De la démocratie communautaire ?



De la démocratie communautaire ?
A l’évidence, ce qui manque à ce pays c’est l’élément régulateur. Il est quasi inexistant. On doit s’abreuver d’un modèle régulateur et commun, un modèle qui colle avec la réalité socioculturelle du pays. S’agit-il, en attendant l’émergence d’une vraie société civile, d’un communautarisme qui puise sa force du tribalisme ? Comment tirer profit d’un tel système afin d’attaquer les sources du dysfonctionnement social de chez nous, notamment : l’éduction, la santé, l’emploi etc. ? Telles sont les questions de fond. Telles sont, aussi, les questions d’urgence qui doivent être abordées le plus tôt possible.

Ainsi, le concept du consensus constitutionnel se situe-t-il au centre du débat national en Mauritanie. Et qui dit consensus évoque certainement la concertation. Cependant, le processus démocratique, une fois engagé, la concertation politique doit être évitée, car le jeu démocratique, lui-même, suppose divergence d’opinions. Curieusement, le fondement de ce même jeu se manifeste à travers un mécanisme guidé par l’idéal de la justice sociale.

Présentement, les sources du blocage de la finalisation des accords de Dakar qui prévoyaient la fin de la crise constitutionnelle issue du coup de force de l’armée semblent être dues à la retouche de la dernière minute. Sidi ould Cheikh Abdellahi, Président déchu, aurait exigé une dissolution du Haut Conseil d’Etat.

Sur le plan politique, ce qu’il nous faut en cette période, c’est une démocratie communautaire. Telle démocratie suppose des élections « sélectives pour désigner l’autorité repère du Sens du bien commun », écrit déjà l’humaniste Roger Nifle. Et sur le plan économique, elle repose sur « la production et l’échange de biens et services au sein d’une communauté d’enjeu. Les valeurs économiques se mesurent sur les échelles de valeurs caractérisant le Sens du bien commun et ses valeurs de référence. Elle suppose des régulations communautaires, intra et intercommunautaires ».

Culturellement, « chaque groupement tribal est appelé à développer ses modes de vie selon sa culture et à cultiver ses potentiels et ses talents selon une vocation propre, au service de l’accomplissement des personnes et des groupes qui le constituent. Il est appelé à un développement approprié et donc durable, en cultivant les valeurs qui expriment son Sens du bien commun »

En effet, la démocratie communautaire est une notion constituant un socle nécessaire du dépassement du blocage politique de chez nous. Celui-ci n’était qu’une manifestation d’une réalité amère alimentée par une pauvreté pouvant mettre en cause le fondement de la stabilité sociale de la troisième République. Il avait comme source un fonctionnement communautaire négativement exploitée et intégrant difficilement les principes d’une liberté responsable permettant de reconnaitre la dignité, la fraternité. Cette démocratie doit être un héritage basé sur l’expérience de notre passé, qui a été, d’ailleurs, depuis son avènement régulé par le pouvoir central et tout ce qui gravite autour de lui. Elle était pour ainsi dire la résultante d’un dosage politico-clanique affectant la condition sociale d’une population vulnérable avoisinant, selon les statistiques officielles, 45% des citoyens. Elle n’assure que péniblement le strict minimum de ses besoins élémentaires. Elle est, tout simplement, classée mondialement dans la catégorie touchée par la stricte pauvreté. Voilà en résumé le diagnostic passé et présent de la situation socio-économique du pays. Qu’en est-il de notre devenir?

m_barrada@yahoo.fr


Source: La Tribune


Mardi 16 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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