Gouvernement de coalition Vers la dislocation de l'opposition...



Gouvernement de coalition Vers la dislocation de l'opposition...
Des sources proches du président nouvellement élu, Mohamed Ould Abdel Aziz, évoquent la probable mise en place d'un gouvernement de coalition, formé par la majorité qui lui est favorable et une partie de l'opposition. On parle de plus en plus de pourparlers avancés entre des messagers personnels de Mohamed Ould Abdel Aziz et le Front national pour la défense de la démocratie (Fndd), une coalition de partis politiques qui lui était jusque-là hostile.

Si l'information se confirme, le paysage politique va profondément changer, avec le RFD qui pourrait se retrouver seul sur le front de l'opposition, mais aussi quelques mouvements au sein du Front, avec qui Ould Abdel Aziz ne se sent pas en odeur de sainteté, comme les Kadihines de l'UFP et certaines figures du parti ADIL qu'il qualifie de "symbole de la gabegie ".

Le paysage politique au lendemain du coup d'Etat du 6 août 2008 jusqu'à la veille du 2 juin 2009, date de la signature de l'Accord de Dakar, était scindé en deux grands ensembles, d'une part Mohamed Ould Abdel Aziz, les militaires du HCE et une constellation de partis politiques au poids inégal, et d'autre part l'opposition classique renforcée par quelques transfuges de l'ancien système au pouvoir. L'après accord de Dakar et les enjeux électoraux qui s'en suivirent furent le lieu d'un ballet de défections et d'adhésions d'un côté comme de l'autre de la barrière. Alors qu'Aziz s'évertuait à s'éloigner paradoxalement des vrais porteurs de voix, ceux que l'opinion appelle les "symboles de la gabegie", pour être en adéquation avec son discours populiste basé sur le combat et l'éradication de la gabegie et des prévaricateurs, les milieux montrés du doigt basculèrent du côté de l'opposition. La fin est connue. Le 18 juillet 2009, Aziz remporte d'une manière inattendue la bataille dès le 1er tour, face à une opposition déconfite et mise KO debout. Pour se ressaisir, cette dernière brandit l'arme du rejet des résultats et se prépare à la confrontation politique avec le nouveau régime qu'elle taxe déjà d'illégitime. La crise politique et institutionnelle théoriquement réglée par l'Accord de Dakar semble ressurgir sans possibilité cette fois d'une panacée extérieure, face à la reconnaissance internationale qui réconforte Aziz et coupe l'aile à l'opposition.

Pour faire baisser la tension politique qui gronde et permettre à la Mauritanie de sortir de la crise socioéconomique qu'elle vit, l'ouverture vers l'opposition est perçue comme une soupape de sauvetage. Pour le moment, seul le FNDD semble attentif à une telle approche, si l'on en croit les informations qui parlent de propositions concrètes avancées par le camp de Ould Abdel Aziz et de contre-propositions émanant des amis de Messaoud Ould Boulkheïr.

Seulement quelle partie du FNDD est concernée par ce dialogue, si l'on sait la répulsion que Mohamed Ould Abdel Aziz a toujours manifesté contre le mouvement Kadihine et ses dignes représentants au sein de l'UFP (Union des forces progressistes). Ce n'est pas pourtant, autant la peur de l'idéologie gauchiste véhiculée par ce mouvement qui effraie Aziz et ses proches, que la capacité intellectuelle et politique de ses membres à renverser le cours de l'histoire, par leur niveau exceptionnel dans le domaine politique. On se rappelle en effet que l'entrée de l'UFP, et dans une certaine mesure celle des Islamistes dans le gouvernement de Yahya Ould Ahmed Waghf, avait irrité le général Ould Abdel Aziz et sa majorité, au point que cette dernière initia sa fameuse fronde qui aboutira au renversement du régime. Depuis, les Kadihines n'ont cessé de servir de cibles privilégiées dans les discours de Aziz et de ses proches collaborateurs.

A côté de l'UFP qui pourrait ne pas être invitée par Aziz autour de son met gouvernemental, il y a l'autre poids lourd du FNDD, le parti ADIL, composé essentiellement d'anciens collaborateurs de Sidi Ould Cheikh Abdallahi et de Maaouiya Ould Taya et qu'Aziz n'a cessé de ranger sous la rubrique "Roumouz el Vessad ". Selon les bribes qui nous viennent de ses proches, Ould Abdel Aziz se serait juré de ne jamais nommer de tels "symboles ". Ne restera en réalité en ligne de mire de Aziz que Messaoud Ould Boulkheïr et son parti APP (Alliance populaire progressiste), même si l'UFP et ADIL peuvent bien être représentés s'ils choisissent des personnalités non "marquées politiquement ", ni figure emblématique de la gauche mauritanienne ni "Roumouz el Vessad " de l'ancien système.

De leur côté, les Islamistes de Tawassoul, mais aussi les négro-africains sous la férule de Ibrahima Mokhtar Sarr ne cracheront pas sur le morceau si le nouveau pouvoir les invitait à prendre part aux affaires. Ainsi l'opposition, réduite à sa plus simple expression, tournera essentiellement autour du RFD et du noyau restant du FNDD, plus quelques probables frustrés et mécontents de Aziz, les éventuels oubliés du partage du gâteau.

Au niveau de la majorité, il y a peu de chance qu'une rébellion se déclare. Le PRDR et l'UDP se garderont bien de contrarier le nouvel homme fort du pays, même s'il leur accorde des faveurs en deçà de leurs attentes, tandis que les anciennes figures emblématiques qui l'entourent, devant l'impossibilité de revenir au devant de la scène, se contenteront de quelques privilèges.

Ainsi Mohamed Ould Abdel Aziz, même s'il peut se prévaloir d'une victoire personnelle en estimant n'avoir de compte à rendre à personne, ne peut oublier ses soutiens immédiats ni plus de 45 % de la population qui a voté contre lui. Des voix de plus en plus vives s'élèvent à l'intérieur de son camp pour l'inviter au dialogue et à l'ouverture vers l'ensemble des forces de la Nation, lui qui doit se hisser au dessus de la mêlée, en tant que Président de tous les Mauritaniens.


Source: l'authentique



Mardi 4 Août 2009
Boolumbal Boolumbal
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