L'Edito du Calame : La récréation est finie, messieurs / Ahmed Ould Cheikh



L'Edito du Calame : La récréation est finie, messieurs / Ahmed Ould Cheikh
La semaine dernière, un groupe de journalistes, parmi les plus célèbres de la presse privée, a pris l’initiative d’aller s’entretenir avec les représentants des trois pôles qui ont assisté aux négociations de Dakar et signé l’accord de Nouakchott.

Il s’agissait, pour eux, d’exprimer, à ces hommes politiques, leurs craintes légitimes, devant la valse-hésitation qui marque la mise en œuvre de l’ACD, de voir l’accord tomber à l’eau.

Avec tout ce que cela implique comme conséquences, désastreuses, pour le pays. «Votre responsabilité est immense, les populations s’accrochent, à cet accord, comme à une bouée de sauvetage et ce serait un crime de ne pas le mener à terme», leur ont-ils répété, en substance. Chacun, prêchant, évidemment, pour sa chapelle politique, a juré qu’il n’était source d’aucun blocage et qu’il est prêt à avaler toutes sortes de couleuvres pour le bien commun. Qui croire donc?

Depuis la signature du fameux accord, le 4 juin à Nouakchott, qui devait déboucher sur la formation d’un gouvernement d’union nationale, dans les jours qui suivaient, la situation semble bloquée. Tantôt, c’est le Premier ministre qui doit être désigné par le camp du général et accepté par les deux autres parties, qui pose problème. Tantôt, ce sont les trois commissariats (Sécurité alimentaire, Droits de l’Homme et Investissement) dont il faut (re)définir les statuts. Le HCE, quant à lui, a, toujours, été source de conflit. Sera-t-il ou non dissous, comme prévu par les clauses, non-écrites, de l’Accord, tout comme les modalités de la démission de Sidi? Résultat des courses: un imbroglio politico-juridique, inextricable, qui risque de retarder, encore pour quelques jours, la mise en œuvre de l’ACD, à moins qu’il ne la compromette, carrément.

Au rythme où vont les choses, il sera, en effet, pratiquement impossible de s’en tenir au 18 juillet, date du premier tour de l’élection présidentielle. Du moins pour l’organisation matérielle de la consultation. Comment, en effet, en un seul mois, former un gouvernement, mettre en place une nouvelle CENI, réviser les listes électorales, ouvrir les candidatures, mener campagne électorale, imprimer les cartes d’électeur et les bulletins de vote? Si les membres du groupe de contact s’en tiennent à cette date, il va être difficile, avec la plus bonne volonté du monde, de réaliser cette prouesse.

Une chose est sûre : assez joué avec nos nerfs, messieurs de la politique! C’est vrai que les partisans du général font tout pour maquiller, aux yeux de l’opinion publique, le sens de l’accord de Dakar: retour de la constitutionnalité de notre régime et fin du putsch. Pour ne retenir que l’achèvement, institutionnalisé, du mandat de Sidi. C’est vrai qu’un bon traité de paix, maltraité dans son application, est, en germe, une déclaration de guerre. C’est vrai que plus solennelle sera la démission du président de la République, plus les choses seront claires, lors de la mise en place du nouveau gouvernement, et plus le prochain locataire du Palais gris s’assoira, confortablement, sur son siège. Mais il est vrai, surtout, qu’il est grand temps que la Mauritanie retrouve une direction stable, une conduite cohérente et suivie de ses affaires. Faites, nous vous en conjurons, la part des choses. Rapidement. En vidant votre sac, d’un coup, sur la table. En triant, tous ensemble, l’essentiel de l’accessoire. Merci le HCE, merci président Sidi et vivent les candidats à l’élection présidentielle, le 18 ou le 25 juillet, on n’en fera pas un fromage!

Car, si la situation continue à se crisper, la détente pourrait venir d’où l’on ne l’attendait plus et vogue la galère, rament les galériens! Une nouvelle fois, pour un nouveau saut vers l’inconnu. Alors que se profile, à l’horizon, la suite de la tourmente planétaire générée par les spéculations des grands argentiers du monde… Nous avons besoin, tous les Mauritaniens, d’élites sages et consensuelles pour mener notre barque nationale, renforcée, unifiée et solidaire, dans la tempête à venir. Choisissez la clarté, messieurs et préservez vos forces, les nôtres : nous allons en avoir besoin.


Ahmed Ould Cheikh
Source : Le calame

Mercredi 17 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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