Ardent défenseur de l’existence de l’être humain et de la jouissance des droits inaliénables, FALL Moctar est le porte-parole de L’OCVIDH (Organisation Contre les Violations des Droits Humains). Il est Partisan d’une société d’individus responsables dans leur choix et de leur devoir de vérité sans complaisance aucune ou subordination à une quelconque entité dominatrice ou oppressive. Il vient de publier son premier livre, «FANON TRAVESTI » : un recueil de poèmes. On perçoit de la révolte à travers les lignes de l’écrivain. On sent aussi une grande inspiration de sa part.
Ce mauritanien lutte contre les violations des droits humains depuis longtemps aussi bien sur le plan intellectuel que sur le terrain. Le racisme, l’esclavage, l’injustice, l'assujettissement aliénateur de la conscience des catégories les plus vulnérables, et la privation de leurs droits élémentaires constituent son cheval de bataille.
OCVIDH : Bonjour M.FALL! Félicitation pour la publication de votre ouvrage. De quoi s’agit-il dans ce livre ?
M. FALL: Comme son titre l’indique, cette poésie aborde le sujet du travestissement de la personnalité du Noir parallèlement au travestissement que j’effectue du discours de Frantz fanon sur la condition psychique, mystique et politique du Noir. Le travestissement est l’endossement d’un rôle, en l’occurrence il y a un triple travestissement, puisque d’une part le travestissement de l’œuvre de Fanon se traduit par son étouffement dans les discours et les problématiques qui dominaient dans les sujets où il avait une position qui tranchait avec les complaisances actuelles au sujet de ses problématiques persistantes. De sorte que l’avancement et l’évolution ne se font pas dans l’ordre que l’on pourrait espérer si les discoureurs sur la condition noire étaient fidèles et progressistes dans la voie que Fan non a ouverte. Travestissement aussi dans la mesure où l’auteur lui-même tout en se reconnaissant la mission de tenir la rigueur d’un langage vrai et définitif dans une position intransigeante désespère de mener à terme cette mission. Bien des poèmes rappellent une situation qui englobe la posture désolante de la communauté noire mauritanienne encore tenue en esclavage par les arabo-berbères, et des Noirs en France qui vivent souvent dans conditions indignes sur les questions de droits au logement, au travail, à un traitement non différentialiste contraire à l’universalisme qui favorise le développement et l’accomplissement de l’être humain dans l’amour et la fraternité.
OCVIDH : Vous vous êtes inspiré de quel poète pour écrire ces poèmes ?
M.FALL: Le principal inspirateur en est Frantz Fanon comme il s’en exprime la preuve dans le poème Fanon inspiré. Il existe dans ce poème une tentative de systématisation de la fondation de la théorie élaborée par Fanon des rapports entre les races blanche et noire. Il convient de préciser qu’au-delà des cas que Fanon rapporte d’actes quotidiens, l’approche politique demeure plus importante en impliquant de manière plus directe les gouvernants, les décideurs et constructeurs de la conscience populaire de race et de communautés tout en s’en défendant. Une poésie inspirée de Fanon ne pouvait pas d’ailleurs, d’après moi, s’arrêter au niveau où, à ce jour encore bien des écrivains, chanteurs, et jongleurs de tout bord s’arrêtent, au niveau d’une tentative vouée à l’échec de réconciliation des peuples et communautés et races, pendant qu’au sein d’un même peuple ou d’une même communauté ou d’une même race, les responsables politiques n’affichent et n’exercent aucune volonté de destruction des représentations mentales qui entraînent en les brouillant toutes possibilités de rapports sains. Pour cette raison, la vie de Fanon vie était devenue une tragédie, puisque son existence était vraiment un investissement pour dire la vérité qui met mal à l’aise au prix d’énerver les seuls aptes à déconstruire les théories et les pratiques de différenciations des races et des communautés, à savoir les Noirs.
Dans le même ordre d’idées, les poèmes suivants s’appuient sur la lecture des Damnés de la terre de Fanon. Violence, Boulevards….. Une marche, Deux marches, … ils constituent une rupture avec les poèmes qui les précèdent et qui tranchent avec l’universalisme. Dans un sens, ils décrivent une situation de colonisation, en tout cas un cadre de privation et de limitation de liberté et de possible épanouissement à cause d’une condition déplorable des Noirs. Ils posent la violence et l’explicite par une différence de condition subséquente à une différenciation. En dehors de l’implication personnelle sensible dans certains poèmes, ceux-là mettent en avant l’impersonnalité subjective, l’expression signifie la traduction de l’expérience mystique qui récuse la polémique comme les poèmes d’une certaine catégorie qui enseignent que la récusation de l’esclavage, la colonisation, l’impunité de criminels n’acceptent pas de polémique.
OCVIDH : Comme FANON, CESAIRE….vous vous définissez comme un révolté ? Si oui, pourquoi et envers qui ?
M.FALL: L’engagement professionnel et associatif, humanitaire, un certain scepticisme, une amertume qui ne cède pas au désespoir me motive incessamment. Ces sentiments ont habité aussi bien Fanon que Césaire. Encore une fois, Fanon n’est pas Césaire. Césaire commence à recevoir les honneurs qui lui sont dus normalement come tout esprit qui mérite d’entrer au Panthéon. Fanon est en soi une tragédie, c’est pourquoi la vigueur de son sentiment de révolté ne peut pas être célébrée, du moins pour le moment. Quand elle le serait, la révolte aura un sens. Révolté ? Nous souhaitons donner un sens au concept, dans la perspective de notre lutte pour trouver une solution aux crimes que représentent la réduction de toute une population, noire de la Mauritanie à la condition de bêtes soumises. A la discrimination dont sont largement victimes les Noirs en France ! Pour cette raison, l’inspiration par rapport à Fanon n’exclut pas la référence à Césaire, cependant contient des germes plus dangereux de révolte. Au fond, pour Fanon, nous sommes descendus à un niveau où les concepts de sens et de non sens se résorbent. C'est-à-dire que la vérité est si tragique qu’il ne convenait plus d’énumérer les caractéristiques significatives de sa distorsion ? Mais donner un sens à cette réalité, à savoir que les Noirs vivent la domination inhumaine et criminelle, à l’échelle nationale et internationale.
OCVIDH : Quels enseignements peut-t-on tirer de la lecture des poèmes de ce recueil ?
M.FALL: Les termes qui décrivent la réalité vécue n’ont plus de sens ! Tu les sens comme un filtre, comme un suintement d’émotions difficiles à exprimer. Certes, puisque le discours massif constitué récuse la réalité en en créant une autre superposée comme dans un rêve, le discours dominant qui traduit la conscience de l’époque récuse l’esclavage, l’endettement, la famine qui condamne toute la race noire, et toute autre noire : la Palestine est noire par la nature de son état non moins déplorable et injustifiable! Pour que le peuple s’approprie son destin en s’appropriant le pouvoir, le minimum serait de reconnaissance son existence autrement que par la gestion de ses moindres respirations qui s’étouffent de jours en jour !
De mon point de vue, il existe en ce moment trop de menteurs qui ne daignent pas dire que la colonisation est une injustice. Dirons-nous qu’elle fut une étape historique comme les exactions d’Hitler, et qu’elle doit être jugée à l’aune de son injustice ? Soit ! Mais de là à soutenir ou à ne pas condamner, non pas Israël ou plutôt les juifs, mais les régimes sionistes qui colonisent les Palestiniens en représentant son extension jusqu’en Europe et en France, aucune position intellectuelle et politique ne pouvait être pire.
OCVIDH : La condition humaine de certains de nos concitoyens en Mauritanie vous a-t-il encouragé à écrire ces poèmes ?
M.FALL: Existe-il une philosophie de l’esclavage convaincant le bon sens ? Existe-t-il une jurisprudence de l’acquittement sans jugement de génocidaires ? La condition de certains de nos concitoyens n’est pas le terme exact, dans la mesure où il suffit d’être Noir en Mauritanie pour être esclavage, pour être en danger quand on prétendrait à une liberté exclusive par rapport aux esclavagistes historiques qui détiennent le pouvoir et l’on toujours exercé avec la plus véhémente des violences. Ce que les négro-mauritaniens appellent « passif humanitaire » est une affaire de génocides, d’esclavage, de déportations semblables au projet d’extermination de tous les bourreaux tristement célèbres de l’histoire. En ce sens, la condition des Noirs de Mauritanie participe à une injustice transversale, selon mon expression, puisque les criminels de la Mauritanie trouvent leurs protecteurs aussi en France.
Et quelle est la position des politiques, politologues, intellectuels par rapport à cette philosophie du bien-fondé de l’esclavage. L’exemplarité des positions des générateurs d’une mémoire vaine, une mémoire au nom de laquelle tous les crimes sont permis par des juges et exécuteurs. Cette dernière, cette mémoire de la supériorité raciale, fait partie de mes stéréotypes puisqu’elle nous éloigne de la préoccupation fondamentale pour la vie, pour l’existence. De mon point de vue, soit on est juste pour dire la vérité, soit on est dirigé par une idéologie pour se blanchir comme de l’argent sale en se mettant au-delà de la mêlée en mentant sans vergogne.
OCVIDH : Peut-on insinuer que l’écriture de votre livre est une concrétisation de vos engagements pour la promotion de l’égalité entre les mauritaniens au sein de l’association (OCVIDH) dont vous êtes le porte-parole?
M.FALL: Arrivé en France en 1998, les péripéties que rencontrent tous les étudiants du tiers-monde motivé par l’idéal de l’accomplissement de soi ne tardent pas à réaliser un destin commun à tous ces jeunes esprits qui ne tardent pas à déchanter. J’ai croisé alors, quatre ans plus tard
Le chemin de l’Organisation Contre les Violations des Droits Humains en Mauritanie. Quelques missions me furent données par ses responsables, comme le suivi et les rapports des débats sur la Françafrique à l’Hôtel de ville de Paris. En février 2001, si bonne mémoire. Ce fut le début d’une ouverture de mes horizons sur les rapports entre les anciennes colonies et la métropole occidentale. Si ce livre ne concrétise pas mon engament au sein de l’OCVIDH, il est apte en à reposer les cibles primordiales : d’abord l’abattement de l’esclavage et de l’apartheid en Mauritanie, la pendaison haut et court de 28 soldats Noirs en Mauritanie par le régime arabo-berbère en Mauritanie pour fêter à sa manière la fête de l’indépendance, l’initiative de nettoyage racial orchestré par des éléments qui militent pour une Mauritanie purement arabo-berbère avec l’exclusion de la majorité écrasante que constituent les Noirs.
L’individualité s’exprime ici de manière plus tranchée comme dans le courant romantique où les poètes faisaient de leur condition une condition universelle, cela se comprend si on sait que l’auteur milite pour vraie société d’individus qui bannit la dépendance de quelques catégories de citoyens qui retrouvent dans la ligne de mire d’autres à qui s’adresse principalement les discours politiques au sujet des premier. Ce fait principalement responsable des préjugés racistes et dsicriminatoires.la souffrance exprimée et l’exaltation, même le délire et la désinvolte affichée véhicule un message d’émancipation individualiste pour la cause supérieure communautaire, là réside le sacrifice accepté par le poète et auquel il convie tous les noirs qui parlent au nom de l’ensemble
OCVIDH. A la lecture de vos poèmes n° 13 intitulé Réponse et n°17 intitulé Individualisme, on sent comme l’exaltation du devoir de sacrifice par tout Noir qui veut contribuer à l’amélioration de l’ensemble de la race noire.
M.FALL: Effectivement, ces deux poèmes posent l’essentiel de Mon idée. J’ai tenté à travers eux, faire le parallèle entre l’individualisme, voire l’isolement indispensable pour tout poète qui parle ou espère parler le langage de Fanon, sachant qu’il son destin sera la tragédie, mais la réponse à cette tragédie sera aussi une isolation plus profonde dans le cheminement exigu de l’enquête à travers l’âme noire qui ressurgit dans sa condition, en Mauritanie comme en France, cela me semble observable, plus loin encore les négro-mauritaniens qui débarquent depuis peu en France portent ce stigmate de souffrance qu’ils fuient en venant en Europe.
Sans incliner à l’attribution de responsabilité, puisqu’il convient d’indexer toute communauté en tant que première responsable de son destin, comme tout individu d’ailleurs. D’une manière plus large, la situation de prostitution grandissante chez les femmes noires peut-elle s’expliquer par la seule affaire de réseau au plan international, ou encore la destruction de plus en plus de noirs dans la rue peut-elle seulement s’expliquer par la discrimination à l’emploi et au logement ? Personne ne réussirait à conscientiser ou systématiser objectivement les rapports au sein d’un groupe ou entre deux individus : la remarque s’impose que l’organisation et la coopération entre les autres communautés minoritaire n’existe pas chez les noirs ! Ce fait est l’essentiel, c’est à dire le soutien réciproque, alors qu’il existe un individualisme stupide et fatal chez les noirs au point qu’il leur est très difficile d’élaborer un projet et réussir dans ce projet commun, que ce soit dans le commerce ou les services, voire les associations.
OCVIDH : Après la publication de ce beau recueil de poèmes, envisagez-vous d’en publier d’autres dans un avenir proche?
M.FALL: Effectivement, je travaille sur un recueil de poèmes qui est déjà assez avancé dans son élaboration aux points de vue de sa forme et son contenu. Il s’intéresse aux femmes noires musulmanes et j’espère l’intitulé Le purgatoire du Noir. Pour évoquer la consubstantialité du corps islamique, à tel point que les réticences des uns là où l’investissement s’impose condamnent le reste de sa communauté. L’idée en est un certain entendement de l’islam et du coran qui, à mon avis, en condamnent beaucoup de personnes à une misère morale non justifiée, là où des perspectives de liberté, d’engagement, de participation leur seraient permises. Rien n’est pire que l’esprit de factions et de groupes, de bavardages et de controverses inutiles sur la foi et autour de la foi, surtout le jugement et le rejet des uns par les autres sans retenue dans un lieu réservé au Créateur, je veux dire l’âme, son salut ou sa damnation. Le tintamarre actuel sur l’Islam a entraîné le privilège de la forme au détriment du fond. Au fond, l’individualisme et l’individualité, l’ipséité est plus déterminante que les polémiques si néfastes. Voilà ce qui constitue mon projet d’écriture les mois qui vont suivre.
OCVIDH. Où peut-on se procurer votre livre?
M.FALL: Le livre est publié par les Editions Bénévent. Il est référencé dans les bases de données grand public Amazone, Amazone, Alapage, Chapitre.com, et professionnelles, Dilicom, avec des promotions auprès des Fnac, Maison de la presse, Privat, Cultura. Par ailleurs des bons de commandes sont disponibles.
OCVIDH : Comme FANON, CESAIRE….vous vous définissez comme un révolté ? Si oui, pourquoi et envers qui ?
M.FALL: L’engagement professionnel et associatif, humanitaire, un certain scepticisme, une amertume qui ne cède pas au désespoir me motive incessamment. Ces sentiments ont habité aussi bien Fanon que Césaire. Encore une fois, Fanon n’est pas Césaire. Césaire commence à recevoir les honneurs qui lui sont dus normalement come tout esprit qui mérite d’entrer au Panthéon. Fanon est en soi une tragédie, c’est pourquoi la vigueur de son sentiment de révolté ne peut pas être célébrée, du moins pour le moment. Quand elle le serait, la révolte aura un sens. Révolté ? Nous souhaitons donner un sens au concept, dans la perspective de notre lutte pour trouver une solution aux crimes que représentent la réduction de toute une population, noire de la Mauritanie à la condition de bêtes soumises. A la discrimination dont sont largement victimes les Noirs en France ! Pour cette raison, l’inspiration par rapport à Fanon n’exclut pas la référence à Césaire, cependant contient des germes plus dangereux de révolte. Au fond, pour Fanon, nous sommes descendus à un niveau où les concepts de sens et de non sens se résorbent. C'est-à-dire que la vérité est si tragique qu’il ne convenait plus d’énumérer les caractéristiques significatives de sa distorsion ? Mais donner un sens à cette réalité, à savoir que les Noirs vivent la domination inhumaine et criminelle, à l’échelle nationale et internationale.
OCVIDH : Revenons sur votre engagement associatif : Comment trouvez-vous les diverses initiatives qui ont été entreprises par L’OCVIDH dont vous êtes le porte parole ?
M.FALL: Si l’OCVIDH est devenue l’une des organisations les plus crédibles pour avoir garder une ligne de conduite sans déviance sur les revendications qui sont des victimes et opprimés de la Mauritanie, et dans bien d’autres pays, aussi intransigeant sur ces textes fondateurs dont elle attend la réalisation des revendications sans relâche, c’est parce que ses initiatives sont ancrées dans la tradition de lutte contre l’injustice foncière qui prévaut en Mauritanie, contre les rapports de maîtres et esclaves, entre meurtriers et veuves, veufs, orphelins, entre expropriateurs de terres et biens de subsistances et démunis des moyens élémentaires d’existence. Les initiatives sont à juger sous l’angle des positions par rapport au régime criminel qui tient la Mauritanie depuis cinquante. L’une des positions phares est le refus de négocier avec le général au pouvoir, complice des crimes commis sur Noirs depuis l’indépendance du pays, et bien avant.
OCVIDH : Pour finir ; Quels messages lancez-vous à nos adhérents avant notre prochaine assemblée générale prévue le 07 février 2010?
M.FALL: Nous en donnerons ce jour si important pour tous les combattants. Permettez que je donne quelques vers que votre interview m’a inspirés :
Que de combats sur nos champs ancestraux
Que de labours de labeurs confisqués
Dans des demeures devenues inexistantes
La générosité sera le destrier
Le guerrier sera le cavalier
Des femmes déshonorées chanteront
Quand du sang bouillant nous giclons d’allégresse
Point morts mais bienheureux d’une saignée salvatrice
De maudits maures qui nous jugèrent damnables
Dans la vallée de la mort, des zombis noirs y désespèrent d’exil
Si proches de leur patrie égale à leur refuge de bouge
Si lointains nous leur sommes si proches
Quand la jonction se réalisera de commun esprit
Qui arrêtera un flot qui demande à couler
De larmes point ne veux plus verser
D’une coupe pleine je suis l’antique esclave
Affranchi sans plus de liberté que ce que j’en prendrai
Allons ! Trêve de polémique pendant que nous enrégimentons
Pendant que nous appelons à l’abattement de barrière criminelle
Répondrez-vous encore toujours plus nombreux
Je vous vois de multiples coins qui émargent
Des marges oubliées ou nous dépérissions
Allons !
OCVIDH : Merci Monsieur le porte-parole de nous avoir consacré un peu de votre temps.
Propos recueillis par : Youba Dianka secrétaire général de l’OCVIDH
Source: OCVIDH
Ce mauritanien lutte contre les violations des droits humains depuis longtemps aussi bien sur le plan intellectuel que sur le terrain. Le racisme, l’esclavage, l’injustice, l'assujettissement aliénateur de la conscience des catégories les plus vulnérables, et la privation de leurs droits élémentaires constituent son cheval de bataille.
OCVIDH : Bonjour M.FALL! Félicitation pour la publication de votre ouvrage. De quoi s’agit-il dans ce livre ?
M. FALL: Comme son titre l’indique, cette poésie aborde le sujet du travestissement de la personnalité du Noir parallèlement au travestissement que j’effectue du discours de Frantz fanon sur la condition psychique, mystique et politique du Noir. Le travestissement est l’endossement d’un rôle, en l’occurrence il y a un triple travestissement, puisque d’une part le travestissement de l’œuvre de Fanon se traduit par son étouffement dans les discours et les problématiques qui dominaient dans les sujets où il avait une position qui tranchait avec les complaisances actuelles au sujet de ses problématiques persistantes. De sorte que l’avancement et l’évolution ne se font pas dans l’ordre que l’on pourrait espérer si les discoureurs sur la condition noire étaient fidèles et progressistes dans la voie que Fan non a ouverte. Travestissement aussi dans la mesure où l’auteur lui-même tout en se reconnaissant la mission de tenir la rigueur d’un langage vrai et définitif dans une position intransigeante désespère de mener à terme cette mission. Bien des poèmes rappellent une situation qui englobe la posture désolante de la communauté noire mauritanienne encore tenue en esclavage par les arabo-berbères, et des Noirs en France qui vivent souvent dans conditions indignes sur les questions de droits au logement, au travail, à un traitement non différentialiste contraire à l’universalisme qui favorise le développement et l’accomplissement de l’être humain dans l’amour et la fraternité.
OCVIDH : Vous vous êtes inspiré de quel poète pour écrire ces poèmes ?
M.FALL: Le principal inspirateur en est Frantz Fanon comme il s’en exprime la preuve dans le poème Fanon inspiré. Il existe dans ce poème une tentative de systématisation de la fondation de la théorie élaborée par Fanon des rapports entre les races blanche et noire. Il convient de préciser qu’au-delà des cas que Fanon rapporte d’actes quotidiens, l’approche politique demeure plus importante en impliquant de manière plus directe les gouvernants, les décideurs et constructeurs de la conscience populaire de race et de communautés tout en s’en défendant. Une poésie inspirée de Fanon ne pouvait pas d’ailleurs, d’après moi, s’arrêter au niveau où, à ce jour encore bien des écrivains, chanteurs, et jongleurs de tout bord s’arrêtent, au niveau d’une tentative vouée à l’échec de réconciliation des peuples et communautés et races, pendant qu’au sein d’un même peuple ou d’une même communauté ou d’une même race, les responsables politiques n’affichent et n’exercent aucune volonté de destruction des représentations mentales qui entraînent en les brouillant toutes possibilités de rapports sains. Pour cette raison, la vie de Fanon vie était devenue une tragédie, puisque son existence était vraiment un investissement pour dire la vérité qui met mal à l’aise au prix d’énerver les seuls aptes à déconstruire les théories et les pratiques de différenciations des races et des communautés, à savoir les Noirs.
Dans le même ordre d’idées, les poèmes suivants s’appuient sur la lecture des Damnés de la terre de Fanon. Violence, Boulevards….. Une marche, Deux marches, … ils constituent une rupture avec les poèmes qui les précèdent et qui tranchent avec l’universalisme. Dans un sens, ils décrivent une situation de colonisation, en tout cas un cadre de privation et de limitation de liberté et de possible épanouissement à cause d’une condition déplorable des Noirs. Ils posent la violence et l’explicite par une différence de condition subséquente à une différenciation. En dehors de l’implication personnelle sensible dans certains poèmes, ceux-là mettent en avant l’impersonnalité subjective, l’expression signifie la traduction de l’expérience mystique qui récuse la polémique comme les poèmes d’une certaine catégorie qui enseignent que la récusation de l’esclavage, la colonisation, l’impunité de criminels n’acceptent pas de polémique.
OCVIDH : Comme FANON, CESAIRE….vous vous définissez comme un révolté ? Si oui, pourquoi et envers qui ?
M.FALL: L’engagement professionnel et associatif, humanitaire, un certain scepticisme, une amertume qui ne cède pas au désespoir me motive incessamment. Ces sentiments ont habité aussi bien Fanon que Césaire. Encore une fois, Fanon n’est pas Césaire. Césaire commence à recevoir les honneurs qui lui sont dus normalement come tout esprit qui mérite d’entrer au Panthéon. Fanon est en soi une tragédie, c’est pourquoi la vigueur de son sentiment de révolté ne peut pas être célébrée, du moins pour le moment. Quand elle le serait, la révolte aura un sens. Révolté ? Nous souhaitons donner un sens au concept, dans la perspective de notre lutte pour trouver une solution aux crimes que représentent la réduction de toute une population, noire de la Mauritanie à la condition de bêtes soumises. A la discrimination dont sont largement victimes les Noirs en France ! Pour cette raison, l’inspiration par rapport à Fanon n’exclut pas la référence à Césaire, cependant contient des germes plus dangereux de révolte. Au fond, pour Fanon, nous sommes descendus à un niveau où les concepts de sens et de non sens se résorbent. C'est-à-dire que la vérité est si tragique qu’il ne convenait plus d’énumérer les caractéristiques significatives de sa distorsion ? Mais donner un sens à cette réalité, à savoir que les Noirs vivent la domination inhumaine et criminelle, à l’échelle nationale et internationale.
OCVIDH : Quels enseignements peut-t-on tirer de la lecture des poèmes de ce recueil ?
M.FALL: Les termes qui décrivent la réalité vécue n’ont plus de sens ! Tu les sens comme un filtre, comme un suintement d’émotions difficiles à exprimer. Certes, puisque le discours massif constitué récuse la réalité en en créant une autre superposée comme dans un rêve, le discours dominant qui traduit la conscience de l’époque récuse l’esclavage, l’endettement, la famine qui condamne toute la race noire, et toute autre noire : la Palestine est noire par la nature de son état non moins déplorable et injustifiable! Pour que le peuple s’approprie son destin en s’appropriant le pouvoir, le minimum serait de reconnaissance son existence autrement que par la gestion de ses moindres respirations qui s’étouffent de jours en jour !
De mon point de vue, il existe en ce moment trop de menteurs qui ne daignent pas dire que la colonisation est une injustice. Dirons-nous qu’elle fut une étape historique comme les exactions d’Hitler, et qu’elle doit être jugée à l’aune de son injustice ? Soit ! Mais de là à soutenir ou à ne pas condamner, non pas Israël ou plutôt les juifs, mais les régimes sionistes qui colonisent les Palestiniens en représentant son extension jusqu’en Europe et en France, aucune position intellectuelle et politique ne pouvait être pire.
OCVIDH : La condition humaine de certains de nos concitoyens en Mauritanie vous a-t-il encouragé à écrire ces poèmes ?
M.FALL: Existe-il une philosophie de l’esclavage convaincant le bon sens ? Existe-t-il une jurisprudence de l’acquittement sans jugement de génocidaires ? La condition de certains de nos concitoyens n’est pas le terme exact, dans la mesure où il suffit d’être Noir en Mauritanie pour être esclavage, pour être en danger quand on prétendrait à une liberté exclusive par rapport aux esclavagistes historiques qui détiennent le pouvoir et l’on toujours exercé avec la plus véhémente des violences. Ce que les négro-mauritaniens appellent « passif humanitaire » est une affaire de génocides, d’esclavage, de déportations semblables au projet d’extermination de tous les bourreaux tristement célèbres de l’histoire. En ce sens, la condition des Noirs de Mauritanie participe à une injustice transversale, selon mon expression, puisque les criminels de la Mauritanie trouvent leurs protecteurs aussi en France.
Et quelle est la position des politiques, politologues, intellectuels par rapport à cette philosophie du bien-fondé de l’esclavage. L’exemplarité des positions des générateurs d’une mémoire vaine, une mémoire au nom de laquelle tous les crimes sont permis par des juges et exécuteurs. Cette dernière, cette mémoire de la supériorité raciale, fait partie de mes stéréotypes puisqu’elle nous éloigne de la préoccupation fondamentale pour la vie, pour l’existence. De mon point de vue, soit on est juste pour dire la vérité, soit on est dirigé par une idéologie pour se blanchir comme de l’argent sale en se mettant au-delà de la mêlée en mentant sans vergogne.
OCVIDH : Peut-on insinuer que l’écriture de votre livre est une concrétisation de vos engagements pour la promotion de l’égalité entre les mauritaniens au sein de l’association (OCVIDH) dont vous êtes le porte-parole?
M.FALL: Arrivé en France en 1998, les péripéties que rencontrent tous les étudiants du tiers-monde motivé par l’idéal de l’accomplissement de soi ne tardent pas à réaliser un destin commun à tous ces jeunes esprits qui ne tardent pas à déchanter. J’ai croisé alors, quatre ans plus tard
Le chemin de l’Organisation Contre les Violations des Droits Humains en Mauritanie. Quelques missions me furent données par ses responsables, comme le suivi et les rapports des débats sur la Françafrique à l’Hôtel de ville de Paris. En février 2001, si bonne mémoire. Ce fut le début d’une ouverture de mes horizons sur les rapports entre les anciennes colonies et la métropole occidentale. Si ce livre ne concrétise pas mon engament au sein de l’OCVIDH, il est apte en à reposer les cibles primordiales : d’abord l’abattement de l’esclavage et de l’apartheid en Mauritanie, la pendaison haut et court de 28 soldats Noirs en Mauritanie par le régime arabo-berbère en Mauritanie pour fêter à sa manière la fête de l’indépendance, l’initiative de nettoyage racial orchestré par des éléments qui militent pour une Mauritanie purement arabo-berbère avec l’exclusion de la majorité écrasante que constituent les Noirs.
L’individualité s’exprime ici de manière plus tranchée comme dans le courant romantique où les poètes faisaient de leur condition une condition universelle, cela se comprend si on sait que l’auteur milite pour vraie société d’individus qui bannit la dépendance de quelques catégories de citoyens qui retrouvent dans la ligne de mire d’autres à qui s’adresse principalement les discours politiques au sujet des premier. Ce fait principalement responsable des préjugés racistes et dsicriminatoires.la souffrance exprimée et l’exaltation, même le délire et la désinvolte affichée véhicule un message d’émancipation individualiste pour la cause supérieure communautaire, là réside le sacrifice accepté par le poète et auquel il convie tous les noirs qui parlent au nom de l’ensemble
OCVIDH. A la lecture de vos poèmes n° 13 intitulé Réponse et n°17 intitulé Individualisme, on sent comme l’exaltation du devoir de sacrifice par tout Noir qui veut contribuer à l’amélioration de l’ensemble de la race noire.
M.FALL: Effectivement, ces deux poèmes posent l’essentiel de Mon idée. J’ai tenté à travers eux, faire le parallèle entre l’individualisme, voire l’isolement indispensable pour tout poète qui parle ou espère parler le langage de Fanon, sachant qu’il son destin sera la tragédie, mais la réponse à cette tragédie sera aussi une isolation plus profonde dans le cheminement exigu de l’enquête à travers l’âme noire qui ressurgit dans sa condition, en Mauritanie comme en France, cela me semble observable, plus loin encore les négro-mauritaniens qui débarquent depuis peu en France portent ce stigmate de souffrance qu’ils fuient en venant en Europe.
Sans incliner à l’attribution de responsabilité, puisqu’il convient d’indexer toute communauté en tant que première responsable de son destin, comme tout individu d’ailleurs. D’une manière plus large, la situation de prostitution grandissante chez les femmes noires peut-elle s’expliquer par la seule affaire de réseau au plan international, ou encore la destruction de plus en plus de noirs dans la rue peut-elle seulement s’expliquer par la discrimination à l’emploi et au logement ? Personne ne réussirait à conscientiser ou systématiser objectivement les rapports au sein d’un groupe ou entre deux individus : la remarque s’impose que l’organisation et la coopération entre les autres communautés minoritaire n’existe pas chez les noirs ! Ce fait est l’essentiel, c’est à dire le soutien réciproque, alors qu’il existe un individualisme stupide et fatal chez les noirs au point qu’il leur est très difficile d’élaborer un projet et réussir dans ce projet commun, que ce soit dans le commerce ou les services, voire les associations.
OCVIDH : Après la publication de ce beau recueil de poèmes, envisagez-vous d’en publier d’autres dans un avenir proche?
M.FALL: Effectivement, je travaille sur un recueil de poèmes qui est déjà assez avancé dans son élaboration aux points de vue de sa forme et son contenu. Il s’intéresse aux femmes noires musulmanes et j’espère l’intitulé Le purgatoire du Noir. Pour évoquer la consubstantialité du corps islamique, à tel point que les réticences des uns là où l’investissement s’impose condamnent le reste de sa communauté. L’idée en est un certain entendement de l’islam et du coran qui, à mon avis, en condamnent beaucoup de personnes à une misère morale non justifiée, là où des perspectives de liberté, d’engagement, de participation leur seraient permises. Rien n’est pire que l’esprit de factions et de groupes, de bavardages et de controverses inutiles sur la foi et autour de la foi, surtout le jugement et le rejet des uns par les autres sans retenue dans un lieu réservé au Créateur, je veux dire l’âme, son salut ou sa damnation. Le tintamarre actuel sur l’Islam a entraîné le privilège de la forme au détriment du fond. Au fond, l’individualisme et l’individualité, l’ipséité est plus déterminante que les polémiques si néfastes. Voilà ce qui constitue mon projet d’écriture les mois qui vont suivre.
OCVIDH. Où peut-on se procurer votre livre?
M.FALL: Le livre est publié par les Editions Bénévent. Il est référencé dans les bases de données grand public Amazone, Amazone, Alapage, Chapitre.com, et professionnelles, Dilicom, avec des promotions auprès des Fnac, Maison de la presse, Privat, Cultura. Par ailleurs des bons de commandes sont disponibles.
OCVIDH : Comme FANON, CESAIRE….vous vous définissez comme un révolté ? Si oui, pourquoi et envers qui ?
M.FALL: L’engagement professionnel et associatif, humanitaire, un certain scepticisme, une amertume qui ne cède pas au désespoir me motive incessamment. Ces sentiments ont habité aussi bien Fanon que Césaire. Encore une fois, Fanon n’est pas Césaire. Césaire commence à recevoir les honneurs qui lui sont dus normalement come tout esprit qui mérite d’entrer au Panthéon. Fanon est en soi une tragédie, c’est pourquoi la vigueur de son sentiment de révolté ne peut pas être célébrée, du moins pour le moment. Quand elle le serait, la révolte aura un sens. Révolté ? Nous souhaitons donner un sens au concept, dans la perspective de notre lutte pour trouver une solution aux crimes que représentent la réduction de toute une population, noire de la Mauritanie à la condition de bêtes soumises. A la discrimination dont sont largement victimes les Noirs en France ! Pour cette raison, l’inspiration par rapport à Fanon n’exclut pas la référence à Césaire, cependant contient des germes plus dangereux de révolte. Au fond, pour Fanon, nous sommes descendus à un niveau où les concepts de sens et de non sens se résorbent. C'est-à-dire que la vérité est si tragique qu’il ne convenait plus d’énumérer les caractéristiques significatives de sa distorsion ? Mais donner un sens à cette réalité, à savoir que les Noirs vivent la domination inhumaine et criminelle, à l’échelle nationale et internationale.
OCVIDH : Revenons sur votre engagement associatif : Comment trouvez-vous les diverses initiatives qui ont été entreprises par L’OCVIDH dont vous êtes le porte parole ?
M.FALL: Si l’OCVIDH est devenue l’une des organisations les plus crédibles pour avoir garder une ligne de conduite sans déviance sur les revendications qui sont des victimes et opprimés de la Mauritanie, et dans bien d’autres pays, aussi intransigeant sur ces textes fondateurs dont elle attend la réalisation des revendications sans relâche, c’est parce que ses initiatives sont ancrées dans la tradition de lutte contre l’injustice foncière qui prévaut en Mauritanie, contre les rapports de maîtres et esclaves, entre meurtriers et veuves, veufs, orphelins, entre expropriateurs de terres et biens de subsistances et démunis des moyens élémentaires d’existence. Les initiatives sont à juger sous l’angle des positions par rapport au régime criminel qui tient la Mauritanie depuis cinquante. L’une des positions phares est le refus de négocier avec le général au pouvoir, complice des crimes commis sur Noirs depuis l’indépendance du pays, et bien avant.
OCVIDH : Pour finir ; Quels messages lancez-vous à nos adhérents avant notre prochaine assemblée générale prévue le 07 février 2010?
M.FALL: Nous en donnerons ce jour si important pour tous les combattants. Permettez que je donne quelques vers que votre interview m’a inspirés :
Que de combats sur nos champs ancestraux
Que de labours de labeurs confisqués
Dans des demeures devenues inexistantes
La générosité sera le destrier
Le guerrier sera le cavalier
Des femmes déshonorées chanteront
Quand du sang bouillant nous giclons d’allégresse
Point morts mais bienheureux d’une saignée salvatrice
De maudits maures qui nous jugèrent damnables
Dans la vallée de la mort, des zombis noirs y désespèrent d’exil
Si proches de leur patrie égale à leur refuge de bouge
Si lointains nous leur sommes si proches
Quand la jonction se réalisera de commun esprit
Qui arrêtera un flot qui demande à couler
De larmes point ne veux plus verser
D’une coupe pleine je suis l’antique esclave
Affranchi sans plus de liberté que ce que j’en prendrai
Allons ! Trêve de polémique pendant que nous enrégimentons
Pendant que nous appelons à l’abattement de barrière criminelle
Répondrez-vous encore toujours plus nombreux
Je vous vois de multiples coins qui émargent
Des marges oubliées ou nous dépérissions
Allons !
OCVIDH : Merci Monsieur le porte-parole de nous avoir consacré un peu de votre temps.
Propos recueillis par : Youba Dianka secrétaire général de l’OCVIDH
Source: OCVIDH