Dans un article que j’avais écrit le 15 juin dernier, je mettais en exergue l’échec des accords de Dakar 1 et posais la question de savoir s’il y aurait un Dakar 2. La réponse est hélas oui. En effet, nos chers médiateurs ont de nouveau décidé de jouer aux sapeurs pompiers face à ce qu’il faut bien appeler un véritable cul-de-sac politique. Les intentions de notre voisin sénégalais et du groupe de contact sont sans doute bonnes, mais, malheureusement, je crains encore une fois, que l’on ne soit engagé dans un sans-issue qui nous pousserait à envisager un nouveau report de l’élection présidentielle. D’ailleurs, il sert à quoi de fixer un calendrier que l’on ne peut pas respecter ? La communauté internationale a bien lancé une sommation aux autorités de Nouakchott afin que la date du 18 juillet soit scrupuleusement respectée. Si ce n’était pas le cas, que ferait-elle ? Va-t-elle se résoudre à demander l’application de l’internationalisation des sanctions ciblées aux auteurs du coup de force du 6 août ? Ou va-t-elle se lancer dans d’interminables missions de bons offices pour se donner bonne conscience ? Soyons sérieux 2 secondes. Nous constatons que tous les ingrédients d’une crise à durée indéterminée sont réunis et nous ne pouvons malheureusement pas en prévoir les conséquences. Tout ce que l’on peut affirmer avec certitude, c’est que le doute s’est installé dans l’esprit de nos concitoyens qui se demandent s’il ne valait pas mieux maintenir la date du 6 juin avec ses imperfections et ses desiderata.
Nous voilà donc aujourd’hui à Dakar 2 depuis quelques jours et on espère naïvement que les véritables problèmes de la jeune et balbutiante démocratie mauritanienne, si on peut encore l’appeler ainsi, seront débattus sans détour. Les sources de friction et de mésentente sont nombreuses. On parle de la dissolution du HCE comme condition nécessaire à l’instauration d’une véritable démocratie et au retour de la paix civile. Je ne suis pas certain que les tenants de cette thèse aient bien compris le problème, car le HCE pourrait disparaître que cela ne changerait pas fondamentalement le problème. En effet, si les germes même de la création de cette structure continuent à exister sous une forme ou une appellation différente, il va sans dire que nous ne verrons pas le bout du tunnel de sitôt. De deux solutions l’une : soit on dissout complètement le HCE en prenant le risque de voir l’armée, ou ses têtes pensantes, se révolter et nous plonger dans une situation de crise à la Soudanaise, c’est-à-dire avec des bombes à retardements qui nous pendent au nez en permanence. Ou alors, on essaie de « composer » avec cette institution qui n’est pas née en réalité avec le changement du 6 août 2008, mais bien avant, probablement depuis un certain 10 juillet 1978, soit depuis 30 ans et on sait que les habitudes ont la tête dure. Cet accommodement aurait l’avantage de faire avancer les choses en douceur et de convaincre les chefs de notre armée de se retirer gentiment, si tant est que c’est possible, de la chose politique.
Le réalisme nous pousse à admettre que, si confrontation il y a aujourd’hui entre l’armée et la classe politique, la Mauritanie y sera perdante. La classe politique aussi, car divisée qu’elle est, elle n’a pas su saisir la balle au bond au moment de l’entre-deux tours de mars 2007. Car, si Messaoud et Zeïne avaient été des visionnaires à ce moment là, ils auraient, en plus de Ibrahim Sarr, pu permettre au candidat du RFD, un civil, de s’installer au pouvoir. Ce qui ne veut pas absolument pas dire que d’autres problèmes de gouvernance n’auraient pas surgi. Au moins, je pense que les risques d’ingérence de l’armée auraient été considérablement réduits, ce qui nous aurait évités de nous retrouver à Dakar aujourd’hui pour disserter sur le statut de l’armée. Mais voilà, Messaoud et Zëine, malgré toutes leurs qualités, ne sont pas des visionnaires, pas plus d’ailleurs que ne le sont les autres négociateurs de Dakar 2.
Pour ce Dakar 2, il ne faut pas se faire d’illusions. Dakar 1 a été un échec, Dakar 2 le sera aussi. Ne serait-ce que parce qu’il écarte des négociations, encore une fois, des candidats à la présidentielle du 18 juillet, Ibahim Sarr, Sghaïer O. Mbareck et celui qui symbolise l’avenir et l’espoir de notre pays, en l’occurrence KHB. Dakar 2 sera un échec parce que les positions sont trop tranchées, presque opposées, et le conflit d’intérêts va encore grandement peser dans la balance. Et puis, un nouvel accord pourrait être signé à Dakar 2, de la même veine que celui qui a été signé en 1993 entre Israéliens et Palestiniens, sans que l’on soit sûr d’être sortis de l’auberge. Rappelez-vous cette fameuse poignée de main le 13 septembre 2003 à Oslo entre Yasser Arafat, paix à son âme, et Itzhak Rabin. Malgré de sérieuses avancées, cette paix de façade entre frères ennemis nous a démontré que, entre les professions de foi et la Realpolitik, il y a un gigantesque fossé dont les négociateurs de Dakar 2 devraient tenir compte. La Mauritanie a besoin de tous ses fils pour se construire, ou se reconstruire, c’est selon. Personne n’a le droit de jouer avec l’avenir de nos enfants et il est inutile de nous berner avec des accords sans aucune portée ni signification durable.
Si malheureusement, l’élection du 18 juillet devait à nouveau être repoussée, il faudrait à ce moment là que nous nous préparions psychologiquement à vivre une longue période d’instabilité et de souffrance en tous genres. Auquel cas les responsabilités historiques seraient partagées entre les protagonistes de Dakar 1 et 2, ce qui, d’office, ferait de la bande dite des 3 pôles des candidats non crédibles à une présidentielle.
M. Cheikh Tidiane DIOUWARA
Source: riminfo
Nous voilà donc aujourd’hui à Dakar 2 depuis quelques jours et on espère naïvement que les véritables problèmes de la jeune et balbutiante démocratie mauritanienne, si on peut encore l’appeler ainsi, seront débattus sans détour. Les sources de friction et de mésentente sont nombreuses. On parle de la dissolution du HCE comme condition nécessaire à l’instauration d’une véritable démocratie et au retour de la paix civile. Je ne suis pas certain que les tenants de cette thèse aient bien compris le problème, car le HCE pourrait disparaître que cela ne changerait pas fondamentalement le problème. En effet, si les germes même de la création de cette structure continuent à exister sous une forme ou une appellation différente, il va sans dire que nous ne verrons pas le bout du tunnel de sitôt. De deux solutions l’une : soit on dissout complètement le HCE en prenant le risque de voir l’armée, ou ses têtes pensantes, se révolter et nous plonger dans une situation de crise à la Soudanaise, c’est-à-dire avec des bombes à retardements qui nous pendent au nez en permanence. Ou alors, on essaie de « composer » avec cette institution qui n’est pas née en réalité avec le changement du 6 août 2008, mais bien avant, probablement depuis un certain 10 juillet 1978, soit depuis 30 ans et on sait que les habitudes ont la tête dure. Cet accommodement aurait l’avantage de faire avancer les choses en douceur et de convaincre les chefs de notre armée de se retirer gentiment, si tant est que c’est possible, de la chose politique.
Le réalisme nous pousse à admettre que, si confrontation il y a aujourd’hui entre l’armée et la classe politique, la Mauritanie y sera perdante. La classe politique aussi, car divisée qu’elle est, elle n’a pas su saisir la balle au bond au moment de l’entre-deux tours de mars 2007. Car, si Messaoud et Zeïne avaient été des visionnaires à ce moment là, ils auraient, en plus de Ibrahim Sarr, pu permettre au candidat du RFD, un civil, de s’installer au pouvoir. Ce qui ne veut pas absolument pas dire que d’autres problèmes de gouvernance n’auraient pas surgi. Au moins, je pense que les risques d’ingérence de l’armée auraient été considérablement réduits, ce qui nous aurait évités de nous retrouver à Dakar aujourd’hui pour disserter sur le statut de l’armée. Mais voilà, Messaoud et Zëine, malgré toutes leurs qualités, ne sont pas des visionnaires, pas plus d’ailleurs que ne le sont les autres négociateurs de Dakar 2.
Pour ce Dakar 2, il ne faut pas se faire d’illusions. Dakar 1 a été un échec, Dakar 2 le sera aussi. Ne serait-ce que parce qu’il écarte des négociations, encore une fois, des candidats à la présidentielle du 18 juillet, Ibahim Sarr, Sghaïer O. Mbareck et celui qui symbolise l’avenir et l’espoir de notre pays, en l’occurrence KHB. Dakar 2 sera un échec parce que les positions sont trop tranchées, presque opposées, et le conflit d’intérêts va encore grandement peser dans la balance. Et puis, un nouvel accord pourrait être signé à Dakar 2, de la même veine que celui qui a été signé en 1993 entre Israéliens et Palestiniens, sans que l’on soit sûr d’être sortis de l’auberge. Rappelez-vous cette fameuse poignée de main le 13 septembre 2003 à Oslo entre Yasser Arafat, paix à son âme, et Itzhak Rabin. Malgré de sérieuses avancées, cette paix de façade entre frères ennemis nous a démontré que, entre les professions de foi et la Realpolitik, il y a un gigantesque fossé dont les négociateurs de Dakar 2 devraient tenir compte. La Mauritanie a besoin de tous ses fils pour se construire, ou se reconstruire, c’est selon. Personne n’a le droit de jouer avec l’avenir de nos enfants et il est inutile de nous berner avec des accords sans aucune portée ni signification durable.
Si malheureusement, l’élection du 18 juillet devait à nouveau être repoussée, il faudrait à ce moment là que nous nous préparions psychologiquement à vivre une longue période d’instabilité et de souffrance en tous genres. Auquel cas les responsabilités historiques seraient partagées entre les protagonistes de Dakar 1 et 2, ce qui, d’office, ferait de la bande dite des 3 pôles des candidats non crédibles à une présidentielle.
M. Cheikh Tidiane DIOUWARA
Source: riminfo