Crise politique: Impasse dans la médiation, cap sur le 6 juin

Les derniers développements de la crise politique et institutionnelle prévalant en Mauritanie depuis le coup d’état du 6 août 2008 renvoient à une véritable impasse débouchant sur l’élection présidentielle unilatérale de la junte prévue le 6 juin 2009 comme unique alternative. Même si les sénégalais déclarent avoir une phase II de la médiation, les chances d’un compromis pour le règlement de la crise demeurent très minces. Atypique, morose et sans saveur, la campagne électorale a cependant débuté jeudi à minuit pour Kane Hamidou Baba, Sarr Ibrahima Moctar et Saghair Ould M’Bareck.



Crise politique: Impasse dans la médiation, cap sur le 6 juin

Le général Mohamed Ould Abdel Aziz, chef de la junte et chef de l’Etat démissionnaire depuis le 15 avril dernier pour les besoins de sa candidature, a marqué une petite pause de 24 heures « pour donner la chance à la négociation » avant de se lancer dans « la bataille » à partir de Kiffa. On ne veut pas, dans son entourage faire du Maouiya, mais ça y ressemble, tout de même. Surtout en utilisant comme « rampe » les populeuses régions de l’Est, région considérée, à tort ou à raison, comme un vivier électoral. Ce qui ramène en surface les souvenirs de la « bonne » vieille époque de Taya dont le général est considéré comme « l’héritier objectif » du système par de nombreux observateurs. Une comparaison, peu flatteuse, avec un héritage de ‘’gabegie’’ qu’il déclare pourtant combattre.
Revenu à Nouakchott lundi soir pour relancer des pourparlers en difficultés et qui donnent de n’avoir jamais quitté la case départ, le ministre d’état, ministre des affaires étrangères du Sénégal, Cheikh Tidiane Gadio, émissaire spécial du président Abdoulaye Wade, médiateur dans la crise politique et institutionnelle en Mauritanie, a marqué une pause en attendant l’arrivée d’un « renfort ». Pendant sa première soirée (lundi soir) dans notre capitale, le chef de la diplomatie sénégalaise reçoit juste le vice président du Sénat, Mohsen Ould Hadj, personnage haut en couleur de la ‘’rectification’’. On assure, cependant, que le médiateur a eu beaucoup de contacts par téléphone.
La délégation de l’Union Africaine (UA) arrive avec le mardi. Avec notamment le président du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS/UA), Ramadan Lamamra, représentant le président de la commission de l’Union Africaine (UA), Jean Ping, et l’envoyé spécial du Guide libyen, le colonel Mouammar El Kadhafi, président en exercice de l’Union Africaine (UA), qui a dépêché sur place Ravi Madani. Ce haut responsable libyen, déjà connu à Nouakchott pour avoir effectué la première envoyée par Kadhafi dans le cadre de la recherche de solution à la présente crise. Une tentative malheureuse, de laquelle n’est resté dans l’esprit des mauritaniens que le show de la prière du guide et, surtout, sa maladresse comme médiateur lorsqu’il avait tenté, sans autre forme de procès, d’obliger les partenaires politiques à se faire embarquer dans le calendrier de la junte.
Le représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en Afrique de l’Ouest, Said Djinit, est arrivé, quant à lui, dans notre capitale le même jour que le ministre d’Etat, Gadio.
Une fois l’équipe au complet, le premier acte posé est une réunion interne du groupe des médiateurs pour arrêter un plan de travail.
Le groupe rencontre par la suite le président du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), Ahmed Ould Daddah, chef de file institutionnel de l’opposition, et Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), assurant alors la présidence tournante du Front national pour la Défense de la Démocratie (FNDD). Au menu, une longue séance travail. Episode suivi, l’après midi, d’une visite au QG du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz.
Pendant cette première journée, rien n’a filtré par rapport au plan de sortie de crise concocté par les médiateurs et, apparemment, approuvé par Mohamed Ould Abdel Aziz.




Un plan de sortie de crise


La journée du mercredi 20 mai est marquée par une nouvelle visite de l’équipe de la médiation aux forces politiques anti-putsch avec, pour la première fois, la soumission d’un plan de sortie de crise préparée par la médiation sénégalaise avec la bénédiction de la communauté internationale, ou du moins ce que déclarent les sénégalais et ce que laisse paraître la composition de la délégation internationale qui le négociait aux côtés de l’envoyé de Wade.
Les grandes lignes de cette solution consensuelle de sortie de crise proposée aux protagonistes de la crise mauritanienne sous la forme d’un accord politique comportant « une transition courte et bien organisée » conduisant vers un scrutin présidentiel le 11 juillet « pour le retour à l’ordre constitutionnel » (voir encadré).
Une option induisant la question essentielle d’une élection libre, ouverte, régulière et transparente et crédible (fichier électoral, traitement des candidats par les médias d’état, neutralité de l’administration, observation de l’ensemble du processus électoral par la communauté internationale).
Dans le cadre de l’application de ce consensus, Il est prévu la démission du président renversé, Sidi Mohamed Ould Cheikh, suivie de la formation d’un gouvernement d’Union Nationale et d’une CENI consensuelle.
Sommée de répondre séante tenante, l’opposition demande du temps pour préparer la réponse.
Celle-ci intervient sous la forme de contre proposition pour une présidentielle à organiser le 16 octobre ou 6 novembre prochains, avec des questions liées au pouvoir et rôle du gouvernement de transition, l’avenir du HCE, les formes de la démission de Sidi.
Au moment où le camp anti putsch s’employait à parfaire sa copie de réponse à la proposition de la médiation, les négociateurs décident de s’en aller. Un départ qui est, malgré les déclarations plus ou moins optimistes de Gadio et Lamamra, synonyme d’échec de leur mission de médiation.
Ets-ce la fin de l’espoir nourri jusqu’ici d’une solution consensuelle? Est-ce que le président a baissé complètement les bras? Est-ce qu’il est encore envisageable pour Ould Abdel Aziz de renoncer à un agenda dont la mise en application avait déjà commencé ?
Beaucoup d’interrogations auxquelles le président Wade répond par l’affirmative. Il envisage, en effet, d’inviter les belligérants ou leurs représentants, à un nouveau round de négociations à Dakar.
Patient et tenace, le vieux président sénégalais qui a longtemps attendu pour gagner le poste de président du Sénégal, ne se décourage pas et continue de tenter ‘’l’impossible’’.



Koucheka

source: Biladi



Dimanche 24 Mai 2009
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