La rapporteuse des Nations Unies, Gulnara Shahinian vient de mettre le doigt sur la plaie purulente, l’esclavage, de la société mauritanienne. Elle s’est même autorisée à prescrire une potion à ce mal national inguérissable.
Mais comme dit encore une sagesse africaine « l’étranger a de gros yeux mais ne voit rien ». Ce qu’ignore notre invité, c’est que la servilité est une pratique coutumière active en tant que telle bien enracinée dans les communautés. Aucun Mauritanien n’éprouve l’émotion de la honte, de la gène à l’entente des mots : esclave, abd….
Tout au contraire, c’est de la fierté, de la dignité que ressent celui qui le distille en publique : avoir des esclaves est signe de noblesse, de grandeur familiale, tribale. Franchement la servilité est une option sociale qui ne heurte ni la conscience des intellectuelles ni celle des Ulemas.
Ces derniers plaident d’ailleurs en sa faveur en la référant à des interprétations périmées issues de l’incompréhension des textes islamiques. C’est pourquoi dans l’article intitulé le mal du mâle à Nouakchott que nous avons publié précédemment l’accent est mis sur l’éducation, pièce maîtresse de l’édifice théorique et pratique de la sagesse humaine.
La famille est en effet, le lieu où l’enfant apprend des valeurs qu’il appliquera ensuite dans les différents contextes de la vie. L’enfant est donc une copie fidèle de son espace vital. Il devient dans cette perspective légitime de savoir : quel est le sol constitutif des valeurs qui structurent la personnalité psychique du Mauritanien ?
Nous introduisons le postulat que si le mauritanien est farouchement attaché à la pratique sociale de l’esclavage et l’érige en unité de mesure c’est qu’il est gouverné dans sa vie quotidienne par un système d’évaluation provenant de la féodalité : sa paresse congénitale, son mépris des activités laborieuses, sa promptitude à faire travailler confirme notre postulat.
On dirait que l’épisode du Jardin d’Edén, paradis perdu, infuse à la Mauritanie son mode d’aperception. En fait, paresse vient de ‘’paresis’’ qui signifie paradis, lieu sans travail. Tout se passe comme si le souvenir de cette séquence des textes sacrés animait inconsciemment le mauritanien.
La rondeur qui prédispose les mauritaniennes au repos, le mépris des formes taysonnienne résultant d’un effort physique intense caractérise notre imaginaire populaire et nous pousse à chercher des individus assurant cette fonction de travail pénible.
Ainsi la société mauritanienne se fragmente en ‘’despotes’’ et en ‘’Doulos’’, en maître et en esclave. Le premier, pourvu d’intelligence a le don de pouvoir commander au second qui, en raison d’aptitudes physiques, est destiné seulement à être commandé. Ainsi le corps c'est-à-dire l’esclave s’oppose à l’intelligence autrement dit le Maître.
La gestion des affaires de la cité mauritanienne a toujours été conforme à cette logique sociale. Nous pensons qu’avec la discontinuité actuelle, le perestroïka, la rupture qualitative inauguré par le président Mohamed Ould Abdoul Aziz, la servilité sera traité comme un ‘’péché’’ et qu’on tentera de redresser cette faute par l’art de l’éducation, donc de l’éveil des consciences, du coup ranger cette pratique sociale dans la vitrine des ‘’idôles’’, des traditions défectueuses, anachroniques implantées à nos esprits par la caverne, la préraison.
A nos yeux autant d’idées reçues, autant stéréotypes mis en scène et jouées ont crée chez nous un réflexe discriminateur.
Il y’a donc lieu de faire abstraction de ce que les anciens nous ont légués du fait que cet héritage, obsolète, représente souvent un sophisme qui incline a une mauvaise perception de la réalité du temps. En effet, le passé c’est l’irréversible. Le « cela a été » est la pétrification de la contingence d’un présent contre lequel notre vouloir vient s’arc-bouter.
Le poids du passé nous écrase. Ce lourd fardeau brise l’avenir des relations sociales intermauritaniennes. Englué dans sa mémoire, le mauritanien n’arrive à se débarrasser de rien. Il regarde vers le passé non pas pour mieux avancer mais pour y rester. Cet enferment autiste morbide, pathogène appelle une cure psychanalytique.
Car nous avons un passé différent de notre présent. Nos action d’aujourd’hui esquissent elles aussi un future qui sera différent de ce que nous vivons aujourd’hui. Nous voguons sur un fleuve dont le cours suit une direction cohérente, unique.
Il est impossible que l’eau de ce fleuve remonte à sa source, de rajeunir, de voir revenir par conséquent une période révolue. Il faut se garder de croire qu’il existe des valeurs-momies ! les besoins, les aspirations, les codes éthiques, les désirs humains ne sont pas donnés une fois pour toutes.
Chaque période historique a son « langage du bien et du mal », a sa tasse de café ! tout système de vie est limité par « l’air du temps ». La pensée passée est nécessairement relative a un horizon culturel, à un milieu de vie. Ainsi ce qui a été n’est plus. Ce qui est, est destiné à n’être plus. Restons donc attentif a l’instant présent ouvert sur l’avenir, lieu du possible.
Sy Alassane Adama
Philosophe
Source : cridem.
Mais comme dit encore une sagesse africaine « l’étranger a de gros yeux mais ne voit rien ». Ce qu’ignore notre invité, c’est que la servilité est une pratique coutumière active en tant que telle bien enracinée dans les communautés. Aucun Mauritanien n’éprouve l’émotion de la honte, de la gène à l’entente des mots : esclave, abd….
Tout au contraire, c’est de la fierté, de la dignité que ressent celui qui le distille en publique : avoir des esclaves est signe de noblesse, de grandeur familiale, tribale. Franchement la servilité est une option sociale qui ne heurte ni la conscience des intellectuelles ni celle des Ulemas.
Ces derniers plaident d’ailleurs en sa faveur en la référant à des interprétations périmées issues de l’incompréhension des textes islamiques. C’est pourquoi dans l’article intitulé le mal du mâle à Nouakchott que nous avons publié précédemment l’accent est mis sur l’éducation, pièce maîtresse de l’édifice théorique et pratique de la sagesse humaine.
La famille est en effet, le lieu où l’enfant apprend des valeurs qu’il appliquera ensuite dans les différents contextes de la vie. L’enfant est donc une copie fidèle de son espace vital. Il devient dans cette perspective légitime de savoir : quel est le sol constitutif des valeurs qui structurent la personnalité psychique du Mauritanien ?
Nous introduisons le postulat que si le mauritanien est farouchement attaché à la pratique sociale de l’esclavage et l’érige en unité de mesure c’est qu’il est gouverné dans sa vie quotidienne par un système d’évaluation provenant de la féodalité : sa paresse congénitale, son mépris des activités laborieuses, sa promptitude à faire travailler confirme notre postulat.
On dirait que l’épisode du Jardin d’Edén, paradis perdu, infuse à la Mauritanie son mode d’aperception. En fait, paresse vient de ‘’paresis’’ qui signifie paradis, lieu sans travail. Tout se passe comme si le souvenir de cette séquence des textes sacrés animait inconsciemment le mauritanien.
La rondeur qui prédispose les mauritaniennes au repos, le mépris des formes taysonnienne résultant d’un effort physique intense caractérise notre imaginaire populaire et nous pousse à chercher des individus assurant cette fonction de travail pénible.
Ainsi la société mauritanienne se fragmente en ‘’despotes’’ et en ‘’Doulos’’, en maître et en esclave. Le premier, pourvu d’intelligence a le don de pouvoir commander au second qui, en raison d’aptitudes physiques, est destiné seulement à être commandé. Ainsi le corps c'est-à-dire l’esclave s’oppose à l’intelligence autrement dit le Maître.
La gestion des affaires de la cité mauritanienne a toujours été conforme à cette logique sociale. Nous pensons qu’avec la discontinuité actuelle, le perestroïka, la rupture qualitative inauguré par le président Mohamed Ould Abdoul Aziz, la servilité sera traité comme un ‘’péché’’ et qu’on tentera de redresser cette faute par l’art de l’éducation, donc de l’éveil des consciences, du coup ranger cette pratique sociale dans la vitrine des ‘’idôles’’, des traditions défectueuses, anachroniques implantées à nos esprits par la caverne, la préraison.
A nos yeux autant d’idées reçues, autant stéréotypes mis en scène et jouées ont crée chez nous un réflexe discriminateur.
Il y’a donc lieu de faire abstraction de ce que les anciens nous ont légués du fait que cet héritage, obsolète, représente souvent un sophisme qui incline a une mauvaise perception de la réalité du temps. En effet, le passé c’est l’irréversible. Le « cela a été » est la pétrification de la contingence d’un présent contre lequel notre vouloir vient s’arc-bouter.
Le poids du passé nous écrase. Ce lourd fardeau brise l’avenir des relations sociales intermauritaniennes. Englué dans sa mémoire, le mauritanien n’arrive à se débarrasser de rien. Il regarde vers le passé non pas pour mieux avancer mais pour y rester. Cet enferment autiste morbide, pathogène appelle une cure psychanalytique.
Car nous avons un passé différent de notre présent. Nos action d’aujourd’hui esquissent elles aussi un future qui sera différent de ce que nous vivons aujourd’hui. Nous voguons sur un fleuve dont le cours suit une direction cohérente, unique.
Il est impossible que l’eau de ce fleuve remonte à sa source, de rajeunir, de voir revenir par conséquent une période révolue. Il faut se garder de croire qu’il existe des valeurs-momies ! les besoins, les aspirations, les codes éthiques, les désirs humains ne sont pas donnés une fois pour toutes.
Chaque période historique a son « langage du bien et du mal », a sa tasse de café ! tout système de vie est limité par « l’air du temps ». La pensée passée est nécessairement relative a un horizon culturel, à un milieu de vie. Ainsi ce qui a été n’est plus. Ce qui est, est destiné à n’être plus. Restons donc attentif a l’instant présent ouvert sur l’avenir, lieu du possible.
Sy Alassane Adama
Philosophe
Source : cridem.