Le cas Sidioca : Le plus difficile c’est de s’en séparer



Le cas Sidioca : Le plus difficile c’est de s’en séparer
«J'ai été élu pour cinq ans, or le coup d'Etat a eu lieu quinze mois après ma prise de fonctions. Seul, le peuple mauritanien pourra me faire partir, et en s'exprimant de la même façon qu'il m'a fait venir. Il est quand même invraisemblable de prendre un président démocratiquement élu, qui n'a commis aucune infraction, de le bouter dehors et de lui dire “Accepte le sacrifice, pour le bien du pays, de dégager et de cautionner le coup d'Etat !”» C’est ce que déclarait, il y a quelques mois, le Président déchu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi à l’envoyée spéciale du quotidien français Le Monde. Rien aujourd’hui ne semble avoir changé dans son attitude.

Quand les négociations de Dakar aboutissent, la première question est de savoir si Ould Cheikh Abdallahi acceptera ou non. La réponse est immédiate : «Il a toujours dit qu’il s’en tiendra à l’accord que les partis politiques mauritaniens trouveront». Réponse de ceux du Front qui s’aventuraient à l’optimisme. Dès le premier jour en fait l’absence d’Ould Cheikh Abdallahi a été perçue. Ni lui ni un représentant. Alors qu’il était la troisième partie prenante identifiée par le groupe de contact. Entretemps, le FNDD avait su imposer sa présence. Sans avoir nécessairement à travailler sous la bannière d’Ould Cheikh Abdallahi. Mohamed Ould Maouloud et ses quatre accompagnateurs étaient là pour le compte du Front et non pour le président. Quand Kaber Ould Hammoudi, ancien directeur de Radio Mauritanie, actuel directeur de cabinet d’Ould Cheikh Abdallahi arrive, on se dit qu’il est là pour cette mission. C’est effectivement lui qui parle le premier dans les couloirs de la nécessité de dissoudre le Haut Conseil d’Etat. Dans les couloirs il s’affaire avec bien d’autres activistes pour faire du lobbying. Nonobstant toutes ces considérations, tout le monde semble assuré que Ould Cheikh Abdallahi ne fera pas de blocage. Aujourd’hui, c’est bien lui qui risque de tout faire foirer.

Son entêtement a d’abord été senti comme le résultat d’une manipulation de son entourage. Certains sont allés jusqu’à dire que «depuis qu’il a reçu Yahya Ould Ahmed Waghf et Ely Ould Mohamed Val, il est devenu plus exigeant et plus catégorique. Il ne signera pas sans des préalables dont : la dissolution du HCE, la démission formelle de son gouvernement d’avant, l’organisation d’une cérémonie solennelle pendant laquelle il s’adressera à la Nation…

Certains observateurs pensent qu’il s’agit là de manœuvres du FNDD visant à chercher un nouveau report de l’élection présidentielle. D’où le communiqué tranchant du CPS de l’Union Africaine. D’autres y voient une manière de faire payer aux militaires leur acte séditieux et l’occasion d’assouvir une quelconque soif de vengeance.

Quelle qu’en soit la cause ou le soubassement, le refus d’Ould Cheikh Abdallahi remet en cause tout l’accord. Comme il soumet le pays et à la population à une peur qui pèse déjà trop lourd. Tous ceux qui ont été approchés de ses proches – collaborateurs ou parents – restent confiants qu’il «finira par signer». C’est méconnaitre la personne. S’il a décidé de ne pas signer sans la satisfaction de ses doléances, il ne signera qu’à ses conditions. Il faut maintenant savoir s’il faut faire sans lui. On dit que ce qui est difficile, dans le cas des personnes âgées, ce n’est pas d’en devenir le compagnon, mais le plus difficile, c’est de vouloir s’en séparer. Dans le cas d’Ould Cheikh Abdallahi, cela relève de l’impossible apparemment….


Bechirou

Source : La Tribune 453

Mardi 16 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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