Formation du nouveau gouvernement: Objectif le 18 juillet

Attendue une première fois le samedi 6 juin, puis décalée au lundi, la composition du Gouvernement Transitoire d’Union Nationale (GTUN), produit de l’accord cadre pour un retour inclusif à l’ordre constitutionnel signé le 2 juin dernier à Dakar, a été finalement rendue publique mardi en fin d’après midi. Un épisode survenu après la « victoire » des médiateurs et facilitateurs face aux dernières réticences du président renversé, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.



Formation du nouveau gouvernement: Objectif le 18 juillet
Le vieux qui tenait absolument à ce que « la bourrasque » de l’accord de la capitale sénégalaise emporte à jamais le machin « anticonstitutionnel » dénommé Haut Conseil d’Etat (HCE), véritable avatar d’un coup de force, et même le retour pur et simple du Bataillon de Sécurité Présidentielle (BASEP)- auteur de deux coups d’état réussis en moins de quatre ans- sous le commandement unique de l’état-major national.
Des revendications qui conditionneraient sa démission constitutionnelle par ailleurs tout à fait légitimes, mais qui ont failli faire capoter la mise en œuvre de l’accord cadre, et dont les inspirateurs tirant les ficelles dans l’ombre, seraient des cadres de l’entourage du vieux, communément désignés sous le nom de Groupe du Niger et autres personnes qui s’étaient liées au président et à sa famille.
En fait, il semblerait que certains milieux « raisonnables » du FNDD auraient également fait pression sur le président renversé pour, finalement, l’amener à lâcher prise.
Une nouvelle équipe, inédite de 28 membres associant une large coalition politique au sein de laquelle on retrouve les trois pôles impliqués dans la crise politique et institutionnelle née du coup d’état du 6 août 2008. Une mouture partagée en deux (2) parts égales entre le camp de la « rectification » et les forces opposées au putsch. Avec un objectif à géométrie variable: équipe dont la mission consiste en une simple expédition des affaires courantes. Mais également gouvernement chargé de la gestion d’un processus électoral de transition pour lequel il est logiquement compétent à prendre toutes les décisions qui s’y rapportent. Une contradiction qui pourrait bien occasionner quelques conflits futurs.




Stratégie et mode d’emploi



En se faisant représenter au sein du GTUN, les différentes chapelles politiques semblent avoir opté chacune pour une stratégie propre. La méthode jugée la meilleure pour arriver avec le maximum de chances à la date fatidique du 18 juillet 2009, en vue de la grande bataille pour la présidentielle.
Ainsi, dans le camp fidèle au candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, ex chef de la junte et de l’état, candidat déclaré depuis longtemps à la prochaine présidentielle, on semble avoir opté pour la continuité. On prend presque les mêmes et on recommence faisant sienne la maxime « on ne change pas une équipe qui gagne ».
Les fidèles du général se maintiennent aux deux départements de souveraineté que représentent la justice et les affaires étrangères, avec les mêmes titulaires dans le gouvernement sortant.
La quasi-totalité des ministres dont les départements sont restés sous le contrôle de la mouvance ont été reconduits, avec deux exceptions: Sy Adama (UDP) qui hérite du ministère du développement rural dont la titulaire avait déjà été rappelée pour les besoins de la campagne de son chef; El Kory Ould Abdelmoumine (PRDR) qui hérite le département de l’environnement dont le titulaire avait été viré à cause d’un différend avec MBaré.
Au sein du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), on hérite d’un ministère de souveraineté la défense qui échoit à Yedaly Ould Cheikh, certainement le moins militaire de tous, dans l’âme et dans le comportement et qui aura à gérer la grande muette dans cette période post putsch et, pour le moins compliqué. Ses différents chefs continuent en effet d’afficher une grande fidélité pour leur compagnon d’armes et candidat à l’élection présidentielle: Mohamed Ould Abdel Aziz.
Mais aussi et surtout le RFD gagne deux ministères stratégiques en cette période électorale : les finances, avec Sidi Ould Salem, ancien DG de la SOCOGIM. Une option généralement qualifiée de « bon choix ». Et le ministère de la communication, qui tombe sous l’escarcelle d’un ex militaire parmi les putschistes du 8 juin 2008.
Le RFD a opté pour une démarche guidée par un calcul électoraliste en ratissant très large au sein de toutes les composantes ethniques et de toutes les régions du pays.
Le parti du président Ahmed Ould Daddah, candidat désormais investi pour la bataille du 18 juillet prochain, a cependant réservé le gros des cadres aux capacités de mobilisations reconnues à la campagne électorale devant débuter au cours des prochaines semaines.
Le Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) hérite, après une longue bataille avec le RFD, du stratégique ministère de l’intérieur dans un contexte électoral, y plaçant le très expérimenté Mohamed Ould Rzeizim. Un poste qu’il occupait jusqu’au jour du coup d’état du 6 août 2008.
Les partis constituant ce front ont tous été représentés au gouvernement sauf l’APP, le parti du président de l’assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheïr qui aurait, parait-il, renoncé volontairement à sa représentation gouvernementale. Ce qui n’est point un désintérêt pour les nominations de la part de cette formation, mais plutôt un simple calcul politique. En effet, les observateurs estiment que cela est du au fait que Messaoud et ses amis lorgnent du côté de la présidentielle. C’est-à-dire que Messaoud est presque sûr que le FNDD l’adoptera comme candidat de la coalition pour la présidentielle en cours…
Il faut signaler, par rapport à la signature du décret de nomination du gouvernement, que la liste a été transférée en fin de matinée aux représentants du groupe de contact qui doivent définir la forme avec laquelle elle sera signée par le président Sidi…
Pourtant tout le monde commence à se lasser de la prolongation de cette scène d’affrontements à distance entre Sidi et Aziz et veulent vraiment entrer dans le vif du sujet: la campagne présidentielle.

Kouchka

Source: Biladi





Mercredi 10 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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