Après un an de crise politique aigue, née du putsch militaire du 6 août 2008 contre le premier chef d'Etat démocratiquement élu au pays, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, 1,2 million de Mauritaniens sont allés voter en masse pour choisir leur nouveau président de la République. Parmi les neuf candidats au scrutin
présidentiel figurait le nom du général Mohamed Ould Abdel Aziz, le meneur du putsch qui a isolé son pays du reste du monde. Ce dernier avait dirigé le pays pendant des mois avant de démissionner de son poste de président autoproclamé de la Mauritanie pour pouvoir participer à l'élection présidentielle qu'il a remportée dès le premier tour avec un taux de 52,58% des suffrages dépouillés. L'opposition avait décidé auparavant de boycotter cette échéance qui devait mettre fin à la crise politique après d'âpres négociations entre la junte militaire et les anti-putschistes, menées au Sénégal sous l'égide du Groupe de contact international.
Et c'est aujourd'hui cette même opposition qui crie à «une fraude massive» et dénonce un «coup d'Etat électoral». Les quatre principaux candidats de
l'opposition avaient estimé dimanche dernier lors d'un point de presse commun que cette élection n'était finalement qu'«une mascarade électorale qui sert à légitimer le coup d'Etat» du 6 août 2008. Les quatre hommes ont signé conjointement une déclaration dans laquelle ils avaient rejeté les «résultats préfabriqués» du scrutin et appelé la communauté internationale à diligenter une enquête indépendante sur les irrégularités constatées.
Le jour même de l'élection, le colonel Ely Ould Mohamed Vall avait dénoncé une «vaste opération de fraude, aussi bien à l'intérieur qu'à Nouakchott», sans apporter toutefois de preuves concrètes pour étayer ses dires. La manipulation du fichier électoral, la corruption généralisée (achat des voix), et l'utilisation de faux documents électoraux sont autant d'accusations à l'encontre du général putschiste. La présence de plus de 350 observateurs étrangers, chargés de surveiller et de veiller au bon déroulement du vote, n'avait pas empêché la fraude, semble-t-il. A noter que ni les Nations unies ni l'Union européenne, qui avait suspendu son aide à la suite du putsch, n'avaient envoyé d'observateurs en Mauritanie. Quant à l'équipe de l'Union africaine, elle a affirmé dans la soirée de samedi dernier que la participation avait été élevée (63,5% selon les chiffres officiels) et que le scrutin avait été transparent, rapporte l'agence de presse Reuters.
Le candidat de la junte avait également affirmé après le décompte total des voix que «les élections se sont passées de manière transparente»,
soulignant dans une déclaration télévisée à la chaîne d'information en continu France 24 qu'il ne s'était pas «servi des moyens de l'Etat» lors de la campagne électorale, comme l'en accuse l'opposition.
La démocratie en Mauritanie, entre rêve et espoir
«J'ai eu 52,58% des voix et nous n'avons fait aucun effort illégal pour avoir ce résultat. Les gens qui nous soutiennent n'ont pas fraudé, n'ont pas falsifié, n'ont pas triché», a-t-il déclaré. Les candidats concurrents qui avaient contesté les résultats annoncés par le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ould Rzeizim, sont arrivés pour rappel loin derrière le général. Le président de l'Assemblée nationale et candidat du front anti-putsch, Messaoud Ould Boulkheir, n'a pu obtenir en fait que 16,3% des voix, suivi du chef du principal parti de l'opposition Ahmed Ould Daddah avec 13,7%. Le candidat islamiste modéré Jemil Ould Mansour, qui se présentait pour la première fois, a remporté 4,66%, se plaçant devant l'ex-chef de la junte (2005-2007), le colonel Elu Ould Mohamed Vall qui n'a eu que 3,78% des voix. Mohamed Vall avait rendu le pouvoir aux civils au terme d'une transition qui a été souvent saluée comme exemplaire. Cette pseudo-reprise du pouvoir par les civils n'avait malheureusement duré que le temps d'«un printemps». Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président mauritanien civil à avoir été élu démocratiquement en mars 2007, avait fini par être renversé par des membres d'une junte militaire qui voyaient leurs intérêts personnels menacés. L'artisan de ce putsch n'était autre que le général Mohamed Ould Abdelaziz qui a obtenu la démission de Abdallahi dans le cadre de l'accord de Dakar. Il avait aussi réussi à empêcher le président déchu de participer à ce scrutin dans le cadre de ce même accord qui a permis la formation d'un gouvernement d'unité nationale dont la mission était surtout de préparer l'élection présidentielle du 18 juillet dernier. A l'issue de ce scrutin de l'«espoir», le président élu a déclaré que, pour la Mauritanie, «c'est le retour de la démocratie parce que j'ai été élu de manière transparente, démocratique et libre. C'est l'occasion pour la Mauritanie de sortir de pas mal de problèmes et de tourner les pages du passé», a-t-il dit en appelant à l'unité du pays. Mais cette unité nationale semble n'être qu'un concept creux car une grande majorité de Mauritaniens s'étaient soulevés contre le putsch du 6 août 2008 et risquent ainsi de redescendre dans les rues mauritaniennes pour protester contre le retour des militaires au pouvoir. L'opposition a affirmé qu'elle n'allait pas se laisser faire et compte accentuer sa pression dans les prochains jours. Les principaux rivaux du général demandent aux instances internationales, habilitées à intervenir, de diligenter une enquête autour des résultats officiels bien que Abdel Aziz persiste et signe qu'il n'y avait pas de tricherie dans le vote.
«Il ne suffit pas de dire qu'il y a eu fraude, il faut apporter des preuves», avait-il répondu lors d'un point de presse organisé hier à Nouakchott, la capitale
du pays. La période post-électorale en Mauritanie risque ainsi d'être plus rude que l'été pour les Mauritaniens qui attendent l'avènement d'une véritable démocratie dans un pays où ils espèrent voir les militaires revenir à leur mission originelle qui consiste à défendre l'intégrité territoriale et accompagner un président civil en l'aidant à prendre en main les destinées de la nation.
Source: Riminfo
présidentiel figurait le nom du général Mohamed Ould Abdel Aziz, le meneur du putsch qui a isolé son pays du reste du monde. Ce dernier avait dirigé le pays pendant des mois avant de démissionner de son poste de président autoproclamé de la Mauritanie pour pouvoir participer à l'élection présidentielle qu'il a remportée dès le premier tour avec un taux de 52,58% des suffrages dépouillés. L'opposition avait décidé auparavant de boycotter cette échéance qui devait mettre fin à la crise politique après d'âpres négociations entre la junte militaire et les anti-putschistes, menées au Sénégal sous l'égide du Groupe de contact international.
Et c'est aujourd'hui cette même opposition qui crie à «une fraude massive» et dénonce un «coup d'Etat électoral». Les quatre principaux candidats de
l'opposition avaient estimé dimanche dernier lors d'un point de presse commun que cette élection n'était finalement qu'«une mascarade électorale qui sert à légitimer le coup d'Etat» du 6 août 2008. Les quatre hommes ont signé conjointement une déclaration dans laquelle ils avaient rejeté les «résultats préfabriqués» du scrutin et appelé la communauté internationale à diligenter une enquête indépendante sur les irrégularités constatées.
Le jour même de l'élection, le colonel Ely Ould Mohamed Vall avait dénoncé une «vaste opération de fraude, aussi bien à l'intérieur qu'à Nouakchott», sans apporter toutefois de preuves concrètes pour étayer ses dires. La manipulation du fichier électoral, la corruption généralisée (achat des voix), et l'utilisation de faux documents électoraux sont autant d'accusations à l'encontre du général putschiste. La présence de plus de 350 observateurs étrangers, chargés de surveiller et de veiller au bon déroulement du vote, n'avait pas empêché la fraude, semble-t-il. A noter que ni les Nations unies ni l'Union européenne, qui avait suspendu son aide à la suite du putsch, n'avaient envoyé d'observateurs en Mauritanie. Quant à l'équipe de l'Union africaine, elle a affirmé dans la soirée de samedi dernier que la participation avait été élevée (63,5% selon les chiffres officiels) et que le scrutin avait été transparent, rapporte l'agence de presse Reuters.
Le candidat de la junte avait également affirmé après le décompte total des voix que «les élections se sont passées de manière transparente»,
soulignant dans une déclaration télévisée à la chaîne d'information en continu France 24 qu'il ne s'était pas «servi des moyens de l'Etat» lors de la campagne électorale, comme l'en accuse l'opposition.
La démocratie en Mauritanie, entre rêve et espoir
«J'ai eu 52,58% des voix et nous n'avons fait aucun effort illégal pour avoir ce résultat. Les gens qui nous soutiennent n'ont pas fraudé, n'ont pas falsifié, n'ont pas triché», a-t-il déclaré. Les candidats concurrents qui avaient contesté les résultats annoncés par le ministre de l'Intérieur, Mohamed Ould Rzeizim, sont arrivés pour rappel loin derrière le général. Le président de l'Assemblée nationale et candidat du front anti-putsch, Messaoud Ould Boulkheir, n'a pu obtenir en fait que 16,3% des voix, suivi du chef du principal parti de l'opposition Ahmed Ould Daddah avec 13,7%. Le candidat islamiste modéré Jemil Ould Mansour, qui se présentait pour la première fois, a remporté 4,66%, se plaçant devant l'ex-chef de la junte (2005-2007), le colonel Elu Ould Mohamed Vall qui n'a eu que 3,78% des voix. Mohamed Vall avait rendu le pouvoir aux civils au terme d'une transition qui a été souvent saluée comme exemplaire. Cette pseudo-reprise du pouvoir par les civils n'avait malheureusement duré que le temps d'«un printemps». Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président mauritanien civil à avoir été élu démocratiquement en mars 2007, avait fini par être renversé par des membres d'une junte militaire qui voyaient leurs intérêts personnels menacés. L'artisan de ce putsch n'était autre que le général Mohamed Ould Abdelaziz qui a obtenu la démission de Abdallahi dans le cadre de l'accord de Dakar. Il avait aussi réussi à empêcher le président déchu de participer à ce scrutin dans le cadre de ce même accord qui a permis la formation d'un gouvernement d'unité nationale dont la mission était surtout de préparer l'élection présidentielle du 18 juillet dernier. A l'issue de ce scrutin de l'«espoir», le président élu a déclaré que, pour la Mauritanie, «c'est le retour de la démocratie parce que j'ai été élu de manière transparente, démocratique et libre. C'est l'occasion pour la Mauritanie de sortir de pas mal de problèmes et de tourner les pages du passé», a-t-il dit en appelant à l'unité du pays. Mais cette unité nationale semble n'être qu'un concept creux car une grande majorité de Mauritaniens s'étaient soulevés contre le putsch du 6 août 2008 et risquent ainsi de redescendre dans les rues mauritaniennes pour protester contre le retour des militaires au pouvoir. L'opposition a affirmé qu'elle n'allait pas se laisser faire et compte accentuer sa pression dans les prochains jours. Les principaux rivaux du général demandent aux instances internationales, habilitées à intervenir, de diligenter une enquête autour des résultats officiels bien que Abdel Aziz persiste et signe qu'il n'y avait pas de tricherie dans le vote.
«Il ne suffit pas de dire qu'il y a eu fraude, il faut apporter des preuves», avait-il répondu lors d'un point de presse organisé hier à Nouakchott, la capitale
du pays. La période post-électorale en Mauritanie risque ainsi d'être plus rude que l'été pour les Mauritaniens qui attendent l'avènement d'une véritable démocratie dans un pays où ils espèrent voir les militaires revenir à leur mission originelle qui consiste à défendre l'intégrité territoriale et accompagner un président civil en l'aidant à prendre en main les destinées de la nation.
Source: Riminfo