Mercredi 05 juillet, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, auteur du coup d’Etat militaire du 06 août 2008 et vainqueur au premier tour de l’élection présidentielle du 18 juillet 2009, sera investi président de la République islamique de Mauritanie. Le nouveau président, du fait de la lutte mené contre son coup d’Etat, sera, peut être, à l’abri de toute interruption anticonstitutionnelle de son mandat de cinq ans.
Avant d’entrer officiellement en fonction, devant les magistrats du conseil constitutionnel, Mohamed Ould Abdel Aziz prêtera serment en ces termes « Je jure par Allah l’Unique de ne point prendre ni soutenir, directement ou indirectement, une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relatives à la durée du mandat présidentiel et au régime de son renouvellement, prévues aux articles 26 et 28 de la présente Constitution. »
Avec l’abrogation et le remplacement des articles 26, 27, 28 et 99 de la constitution de 1991 par le referendum de 2006, le principe de l’alternance au pouvoir a été presque sacralisé en Mauritanie. C’est au nom d’Allah que le président de la République islamique de Mauritanie prend l’engagement de ne point toucher à la constitution pour aller au-delà du mandat de cinq pour lequel il a été élu. C’est encore au nom du tout puissant qu’il s’engage à ne point modifier la disposition constitutionnelle limitant le nombre de mandats limité a deux. « Le Président de la République est rééligible une seule fois » dispose l’article 28 nouveau de la constitution.
Au président de la République sous serment qui tenterait de réviser la constitution pour allonger son mandat de cinq ans où briguer un troisième mandat, les mauritaniens ne diront pas " Il a violé la constitution. " Ils diront " Il a juré par Allah et s’est rétracté, c’est un mécréant."
Plus loin, l’article 99 nouveaux de la constitution renforce la limitation de la durée et du nombre de mandats en l’élevant au même niveau que l’intégrité territoriale.
Cet article 99 nouveau dispose : " Aucune procédure de révision de la constitution ne peut être engagée si elle met en cause l’existence de l’Etat ou porte atteinte à l’intégrité territoriale, à la forme républicaine du gouvernement, au caractère pluraliste de la démocratie mauritanienne ou au principe de l’alternance démocratique au pouvoir et à son corollaire, le principe selon lequel le mandat du Président de la République est de cinq ans, renouvelable une seules fois comme prévu aux articles 26 et 28. »
En Avril 2007, Sidi Ould Chjeikh Abdellahi, premier président mauritanien démocratiquement élu, devant le Conseil Constitutionnel, en présence du Bureau de l’Assemblée Nationale, du Bureau du Sénat, du Président de la Cour Suprême et du Président du Haut Conseil Islamique, avait prêté serment. Au bout d’un peu plus d’une année de pouvoir, il a été victime d’une forme d’alternance radicale : un coup d’Etat militaire avec pour auteur principal, le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Le général qui, à on tour, va prêter serment le mercredi 05 juillet. Comme Sidi, il jurera lui aussi par Allah de respecter la constitution.
Comme Sidi, le général pourrait-il lui aussi être écarté du pouvoir avant la fin de son mandat, par la force ?
Nonobstant les grincements de dents des candidats malheureux (Ahmed Ould Daddah, Ely Ould Mohamed Vall et Messoud Ould Boulkheir), le général putschiste peut se targuer d’avoir été démocratiquement élu au premier tour de la présidentielle du 18 juillet. Mais, comme on l’a vu avec Sidi, « démocratiquement élu » ça peut conduire à Lemden.
Après la transition 2005/2007 et l’élection transparente de Sidi Ould Cheikh Abdellahi à la présidence de la République, les mauritaniens pensaient avoir trouver solution à la question du mode de dévolution démocratique et pacifique du pouvoir. Ils pensaient avoir fini avec les coups d’Etat. Ils se sont trompés.
Peut-on malgré tout imaginer que le coup d’Etat du 06 août 2008 sera le dernier ?
Le 06 août 2008, après le coup d’Etat du général Aziz, à l’intérieur de la Mauritanie, comme à l’extérieur, s’est constitué un front de refus du coup d’Etat appelant au rétablissement de la légalité constitutionnelle. La Mauritanie a été mise au banc de l’union africaine, de l’union européenne, de l’Organisation internationale de la Francophonie et des Etats-Unis d’Amérique. Ce refus extérieur s’est appuyé sur le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD).
Ce Front, à coup de meetings, de sit-in, de conférences de presse, de marches…a effectivement rendu le coup d’Etat ingérable. Pendant un peu moins d’une année, les militaires au pouvoir et leur soutiens civils ont eu comme principales activités la répression des opposants au putsch et de vaines tentatives de légitimation de ce putsch. Du coup d’Etat du 06 août 2008 à la signature de l’accord de sortie de crise de Dakar de juin 2009, des parlementaires, des responsables de partis politique, une partie de la société civile…ont martelé : « le coup d’Etat ne passera pas. »
Le coup d’Etat est-il passé ?
L’accord de Dakar stipule que la transition, en application de l’article 40 de la constitution, débutera par trois actes essentiels : Premier acte : La signature par le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi d’un décret portant formation du gouvernement transitoire d’union nationale pour donner effet au consensus obtenu par les consultation entre les forces politique mauritanienne, et ce sans préjudice pour les actes de gouvernement signés antérieurement. Deuxième acte : l’annonce et la formalisation de sa décision (Sidi Ould Cheikh Abdellahi) volontaire concernant son mandat de Président de la République.
Troisième acte : la prise en charge des effets de cette décision en terme d’intérim de la présidence de la République par le président du sénat. Le général Ould Abdel Aziz, en réponse à l’exigence de rétablissement de Sidi dans ses fonctions de président de la République avait dit : « Il (Sidi) ne reviendra jamais au pouvoir. Même pas pour quelques secondes. » L’accord de Dakar, accepté par le général, prévoit le retour de Sidi au pouvoir. Et, il y fera plus que quelques secondes. Le temps de lire et de signer le décret portant formation d’un gouvernement transitoire d’union nationale et le temps de signer sa lettre de démission.
Cette double signature est l’acte officiel de mise en échec du coup d’Etat du 06 août 2008. C’est à partir de la démission volontaire de Ould Cheikh Abdellahi que le président du sénat est réellement devenu président de la République par intérim. Pendant 10 mois, une partie du peuple mauritanien s’est dressée pour expliquer à l’autre que le pouvoir ne peut être pris autrement que par les urnes, que la constitution n’est pas un papier volatile, que l’armée ne pèse pas plus lourd que le suffrage universel…
Au-delà des satisfactions tirées et des déceptions nées de l’issue de la présidentielle du 18 juillet, au-delà de l’avenir politique du général Aziz, du FNDD, du RFD…ce qu’il faut retenir, c’est la dimension pédagogique de l’opposition au coup d’Etat du 06 août 2008. Les citoyens mauritaniens savent maintenant que la mobilisation peut venir à bout de l’illégalité. Avec les suites du putsch du 06 août 2008, l’armée mauritanienne elle aussi sait que le plus difficile n’est pas de prendre le pouvoir par les armes mais de s’y maintenir après.
« Si Aziz veut le pouvoir, il doit passer par les urne » avait dit un responsable du Front anti-putsch. Ca été quelque peu chaotique, mais il est finalement passé par les urnes. L’idée de faire face à un nouveau FNDD ôtera de l’esprit des forces armées toute possibilité de prise du pouvoir par la force.
Pendant cinq ans le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz gouvernera sans hantise de se faire renverser par les armes, grâce au FNDD.
Khalilou Diagana
Source: Le Quotidien de Nouakchott
Avant d’entrer officiellement en fonction, devant les magistrats du conseil constitutionnel, Mohamed Ould Abdel Aziz prêtera serment en ces termes « Je jure par Allah l’Unique de ne point prendre ni soutenir, directement ou indirectement, une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relatives à la durée du mandat présidentiel et au régime de son renouvellement, prévues aux articles 26 et 28 de la présente Constitution. »
Avec l’abrogation et le remplacement des articles 26, 27, 28 et 99 de la constitution de 1991 par le referendum de 2006, le principe de l’alternance au pouvoir a été presque sacralisé en Mauritanie. C’est au nom d’Allah que le président de la République islamique de Mauritanie prend l’engagement de ne point toucher à la constitution pour aller au-delà du mandat de cinq pour lequel il a été élu. C’est encore au nom du tout puissant qu’il s’engage à ne point modifier la disposition constitutionnelle limitant le nombre de mandats limité a deux. « Le Président de la République est rééligible une seule fois » dispose l’article 28 nouveau de la constitution.
Au président de la République sous serment qui tenterait de réviser la constitution pour allonger son mandat de cinq ans où briguer un troisième mandat, les mauritaniens ne diront pas " Il a violé la constitution. " Ils diront " Il a juré par Allah et s’est rétracté, c’est un mécréant."
Plus loin, l’article 99 nouveaux de la constitution renforce la limitation de la durée et du nombre de mandats en l’élevant au même niveau que l’intégrité territoriale.
Cet article 99 nouveau dispose : " Aucune procédure de révision de la constitution ne peut être engagée si elle met en cause l’existence de l’Etat ou porte atteinte à l’intégrité territoriale, à la forme républicaine du gouvernement, au caractère pluraliste de la démocratie mauritanienne ou au principe de l’alternance démocratique au pouvoir et à son corollaire, le principe selon lequel le mandat du Président de la République est de cinq ans, renouvelable une seules fois comme prévu aux articles 26 et 28. »
En Avril 2007, Sidi Ould Chjeikh Abdellahi, premier président mauritanien démocratiquement élu, devant le Conseil Constitutionnel, en présence du Bureau de l’Assemblée Nationale, du Bureau du Sénat, du Président de la Cour Suprême et du Président du Haut Conseil Islamique, avait prêté serment. Au bout d’un peu plus d’une année de pouvoir, il a été victime d’une forme d’alternance radicale : un coup d’Etat militaire avec pour auteur principal, le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Le général qui, à on tour, va prêter serment le mercredi 05 juillet. Comme Sidi, il jurera lui aussi par Allah de respecter la constitution.
Comme Sidi, le général pourrait-il lui aussi être écarté du pouvoir avant la fin de son mandat, par la force ?
Nonobstant les grincements de dents des candidats malheureux (Ahmed Ould Daddah, Ely Ould Mohamed Vall et Messoud Ould Boulkheir), le général putschiste peut se targuer d’avoir été démocratiquement élu au premier tour de la présidentielle du 18 juillet. Mais, comme on l’a vu avec Sidi, « démocratiquement élu » ça peut conduire à Lemden.
Après la transition 2005/2007 et l’élection transparente de Sidi Ould Cheikh Abdellahi à la présidence de la République, les mauritaniens pensaient avoir trouver solution à la question du mode de dévolution démocratique et pacifique du pouvoir. Ils pensaient avoir fini avec les coups d’Etat. Ils se sont trompés.
Peut-on malgré tout imaginer que le coup d’Etat du 06 août 2008 sera le dernier ?
Le 06 août 2008, après le coup d’Etat du général Aziz, à l’intérieur de la Mauritanie, comme à l’extérieur, s’est constitué un front de refus du coup d’Etat appelant au rétablissement de la légalité constitutionnelle. La Mauritanie a été mise au banc de l’union africaine, de l’union européenne, de l’Organisation internationale de la Francophonie et des Etats-Unis d’Amérique. Ce refus extérieur s’est appuyé sur le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD).
Ce Front, à coup de meetings, de sit-in, de conférences de presse, de marches…a effectivement rendu le coup d’Etat ingérable. Pendant un peu moins d’une année, les militaires au pouvoir et leur soutiens civils ont eu comme principales activités la répression des opposants au putsch et de vaines tentatives de légitimation de ce putsch. Du coup d’Etat du 06 août 2008 à la signature de l’accord de sortie de crise de Dakar de juin 2009, des parlementaires, des responsables de partis politique, une partie de la société civile…ont martelé : « le coup d’Etat ne passera pas. »
Le coup d’Etat est-il passé ?
L’accord de Dakar stipule que la transition, en application de l’article 40 de la constitution, débutera par trois actes essentiels : Premier acte : La signature par le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi d’un décret portant formation du gouvernement transitoire d’union nationale pour donner effet au consensus obtenu par les consultation entre les forces politique mauritanienne, et ce sans préjudice pour les actes de gouvernement signés antérieurement. Deuxième acte : l’annonce et la formalisation de sa décision (Sidi Ould Cheikh Abdellahi) volontaire concernant son mandat de Président de la République.
Troisième acte : la prise en charge des effets de cette décision en terme d’intérim de la présidence de la République par le président du sénat. Le général Ould Abdel Aziz, en réponse à l’exigence de rétablissement de Sidi dans ses fonctions de président de la République avait dit : « Il (Sidi) ne reviendra jamais au pouvoir. Même pas pour quelques secondes. » L’accord de Dakar, accepté par le général, prévoit le retour de Sidi au pouvoir. Et, il y fera plus que quelques secondes. Le temps de lire et de signer le décret portant formation d’un gouvernement transitoire d’union nationale et le temps de signer sa lettre de démission.
Cette double signature est l’acte officiel de mise en échec du coup d’Etat du 06 août 2008. C’est à partir de la démission volontaire de Ould Cheikh Abdellahi que le président du sénat est réellement devenu président de la République par intérim. Pendant 10 mois, une partie du peuple mauritanien s’est dressée pour expliquer à l’autre que le pouvoir ne peut être pris autrement que par les urnes, que la constitution n’est pas un papier volatile, que l’armée ne pèse pas plus lourd que le suffrage universel…
Au-delà des satisfactions tirées et des déceptions nées de l’issue de la présidentielle du 18 juillet, au-delà de l’avenir politique du général Aziz, du FNDD, du RFD…ce qu’il faut retenir, c’est la dimension pédagogique de l’opposition au coup d’Etat du 06 août 2008. Les citoyens mauritaniens savent maintenant que la mobilisation peut venir à bout de l’illégalité. Avec les suites du putsch du 06 août 2008, l’armée mauritanienne elle aussi sait que le plus difficile n’est pas de prendre le pouvoir par les armes mais de s’y maintenir après.
« Si Aziz veut le pouvoir, il doit passer par les urne » avait dit un responsable du Front anti-putsch. Ca été quelque peu chaotique, mais il est finalement passé par les urnes. L’idée de faire face à un nouveau FNDD ôtera de l’esprit des forces armées toute possibilité de prise du pouvoir par la force.
Pendant cinq ans le président de la République, Mohamed Ould Abdel Aziz gouvernera sans hantise de se faire renverser par les armes, grâce au FNDD.
Khalilou Diagana
Source: Le Quotidien de Nouakchott