Le HCE dans la ligne de mire !



Le HCE dans la ligne de mire !
Il est évident que l’accord de Dakar n’est qu’une étape dans un long processus de désaccords. Le but étant de s’assurer de la transparence de l’appareil étatique, entre la question sécuritaire à travers le maintien du HCE et celle de la neutralité du pouvoir en place, les politiques semblent divisés. La contrainte d’une élection aidant, pour Ahmed Daddah, chef de file de l’opposition, Ould Abdel Aziz détenait le pouvoir depuis le 3 août 2005 et continue d’ailleurs à le détenir depuis le 6 août 2008 jusqu’à nos jours. Ce qui sous-entend que le général démissionnaire dirige indirectement le HCE et le pays.
Eu égard à la fronde qui a précédé le coup d’Etat du 6 août, on peut même aller plus loin que le leader du RFD en soulignant qu’en fait le Général Ould Abdel Aziz a toujours détenu le pouvoir sachant qu’on le fait passer pour le principal acteur du mouvement du 3 août 2005 et le faiseur de roi qui a favorisé l’élection d’Ould Cheikh Abdallahi ; sans compter qu’il a pu tirer les ficelles qui dans l’ombre ont fait bouger parlementaires et élus locaux dans une déstabilisation systématique du règne de Sidioca…A présent ce n’est que de bonne guerre si celui-ci réclame la dissolution d’une structure qui a causé sa chute et symbolise désormais l’irruption de l’illégalité dans les institutions d’une République partie sur des bases que tous les observateurs avaient voulu sûres…Que Général Ould Abdel Aziz tienne au maintien du HCE coûte que coûte, cela relève d’un souci de conserver une carte désormais redoutable censée barrer la route à toute autre ambition émanant de l’armée. Aussi, le prétexte de rôle sécuritaire ne saurait être interprété autrement que par ce désir de consolider un pouvoir par les mains de Généraux enrôlés dans un HCE perceptible comme chasse gardée d’un Ould Abdel Aziz qui bien que favori du prochain scrutin à bien des égards, pourrait se voir donner du fil à retordre par l’entrée en course d’Ahmed Ould Daddah, d’Ely Ould Mohamed Vall, de Messaoud Oul Boulkheir et même d’un certain Maouya Ould Sid’Ahmed Taya… L’arrivée de candidats de poids tels que Ely Ould Mohamed Val qui a pu par un sens politique relatif rassembler derrière lui des hommes forts qui ont une mainmise incontestable sur les forces tribales risque de bouleverser la scène politique. Le FNDD et son regroupement derrière Messaoud Oud Boulkheïr sans le parti Tawassoul représente un autre poids et bien sûr le RFD demeure assurément populaire.
La question de la dissolution du HCE divise. « Celui-ci n’a jamais fait partie de l’Accord cadre de Dakar », déclare Ba Adama Moussa, un des porte-parole d’Aziz, soutenant que « le HCE est un appareil sécuritaire indispensable pour le pays ». Visiblement le maintien du HCE arrange les affaires de nos voisins espagnols qui prétendent avoir constaté depuis 3 mois une nette diminution du flux migratoire en provenance de la Mauritanie. Ils se sont dits contre une telle dissolution. Le camp de l’opposition a cherché à recomposer à nouveau le HCE pour faire plaisir aux européens tout en puisant de la force juridique de l’article 34 de la Constitution. Pourtant au départ, seul Sidi Ould Cheikh Abdellahi a insisté sur ce point. Actuellement deux pôles du paysage politique font de l’article 34 leur cheval de bataille.
Les tacticiens de la Majorité sont vigilants. Ils peuvent maintenir le statu quo en rejetant la responsabilité de l’échec de la mise en application de l’accord de Dakar au camp adverse. La position de ce dernier s’explique ainsi : « l’accord de Dakar était, pourtant, sur le point d’être mis en œuvre n’eût été l’objection du général Ould Abdel Aziz sur certains détails relatifs à la formulation de la fin des missions du HCE. Ainsi le fond du problème a fait objet d’un consensus de toutes les parties et il ne restait plus qu’à trouver une formule qui consacre le fait conformément à l’article 34 de la constitution mauritanienne ». L’accord de Dakar ne mentionne guère clairement la dissolution du HCE. L’interprétation juridique d’un tel accord fait défaut. Un retour consensuel à l’ordre constitutionnel suppose le retour à l’article 34 par le biais de la signature de Sidi Ould Cheikh Abdellahi de sa démission. Cet article 34 stipule que « le Président de la République est le chef Suprême des Forces armées. Il préside les conseils et comités supérieurs de la défense nationale ». Seulement chaque partie commente et explique les accords à sa guise et selon ses intérêts. Et face à cette réalité militaro-politicienne, le simple mauritanien est dépassé par les calculs électoralistes.

m_ Barrada@yahoo.fr
La Tribune n°454 du 22 juin 2009

Source:barrada.unblog


Lundi 29 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
Lu 267 fois



Recherche


Inscription à la newsletter