Deux semaines après la signature historique de l’Accord-Cadre de Dakar qui a permis de décrisper la situation politique mauritanienne alors tendue depuis le coup d’Etat du 6 août 2008, et d’offrir aux acteurs politiques du pays de renouer les fils du dialogue, les médiateurs vont se retrouver samedi soir dans la capitale sénégalaise.
Objectif : lever la barrière principale qui obstrue la voie d’une paix définitive aujourd’hui nécessaire au développement du pays et à un retour de l’ordre constitutionnel.
Dans un communiqué publié jeudi soir et dont nous avons obtenu copie, le Comité de suivi de l’Accord-Cadre de Dakar, réuni à Nouakchott ce jeudi 18 juin pour une évaluation de sa mise en œuvre, s’est réjoui "de la convocation en urgence à Dakar, dans les plus brefs délais, et au plus haut niveau, du Groupe de Contact International et de la Facilitation qui, en concertation avec les Plénipotentiaires des trois Pôles, devraient pouvoir rapprocher les positions exprimées".
Le communiqué n’a pas fait état de la nature des divergences qui ont nécessité la convocation en urgence de cette rencontre mais d’après une source bien imprégnée des pourparlers intermauritaniens, entre le président déchu Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et son tombeur Général Mohamed Ould Abdel Aziz, les relations sont toujours tendues. Comme pomme de discorde, le sort à réserver au Haut Conseil de l’Etat, créé par ce dernier à sa prise du pouvoir.
L’ex-président, Sidi Mohamed Ould à qui l’Accord de Dakar attribue les pouvoirs de nommer le gouvernement et de signer tous les décrets y afférents pour démissionner après, et laisser à l’intérimaire le rôle de conduire la transition jusqu’à la présidentielle du 18 juillet, n’est pas prêt à accepter la totalité de l’Accord si on ne procède pas à la dissolution du HCE et par conséquent du Conseil national de sécurité.
Ou à défaut, se référer plutôt à ce que la Constitution offre dans son article 34, le Conseil supérieur de défense nationale en l’occurrence. La gestion de la séurité nationale, il y tient ! Une exigence que le général Abdel Aziz et ses partisans avaient accepté de satisfaire avant qu’ils ne reviennent sur leur position.
Samedi à Dakar, aucun autre point de l’Accord-Cadre ne sera soulevé ou discuté. Une formulation appropriée, consensuelle devrait être trouvée pour arrondir les angles et répondre dans la mesure du possible, aux attentes des deux camps.
Ce point d’achoppement n’éclipse pas pour autant la grande satisfaction des médiateurs. Le comité de suivi, agissant au nom du Groupe de Contact International sur la Mauritanie et la Facilitation, a vivement apprécié "les mesures déjà prises dans la mise en œuvre de l’Accord-Cadre de Dakar notamment l’élargissement des détenus, l’accord sur la formation du gouvernement et la désignation du Premier Ministre ".
Par ailleurs, il "exhorte les pôles politiques mauritaniens à donner suite à l’espoir suscité au niveau de toutes les couches de la population par l’Accord-Cadre de Dakar et les invite à faire preuve de dépassement et d’esprit de conciliation".
Autrement dit, il ne sert à rien de camper sur des positions figées et de ramer à contre-courant de l’Histoire. Les enjeux sont énormes et les résultats attendus de ces conciliabules sont porteurs d’espoirs dans la construction de l’avenir du pays.
Tout en saluant "l’engagement des trois pôles politiques d’inscrire toutes leurs actions dans le cadre de l’Accord de Dakar (…) et à s’abstenir de toute tentation d’envisager une solution qui serait contraire à l’esprit et à la lettre de l’Accord", le comité de suivi "recommande la tenue en urgence d’une session extraordinaire du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine pour examiner la situation en Mauritanie et prendre les mesures appropriées en vue de soutenir (sa) mise en œuvre".
Comme pour sommer les signataires de l’Accord-Cadre d’aller à l’essentiel et de ne pas prolonger les souffrances des populations mauritaniennes avides de retrouver la quiétude que seul l’ordre constitutionnel durable peut leur offrir.
Les membres du comité n’ont pas manqué de réitérer dans le communiqué, leur "sincère gratitude au Président Abdoulaye WADE pour ses efforts soutenus, ainsi qu’au Président en exercice de l’Union africaine pour son soutien constant".
Ousmane Kébé Diop
© Nettali - Juin 2009