À trois jours du scrutin, dans cet entretien accordé à mauritanies1.com, Mohsen Marzouk, d’origine tunisienne, secrétaire général de l’Arab Democracy Foundation (la Fondation Arabe pour la Démocratie), évoque l’objet de sa mission en Mauritanien, la démocratie dans le monde arabe et l’élection présidentielle en Mauritanie.
Pouvez-vous nous dire un bref mot sur l’Arab Democracy Foundation ?
L’Arab Democracy Foundation est une création récente. Elle a vu le jour en 2007. Unique dans son genre, elle réunit plus de 500 ongs de la Région arabe, dont elle a pu capitaliser toute l’histoire et l’expérience. Elle est présidée par son altesse C. Moza, l’épouse du prince de Qatar. Le rôle de la fondation est de promouvoir la démocratie dans la région arabe. C’est aussi un mécanisme de financement des initiatives démocratiques dans cette zone. Son siège est basé à Doha.
Est-ce la première fois que votre organisme envoie une mission en Mauritanie ?
Nous ne sommes pas à notre première mission dans ce pays. Nous sommes la seule fondation arabe à avoir dépêché une délégation en Mauritanie au lendemain du putsch du 06 aout dernier. Nous sommes aussi la seule qui a pu rencontrer en octobre 2008 le président renversé Sidi Ould Cheikh Abdallahi au moment de sa détention et mise en résidence surveillée. Nous avons aussi pu aussi à ce moment là rencontrer le Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Nous avons essayé en fait de contribuer à ce qu’il y ait davantage un dialogue fructueux entre les deux protagonistes. Et nous restons plus que jamais concernés par l’évolution démocratique en Mauritanie. Cela est une de nos priorités.
Quel est l’objet de cette présente mission ?
Nous sommes venus observer les élections présidentielles en Mauritanie. Je suis à la tête d’un groupe d’observateurs arabes, qui représentent pratiquement tous les pays et sous région du monde arabe. Nous sommes là pour accompagner l’expérience démocratique mauritanienne et soutenir le processus électoral. Nous espérons que cette élection sera enfin le moyen de sortir de la crise politique, et permettre d’ouvrir enfin de nouvelles perspectives pour le pays, afin que toute la Mauritanie retrouve son unité et s’occupe désormais de la question liée à son développement, qui est à mon avis la question principale.
Quels sont les pays arabes représentés ?
La Palestine, la Tunisie, le Maroc, l’Algérie, la Jordanie, le Qatar, Bahreïn, le Koweït, le Liban…Il y pratiquement tous les pays.
Ces pays sont pourtant loin d’être des modèles démocratiques ?
C’est vrai. Dans le monde arabe il n y a malheureusement pas encore de véritable modèle démocratique qui se détache. Mais le fait justement d’observer les élections en Mauritanie, c’est aussi un moyen pour inciter et stimuler l’expérience démocratique dans ces pays.
A trois jours du scrutin, pensez-vous que toutes les conditions ont été réunies pour permettre une élection libre, fiable et transparente ?
Je viens de rencontrer le président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), qui m’a confirmé d’ailleurs que toutes les conditions requises ont été réunies pour que cette élection soit la plus transparente possible. Les représentants de diverses tendances politiques concernées et des candidats ont aussi confirmé, après des visites effectués à l’intérieur du pays, que l’administration sera neutre. de toute manière les observateurs locaux et internationaux feront aussi le mieux qu’ils peuvent pour essayer de garantir et atteindre tous le même objectif de transparence souhaité pour ces élections.
A propos du financement de l’élection présidentielle, est-ce que votre fondation a reçu une requête du gouvernement mauritanien allant dans ce sens ?
Aucune demande d’aide n’a été présentée à la fondation par la Mauritanie. Mais j’ai été informé aujourd’hui par des responsables mauritaniens que des demandes avaient été formulées. Elles n’ont pas été reçues par notre organisme. Si tel était le cas on aurait peut-être pu prévoir une sorte de mécanisme de financement.
Entretien réalisé par Dianifaba
Source: Mauritanies1