Le Sénégal ne s’avoue pas vaincu dans sa médiation en Mauritanie. Le pays de la Téranga ne désespère pas de réconcilier la classe politique mauritanienne dont les acteurs se regardent en chiens de faïence depuis le coup d’Etat d’août 2008. Pour ce faire, le président Abdoulaye Wade oeuvre résolument pour que les frères ennemis s’asseyent autour de la même table et surtout fument le calumet de la paix. Alors que tout le monde disait les carottes cuites suite au lancement de la campagne électorale, la médiation sénégalaise revient à la charge. Dans la ferveur de la campagne, Abdoulaye Wade a fait de nouvelles propositions aux protagonistes malgré le risque, pour lui, de ne pas se faire entendre dans cette cohue. Et plus encore, ces derniers sont invités à une rencontre initialement prévue hier 26 mai à Dakar, en terrain neutre, mais qui aura finalement lieu aujourd’hui. A moins de 10 jours de l’élection présidentielle (prévue pour le 6 juin), c’est peu dire que cette rencontre est celle de la dernière chance. Et aussi que Abdoulaye Wade joue sa dernière carte dans cette médiation qui est aujourd’hui sur le fil du rasoir. On attend de voir ce que le président sénégalais va sortir de sa botte secrète qui pourra réconcilier les frères ennemis mauritaniens dont on peut dire qu’ils ont répondu à l’invitation par pure politesse. Si, par miracle, un accord venait à être trouvé, sur quoi portera-t-il ? Le report au plus tard le 15 juillet de la présidentielle ou son renvoi aux calendes grecques, conformément aux voeux des anti-putsch ? Ou bien l’hypothétique accord portera sur la mise à plat du processus actuel, ce dont Abdel Aziz, qui s’impatiente de retrouver le fauteuil dont il s’est séparé momentanément, ne veut pas entendre parler ? A priori donc, il sera difficile de contenter les parties. Aucune d’elles ne doit sortir de la rencontre d’aujourd’hui en se disant qu’elle a perdu ou gagné. Chaque protagoniste doit plutôt voir l’intérêt général et savoir faire violence sur lui-même pour préserver celui-ci. Hélas, on est dans une situation de bras de fer dans laquelle chaque camp tient à avoir le dessus. Déjà, le camp de l’ancien chef de la junte se considère en position de force à la manière de la caravane qui passe malgré les aboiements du chien. Ce camp aura tenu bon face aux sanctions de la Communauté internationale et il n’aura pas cédé jusque-là sur le point du report de l’élection. La véritable réconciliation ne pourra se faire, selon toute vraisemblance, qu’après le 6 juin, lorsque Abdel Aziz songera à tendre la main à ses adversaires, une fois confortablement installé dans le fauteuil présidentiel.
Source: riminfo