Mauritanie : continuer la bataille pour la démocratie



Mauritanie : continuer la bataille pour la démocratie
Mauritanie : continuer la bataille pour la démocratie
Le 5 août prochain, Mohamed Ould Abdel Aziz, vainqueur des élections présidentielles du 18 juillet va prêter serment pour devenir le 8ème président mauritanien. Une date qui coïncide à un jour près du 6 août, date du putsch du général Aziz.
Ironie de l’histoire pour l’opposition sous la houlette de Ould Boulkheir et de Ould Daddah, les deux grands perdants de ces élections. Ils espèrent trouver un soulagement à leur défaite à condition que leur requête qui vise à créer une commission d’enquête sur « les fraudes massives » aboutisse le plus rapidement. Pour couper cours aux spéculations, ils ont décidé de continuer la bataille pour la démocratie. Mais comment sur le terrain politique ? Devrait-on s’attendre à une radicalisation du mouvement contre le pouvoir en place ou à une participation à un gouvernement d’union nationale ? La première hypothèse conduirait à une crise perpétuelle politique tandis que la seconde à un compromis . La troisième est à inventer. En attendant, des chantiers brûlants sont sur la table du locataire de la Maison Brune selon la formule consacrée des nouakchottois. Parmi les priorités, la lutte contre la corruption, son cheval de bataille pendant la campagne présidentielle. Il a promis à qui veut l’entendre la fermeté sur les coupables de la gabegie.

Simple vœu pieux puisque Ould Aziz appartient lui-même à la tribu maraboutique des Oulad Beshâ et dirige un pays où l’esprit tribal est encore profondément ancré dans les habitus, intellectuels ou pas. Les 8 mois de gouvernement du HCR ont été durs pour les mauritaniens qui ont mal vécu les effets de la crise financière, pour les entrepreneurs à cause de la diminution de leurs chiffres d’affaire et enfin pour l’Etat lui-même qui lorgnait déjà ses caisses de peur d’éventuelles sanctions économiques internationales. Le nouveau président devra parallèlement à ce fléau s’attaquer au problème des réfugiés mauritaniens qui continuent de rentrer au pays. Il s’agira de faire plus que son prédécesseur Sidioca en répondant concrètement aux attentes de ces populations qui ont trop souffert de leur déportation. La résolution de ce passif humanitaire passe nécessairement par des indemnisations décentes et une réinsertion socioprofessionnelle idoine à défaut d’un jugement des coupables de ce crime sous 21 ans de régime Ould Taya. Ce n’est un secret pour personne, les hommes en kaki sont toujours là et seront bien présents dans les rouages de l’Etat. Si le nouvel homme fort veut être crédible, il devra aussi affronter dès sa prise de fonction le lourd dossier des droits de l’homme en prenant ici et là des mesures d’apaisement par exemple libérer les prisonniers politiques. L’expérience des régimes militaires antérieurs ne va dans le sens du respect des libertés publiques et individuelles.
Le coup d’état du 6 août est révélateur de restrictions : arrestations de responsables politiques ou de syndicalistes voire des journalistes , des manquements commis par des forces de l’ordre, des tortures sont monnaie courante dans les prisons et commissariats de police.
C’est sur le terrain de la démocratie que toute l’opposition devra se battre pour garder ses chances dans les prochaines législatives afin de peser dans l’échiquier politique en ayant une représentativité acceptable dans les 2 chambres( assemblée nationale et sénat). Il ne s’agit point d’hypothéquer cette chance. Dans le cas échéant on perpétue la spirale de la violence politique.

Source : Kane Mamadou via for M

Vendredi 31 Juillet 2009
Boolumbal Boolumbal
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