau gouvernement «moins marqué» avec un premier Ministre «neutre» et d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) «consensuelle» selon certaines indiscrétions.
Reste l’importante question liée au crédit que les différentes parties à la crise peuvent encore apporter à une dernière tentative intervenant dans un contexte politique marqué par la volonté de passage en force des militaires pour se prévaloir très prochainement d’une «légitimité» des urnes que le RFD et le FNDD vont continuer à contester.
A cet «unilatéralisme» affichée par la junte s’ajoute également la «méfiance» des anti-putsch qui peuvent assimiler l’acharnement thérapeutique de la médiation sénégalaise et internationale à une «manœuvre» habile visant à rendre le pouvoir militaire actuel fréquentable et l’aider à réussir une mue crédible en ordre constitutionnel.




Plusieurs scénarios prévisibles


L’invitation lancée par le président médiateur indique que chaque chapelle politique doit envoyer cinq représentants dans la capitale sénégalaise, avec un plénipotentiaire disposant de larges pouvoirs et prérogatives notamment la perspective de signature d’un accord hypothétique.
Même au bord du découragement et de la renonciation face à une crise devenue un casse tête de tous les diables pour les acteurs nationaux et la communauté internationale, il est fort probablement que tous les invités se rendent à Dakar. Personne ne voudrait ainsi endosser la responsabilité de l’échec de la tentative de la dernière chance.
Surtout pas la junte, en fait le camp du chef de l’état démissionnaire et candidat à la présidentielle du 6 juin prochain, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a réussi un glissement « positif » avec les ultimes négociations focalisées sur l’organisation du scrutin et non plus sur la mise en échec du putsch du 6 août 2008.
Ce qui naturellement représente une incontestable amélioration de l’image du nouveau pouvoir en quête de reconnaissance internationale.
Cependant, le chemin reste encore long pour le pouvoir issu du coup de force, qui au-delà d’un 6 juin 2009 dénué d’enjeu, devra continuer une Mauritanie avec un régime traînant un déficit de « légitimité » politique pour de nombreux partenaires, privée de l’aide non humanitaire de nombreux états et organisations……
Une manière de dire que la « bataille » entre le pouvoir actuel et la coalition informelle FNDD-RFD ira bien au-delà du scrutin du 6 juin.
Resterait encore une petite lueur sous la forme d’un report « unilatéral » de trois semaines ou d’un mois, histoire pour le général de montrer toutes « les bonnes dispositions » en vue d’arriver à un accord et le sens du « sacrifice ».
Tout porte à croire que la rencontre annoncée de Dakar ne produira pas de miracles. Elle ne sera, vraisemblablement, qu’une nouvelle occasion perdue pour la Mauritanie, pour la simple raison que depuis son lancement la médiation sénégalaise, en dépit des attentes réelles qu’elle avait suscitées dans l’opinion et des nombreux déplacements et déclarations du ministre Gadio, tournait autour du problème sans jamais vouloir l’attaquer frontalement. Carence de la médiation ou manœuvre de ses initiateurs, celle-ci est restée au point départ: aucune avancée sur aucun des points à l’ordre du jour et un éloignement continu des positions des deux camps.
En un seul mot et sans désir de méchanceté, la médiation de nos honorables voisins, explique un observateur, ressemble à ce bateau qui donne le mal de mer mais qui ne bouge pas.



Koucheka


Mardi 26 Mai 2009
Boolumbal Boolumbal
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