IAM LY, UNE ECOLE QUI DEVRAIT FAIRE ECOLE … : «Dans la formation de l’homme, est-il sensé, est-il permis d’ignorer le beau, l’esthétique ?»



IAM LY, UNE ECOLE QUI DEVRAIT FAIRE ECOLE … : «Dans la formation de l’homme, est-il sensé, est-il permis d’ignorer le beau, l’esthétique ?»
L’Ensemble scolaire privé Diam Ly occupe une place prépondérante dans le paysage scolaire Mauritanien. Sa pédagogie assez révolutionnaire fait de lui un établissement « pilote » et pour en savoir plus nous avons rendu visite au directeur/fondateur Djbril Hamet Ly dans son fief !



QDN : Djibril Ly, Vous êtes le Fondateur et le Directeur L’Ensemble scolaire privé Diam Ly au coeur de Sebkha, depuis quand existe cet Etablissement ?


Il a été autorisé par Arrêté du 14/02/1999 mais a commencé à fonctionner en novembre 1997, conformément aux textes en la matière.

QDN : Pouvez vous nous décrire où et comment tout a commencé ?
C’est dans uns situation particulière qu’est né le projet. Situation dans laquelle j’avais tout le temps et la « liberté » de concevoir et peaufiner ce projet.
Je rêvais d’une structure éducationnelle qui stimulerait l’épanouissement de l’enfant, différente de celles classiques qui existent dans le pays. Une structure qui certes apprendrait à lire, écrire, calculer, mais aussi à être, vivre, se développer, s’autonomiser, se responsabiliser. Une structures qui « apprendrait à apprendre ».

QDN : Diam Ly est connu pour offrir aux enfants un programme scolaire obligatoire pour toute école mais aussi leur propose une autre forme de pédagogie, En quoi consiste t-elle?

Notre école se veut novatrice. Elle veut proposer « autre chose et autrement ».
Evidemment, au stade actuel de la compréhension des responsables de l’Education Nationale (il faut dire que l’enseignement privé en Mauritanie n’est pas toujours bien perçu), et des parents d’élèves, je suis obligé de dispenser les curricula officiels (alors qu’il est tout à fait possible de proposer autre chose d’aussi pertinent et productif ; cela viendra forcément un jour, chez nous aussi).
Mais en outre, l’enfant est impliqué, puisque l’action éducative est dirigée vers lui et qu’il en est le principal bénéficiaire. Il est considéré comme un être capable de prendre part activement et positivement à sa propre formation. C’est loin d’être une utopie : une longue pratique nous permet de l’affirmer. Et les personnes, d’un certain âge qui ont occupé ou occupent aujourd’hui de hautes responsabilités comprennent bien ce que je dis puisqu’elles l’ont vécu avec le jeune instituteur novateur que j’étais et, plus récemment, dans d’autres circonstances..

QDN : Les enfants font connaissance avec beaucoup de domaines qui ne sont pas « habituels » dans les écoles mauritaniennes en particulier avec les arts (Théâtre, Peinture, Musique, Photographie) etc. Pourquoi est-ce important ?

Il n’y a pas mieux que le théâtre pour apprendre à prendre de l’assurance, à affirmer sa personnalité. Pas mieux que le théâtre pour apprendre une langue. Les arts plastiques, la musique, sont des moyens d’expression extraordinaires pouvant entrer en combinaison et stimuler les autres apprentissages scolaires, même si on veut se limiter à eux : expression orale, expression écrite, lecture, histoire, mathématiques… Dans la formation de l’homme, est-il sensé, est-il permis d’ignorer le beau, l’esthétique ? Je pense que non.

QDN : Vous écrivez vous-même des pièces de théâtre que les enfants présentent, quels sont vos thèmes de prédilection ?

J’écris sur l’environnement (contre la déforestation, la pollution, les problèmes de l’eau) mais également sur ce qui tourne autour de l’enfant (nutrition, droits et devoirs de l’enfant, protection routière, etc.)

QDN : Quel est le degré d’engagement personnel des élèves dans ces activités ?

Les élèves sont les acteurs. Ils m’ont souvent demandé d’écrire, ou de diriger leurs répétitions, de les aider à jouer une pièce ou un sketch. Par exemple, ils me demandent aujourd’hui, de commencer les répétitions de la pièce « L’Arbre à la cour criminelle » pour la produire en fin d’année scolaire.
Leur association, comme vous le savez, vient de renouveler ses structures. Et les commissions sont déjà à pied d’œuvre pour le lancement des activités.

QDN : Et les parents ? Perçoivent ils l’importance de cette façon d’enseigner pour le développement de leurs enfants où leur semble t’elle venir d’une autre planète ?

Certains, oui. Et c’est souvent pendant les journées pédagogiques qu’ils apprécient les prestations de leurs enfants et remercient l’école et les enseignants qui les ont encadrés.

QDN ; Constatez vous aussi une certaine « démission » des parents dans le domaine éducatif ? Et que leur dites vous ?

Malheureusement, très peu de parents suivent réellement leurs enfants.
Et cela se répercute naturellement sur leurs comportements relationnels et d’apprentissage. Evidemment, lorsqu’ils se présentent à nos convocations, nous ne manquons jamais de solliciter leur collaboration réelle pour la réussite de leurs petits. Certains réagissent plutôt bien tandis que d’autres restent « hors de portée ».

QDN ; Qu’attendez vous des parents de vos élèves et qu’attendent ils de vous ? Existe-t-il une sorte de « coopération » ?
D’abord, qu’est-ce que les parents attendent de moi ? Ils m’ont confié leurs enfants et s’attendent à ce que je donne à ces derniers une bonne éducation. C’est une lourde confiance qui m’oblige à m’investir pleinement avec mon équipe : nous fonctionnons ici en équipe.
Evidemment, ils ne comprennent pas toujours qu’il ne suffit pas de confier sa pupille à un éducateur, si bien intentionné et compétent soit-il.
Mes attentes ? Qu’ils coopèrent avec l’école, les enseignants, qu’ils s’impliquent à fond dans la vie de l’établissement.

QDN : Comment voyez vous l’avenir pour votre Etablissement ?

Nous allons continuer sur cette lancée en renforçant systématisant l’implication et la responsabilisation des élèves de tous les niveaux d’éducation (Maternelle, Fondamental et Secondaire).
Nous allons mettre en activité les différents projets d’école et d’établissement déjà conçus et en concevoir d’autres encore.
Le partenariat sera renforcé : Diam Ly qui est une école associée de l’Unesco développe déjà un partenariat fort riche (Ecoles Associées de l’Unesco, Terre des Hommes Italie, Lycée Français Théodore Monod, Maison des Cinéastes, les ONGS allemandes « Les amis de la Mauritanie », et « Les enfants de l’Espoir », ONG de l’environnement CANPE, Collège français de Corrèze, etc.). Evidemment notre voeu le plus ardent est que ce partenaire le plus concerné qu’est le parent d’élève soit actif et présent.
L’avenir de Diam Ly c’est aussi son équipement en moyens d’apprentissage que nous comptons renforcer : laboratoire scientifique, informatique et autre matériel audio visuel (tout cela connaît un début, grâce à notre partenariat)
La grande préoccupation est, bien entendu, l’obtention de ses propres locaux : c’est son problème le plus criant.
Si non, j’ai foi en l’avenir : Diam Ly réussira dans sa conception de l’éducation : nous sommes patients..

QDN : Nous avons vécu récemment les élections concernant l’association des élèves. Depuis combien de temps ce projet était-il en gestation ?
Il existait une association des élèves. Elle était simplement en veilleuse compte tenu de certains départs d’enseignants encadreurs et d’élèves leaders. Les conditions n’étaient pas réunies pour la redémarrer l’an dernier. En faisant le bilan de la dernière année scolaire, les enfants souhaitèrent la faire revivre.
QDN : Quelle a été l'idée principale pour la faire revivre?
En début d’année, étant donné la nature de l’établissement ses relations et la diversité de ses activités, l’administration et les enseignants ont décidé de s’impliquer en les aidant, étant entendu que, pour que l’association soit crédible et efficace, il ne fallait pas se limiter aux fêtes de fin d’année et à des activités purement récréatives. Elle doit être une association mature.
La nouvelle association doit faire de l’élève un participant réel à la vie de son établissement qui a son mot à dire et dont l’avis compte. Elle fera de l’élève un « cogestionnaire ». Elle doit participer à la formation du citoyen conscient, imbu et défenseur des valeurs cardinales qui changeront positivement sa société pour en faire une société où l’homme est respecté, l’effort valorisé, la corruption et le faux méprisés. Il s’agira de l’aider à affirmer, à affermir sa maturité : responsabilisé, l’enfant est capable de grandes réalisations.
Tout le long de la campagne qui précéda l’élection du samedi 30 janvier, la personnalité de chaque candidat s’est exprimée d’abord, pour certains, avec timidité, puis, au fil du temps, pour tous, avec une grande assurance, les propos devenant plus précis, les propositions plus convaincantes, le idées plus pertinentes. Tout cela dans le strict respect de l’autre. N’est-ce pas ce qui est attendu des adultes ? Nous souhaitons qu’ils grandissent ainsi : adultes avant l’âge, respectueux et respectables.
Les bons résultats scolaires enregistrés à l’époque par l’établissement, les devaient pour beaucoup au dynamisme de cette association dont les effets bénéfiques sont incalculables. Je suis persuadé que l’excellence que nous recherchons sera facilitée par l’organisation forte en gestation. L’avenir nous dira si cette hypothèse se conforte de nouveau.

QDN : Est elle née de la part des enseignants (direction) ou des élèves?
L’idée première est celle qui m’habitait dès le démarrage (en réalité avant l’ouverture de l’établissement : elle m’a toujours habité) : faire de cette école une structure où les apprenants sont associés à leur formation.
Je les ai d’abord fait participer à toutes les réunions des adultes (auxquels cela ne plaisait pas toujours,) à leur demander leur avis avant de prendre certaines décisions, à leur demander de faire des observations sur la vie de l’école et de formuler des propositions d’activités et d’améliorations. Cette responsabilisation permanente a contribué, une année plus tard, à lancer la première association da élèves de Diam Ly (il y a plus de 10 ans).

QDN : Comment ce projet a t'il été accueilli par les élèves?
Les premiers élèves à avoir créé leur association étaient enthousiastes et agissaient en autonomie. Ceux de cette année semblent plus engagés encore. La campagne électorale qu’ils ont menée quelques jours durant, l’a montré. Et je suis très optimiste quant à leur sérieux et leur volonté de se surpasser.
Je compte maintenant les séminariser pour qu’ils s’approprient davantage les textes qui régissent leur organisation, et s’imprègnent davantage de leurs responsabilités. Au cours de ce séminaire, nous ferons le plan d’action qui sera puisé des discours de campagne, enrichis et précisés en groupe.
La formation sera immédiatement suivie d’une journée de lancement des activités à l’occasion de laquelle des invitations seront lancées, notamment en direction des Ecoles Associées de l’Unesco, nos sœurs (L’Ensemble Scolaire Privé Diam Ly étant une école associée de l’Unesco) afin que nous envisagions ensemble l’avenir, au grand bénéfice de nos élèves et de nos établissements.

QDN : Voyez vous une possibilité que les candidats qui ne seront pas élus travaillent de façon constructive avec les élus (contrairement à nos politiciens) pour le bien de "la cause ?

Les enfants sont préparés à accepter le verdict des urnes. Les élus travailleront de concert avec leurs camarades, appuyés par les adultes (administration, enseignants, parents d’élèves...)
Aucun candidat « malheureux » ne sera laissé pour compte : ils seront tous cooptés dans les commissions et seront impliqués dans les activités programmées de l’Association qui aura besoin de tous ses membre pour fonctionner. Il n’y aura aucun opposant qui jouerait aux leaders.
La fraternité est cultivée à l’école qui serre de très près sa devise : « Je participe – Je partage- Je fais toujours mieux »

Propos recueillis par Maryam Brodowski-Ba !



Lundi 8 Février 2010
Boolumbal Boolumbal
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