Mariam Mint Mustapha "Une femme en tant que présidente de la Mauritanie? Oh, non! Pas pour maintenant. Parce que cela sera vu comme trop demander"

Pendant que la Mauritanie se prépare pour les élections présidentielles - initialement prévues le 6 juin et reportées au 18 juillet -, des groupes de femmes ont exposé un programme clair et fascinant en faveur des femmes. Cette astuce amènera notamment les hommes politiciens du pays à les écouter.



Mariam Mint Mustapha "Une femme en tant que présidente de la Mauritanie? Oh, non! Pas pour maintenant. Parce que cela sera vu comme trop demander"
Des indicateurs mesurant la qualité de vie de la femme mauritanienne montrent qu’il existe beaucoup de places pour l’amélioration. Par exemple, moins de 50 pour cent des filles inscrites au cours secondaire terminent leur éducation, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Au niveau primaire, deux filles mauritaniennes sur cinq ne vont jamais à l’école, même au niveau primaire.

L’UNICEF rapporte également des taux élevés de la mortalité maternelle – 1.200 femmes et filles meurent en Mauritanie chaque année du fait des complications liées à la grossesse. En outre, 24.000 femmes et filles souffrent de blessures ou d’infirmités en couches.

Mariam Mint Mustapha, une activiste des droits de la femme et une politicienne de l’Union pour la démocratie et le progrès, a accordé un entretien à IPS sur sa campagne pour relever le profil de la femme en politique.

Pendant des années, les femmes mauritaniennes ont été de simples spectatrices sur la scène politiques, parce que vous êtes visibles seulement lorsque des élections doivent être organisées. Alors, cette fois-ci, que voulez-vous en termes de sujets pratiques à prendre en considération pour les questions de développement des femmes?

Mariam Mint Mustapha: Vous avez raison de dire que la plupart du temps, ces politiciens parlent des questions de la femme en Mauritanie uniquement pendant la période électorale. Aussitôt à la fin de la campagne, ils ferment leurs portes sur nous.

Et c’est pourquoi cette fois-ci, nous sommes toutes actives sur le terrain, disant aux femmes de prendre une position forte et unie qui servira d’une plateforme commune pour nous toutes.

Cette fois, nous voulons que nos représentants votent des lois qui créent des chances égales à l’homme et à la femme pour prospérer dans la société, comme l’accès au crédit afin de faire des affaires à petite échelle.

Nous voulons également nous assurer que plus de femmes qualifiées sont nommées à des postes gouvernementaux influents pour servir de modèles de rôle pour d’autres. Rappelez-vous que c’est un pays nomade, où jusqu’à récemment, l’éducation des filles constituait une priorité très faible.

Nous plaidons aussi pour que le parlement vote des lois qui éliminent toutes les formes de discrimination et de pratiques traditionnelles nuisibles qui affectent les droits des enfants et des femmes.

En d’autres termes, nous appelons à la justice et à l’égalité pour tous.

Vous êtes une politicienne et vous travaillez aussi avec les femmes dans les banlieues autour de Nouakchott, la capitale. Si un nouveau président est élu, qu’aimeriez-vous qu’il fasse pour les pauvres?

MM: Beaucoup!!! Vous avez vu ce qu’est la situation pour les gens vivant dans les banlieues.

Il n’existe pas ici de centres de santé adéquats, pas d’électricité, pas d’eau potable... absolument rien pour lequel vous pouvez être fier en tant qu’habitant de la ville. Ces endroits sont en réalité comme des ghettos.

Et c’est pourquoi au cours des années, il a été difficile de convaincre les gens dans les banlieues de s’inscrire et de voter, parce qu’ils ont constaté que les gouvernements successifs ne se soucient pas d’eux en réalité.

Maintenant, en collaboration avec certaines personnes dans le gouvernement et des chefs communautaires dans les banlieues, j’ai préparé un document de travail en vue du développement et de l’amélioration de la vie dans les banlieues en général. Certaines des idées comprennent la fourniture de l’eau courante, de l’énergie solaire, des centres de santé et des écoles publiques qui ont des structures permanentes.

Il est intéressant de noter que presque toutes les écoles publiques dans les banlieues sont seulement des structures temporaires, installées dans des tentes.

Nous invitons également le gouvernement à fournir le financement pour les projets générateurs de revenus dans les banlieues afin que, dans le temps, ces gens puissent aussi se prendre en charge.

Voulez-vous également voir le nombre de femmes ministres augmenter à partir du niveau actuel de seulement quatre sur un total de 26?

MM: Nous appelons à une augmentation du nombre de femmes ministres à partir du niveau actuel. Toutefois, notre demande est d’occuper des postes ministériels à la fois quantitatifs et qualitatifs.

Ce que nous avons maintenant, c’est une situation où les femmes occupent des postes ministériels moins importants et nous voulons voir ceci changer. C’est injuste que 52 pour cent de la population continue par être sous-représentée.

Comme je l’ai dit plus tôt, en plus de l’augmentation des postes ministériels, nous voulons également que les femmes soient visibles en termes de hautes fonctions qu’elles occupent dans l’administration afin que cela puisse servir d’un bon argument pour convaincre les parents conservateurs que ce n’est pas une perte de temps d’envoyer leurs filles à l’école.

Il existe également une tendance inquiétante en Mauritanie : le taux élevé de divorce dans le pays... maintenant que la charge revient aux femmes.

Donc, il est important que les femmes reçoivent l’éducation appropriée afin qu’elles puissent être indépendantes et se prendre en charge.

Espérez-vous voir un jour une femme présidente de la Mauritanie?

MM: Une femme en tant que présidente de la Mauritanie? Oh, non! Pas pour maintenant. Parce que cela sera vu comme trop demander...

Souvenez-vous, nous luttons pour des questions fondamentales en faveur de la femme. Toutefois, nous sommes confrontées à toute une résistance. Je me demande à quoi cela ressemblerait si nous demandons la présidence?

Vous savez que la Mauritanie est un pays à presque 100 pour cent musulman et également une société hautement conservatrice. Donc, pour le moment, nous laisserons la présidence aux hommes, mais qu’ils nous laissent aussi d’autres ministères importants.

Source: riminfo

Dimanche 7 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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