Entretien avec Mamadou Wane, Porte-parole du Comité Directeur des Réfugiés au Sénégal



Entretien avec Mamadou Wane, Porte-parole du Comité Directeur des Réfugiés au Sénégal
Instituteur de formation, déporté depuis 1989 au Sénégal, Mamadou Wane est le porte-parole du Comite Directeur des refugiés au Sénégal. Nouakchott Info s’est entretenu avec lui au sujet de l’Accord cadre de Dakar, signé entre les trois grands pôles politiques mauritaniens, mais aussi sur les opérations de retour au bercail continu des mauritaniens réfugiés au Sénégal, le règlement, en mars dernier, du passif humanitaire, les présidentielles à venir, etc.

Que vous inspire l’Accord conclu à Dakar entre les trois grands pôles politiques mauritaniens et pensez-vous qu’il règle définitivement la crise politique et institutionnelle?

Mamadou Wane: C’est avec une grande satisfaction que la communauté des réfugiés mauritaniens au Sénégal a accueilli l’accord conclu le 02 Juin à Dakar entre les représentants des trois grands pôles de l’opposition. C’est un pas décisif engagé et souhaitons que la même volonté de dépassement continue d’animer tous les acteurs de la vie politique pour privilégier les intérêts de la Mauritanie.

D’aucuns pensent qu’avec les opérations de retour au bercail continu des mauritaniens longtemps réfugiés au Sénégal (déjà plus de 10.000 ont été rapatriés) et le règlement du passif humanitaire en mars dernier, la Mauritanie est bien lancée sur la voie de réconciliation. Qu’en dites-vous ? M.W. : On ne peut ne pas reconnaître que ce sont là des pas importants dans la voie de la réconciliation nationale, cependant beaucoup reste à faire. D’abord pour les opérations de rapatriement (dossier réfugiés), même si on note une volonté manifeste de l’ANAIR d’améliorer les conditions de réinsertion des manquements graves persistent encore au niveau de l’état civil, de l’éducation, de la santé, et des conditions de l’habitat …
Comment comprendre que plus d’un an après leur retour, certains citoyens ne sont pas encore en possession de leurs papiers d’état civil, ce qui engendre de grandes difficultés pour les déplacements…) . Le cas de l’habitat continu de poser un sérieux problème et nous l’avions déjà souligné lors de la première tournée du Président du Comité, Mr Abou Djigo dans les sites en Mai 2007, avec des propositions à l’appui.
Toujours dans le sillage des manquements, la question des terres -question grave et explosive, source de conflits dans certaines zones-, n’a pas connu d’avancée (le cas du village de Fada, rapatrié récemment dans le Trarza, département de R’kiz en est un exemple type).
Si aussi l’insertion est une étape nécessaire, l’indemnisation (fonctionnaire – éleveur) de façon globale reste à clarifier.

Ainsi il convient de fournir dans les meilleurs délais, les pièces d’état civil à toutes les personnes déjà sur le territoire national et de renforcer l’organisation dans ce volet administratif ; de concevoir un type d’habitat plus décent et mieux adapté aux populations ; de réactiver les commissions départementales, régionales et nationales pour le règlement de la question des terres et de l’indemnisation. Pour le passif humanitaire, là aussi un acte salutaire a été posé. Un début de solution est en cours mais, à notre avis au comité, on ne peut régler définitivement ce dossier sans faire la lumière sur ce qui s’est passé.

L’ancien président du HCE et désormais candidat à la présidentielle du 18 juillet prochain, Mohamed Ould Abdel Aziz y est pour quelque chose dans cette nouvelle donne de réconciliation nationale, à la fois politique et sociale. Quel jugement portez-vous sur l’homme, son règne aussi bref a-t-il été de l’homme (6 août 2008-15 avril 2009) et ses ambitions présidentielles?

M.W. : Au niveau du comité directeur des réfugiés, nous nous gardons de juger l’homme politique et mettons en avant la réhabilitation de tous nos droits légitimes spoliés.

La communauté négro-mauritanienne, surtout à l’étranger, est très courtisée depuis le lancement de la campagne présidentielle d’abord prévue le 6 juin puis reportée à présent pour le 18 juillet. Sarr Ibrahima, Kane Hamidou Baba pour ne citer que ceux-là, ont fait le voyage en Europe et même aux USA pour lui faire les yeux doux. Cela fera-t-il basculer celle-ci au niveau de la Vallée par exemple ?

M.W. : Je puis vous dire qu’au Sénégal, nous n’avons pas rencontré ces hommes politiques dont vous parlez ; maintenant sur la foi des nouvelles provenant de l’Europe et des Etats-Unis, il semblerait que la communauté négro-mauritanienne ne s’est pas inscrite massivement sur le fichier électoral. Cela signifie ce que cela signifie. Enfin, je pense que les gens se déterminent en fonction des hommes politiques qui portent leurs aspirations, leurs revendications.

Propos recueillis par Mohamed Ould Khattatt
Nouakchottinfo

Source: Rminfo




Samedi 4 Juillet 2009
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