Par-delà l’événementiel, il y a l’Essentiel



Par-delà l’événementiel, il y a l’Essentiel
Nous voilà encore repartis comme en l’an 40… Une élection présidentielle, une floraison de candidats, des discours et des gestes, des tentes et la fête ; bref, tout pour faire un évènement. Avouons que nous aimons bien ça nous autres mauritaniens. Car quoi de plus efficace pour nous permettre, le temps d’une hystérie collective, d’oublier les vraies questions. Celles-là mêmes qui me font répéter à tue-tête, et depuis bien longtemps, que le problème de la Mauritanie n’est pas conjoncturel, mais bien structurel.

Et c’est dans ces moment-là, qu’on se plaît à circonscrire le débat dans une logique monothématique, de préférence conjoncturelle, pour éviter que les autres sujets, les vrais, ne viennent brouiller les alliances du moment, et révéler au grand jour des accointances indigestes pour l’électorat épris de cohérence et de lisibilité.

Pour éviter que se révèlent les secrets d’alcôve entre la carpe et le lapin, les alliances incompréhensibles entre ceux qui défendent publiquement le bilan de TAYA, et ceux qui prétendent éradiquer définitivement le système TAYA, on mettra subtilement sur le présentoir, le duopole putschistes/ anti-putschistes. Mais on omettra volontairement toutes les nuances qui peuvent rendre les choses plus complexes.

On négligera par exemple de dire que parmi les anti-putschistes d’aujourd’hui, certains ont été, il y a si peu longtemps d’ailleurs, de fervents défenseurs du putsch, et l’auraient même inspiré et suggéré aux militaires…N’est-ce pas plus aisé de s’enfermer dans des schémas simplistes pour faire conjoncture ?

Mais la communication étant aussi l’art de convaincre sans avoir forcément raison, on a fini par enfermer l’opinion dans ce dogme ; au point que toute tentative de nuancer le débat apparaît comme une insupportable hérésie aux yeux de certains. Parler des questions de fond n’est pas la priorité : celle de la cohabitation entre nos différentes composantes nationales, celle de l’esclavage, celle de l’implication juste et équitable des nos différentes communautés dans la gestion des affaires publiques, celle du redécoupage électoral qui rende plus efficientes nos élections locales, et enfin celle de la vraie réforme constitutionnelle, qui réaffirmerait l’identité plurielle de la Mauritanie, officialiserait toutes nos langues nationales, et pour répondre à la conjoncture, redéfinirait le statut de notre armée, pour la consigner définitivement dans ses fonctions de sécurisation de notre territoire national.

Cela soulèverait bien trop de divergences parmi les alliés du moment et gâcherait probablement la fête. Cela empêcherait également certains partis, qui ont du mal à vivre politiquement tous seuls, parce que justement la date de péremption de leur discours politique est largement dépassée, d’exister le temps d’une alliance conjoncturelle.


Pour masquer tout cela, rien de bien mieux qu’une bonne simplification des oppositions, où les slogans tiennent le haut du pavé, et le discours idéologique relégué à plus tard. Et pour faire encore plus simple, on cristallisera toute sa haine sur l’adversaire du moment ; de préférence le plus proche de soi, prenant pour argent comptant et reprenant à son compte les rumeurs les plus invraisemblables à son sujet. Il est bien connu que les opposants sincères au système mauritanien sont frappés de masochisme intellectuel. Se faire peur et se faire mal étant le sport favori de beaucoup d’entre nous. Sans doute parce que nous avons été tellement habitués au traumatisme, que le succès politique d’un des nôtre, ou tout ce qui peut s’annoncer comme tel, devient suspect. Ibrahima Moctar SARR n’est victime que de cela, et de rien d’autre !

Il n’a pas arrêté de marteler, et ce depuis la première transition, que l’essentiel est ailleurs, c’est-à-dire, dans la résolution de la question nationale, et pourtant il y aura toujours des gens pour écrire qu’il a trahi la cause. Alors qu’il a même du mal financièrement à boucler sa campagne, pendant que les autres candidats se pavanent dans de rutilants 4x4, quand ce n’est dans les hélicoptères de l’armée, il y aura quand même toujours des gens pour écrire qu’il a été acheté à coups de millions. Qui se demande la provenance de l’argent de campagne des autres candidats ?

Apparemment dans cette campagne électorale, quand on ne s’appelle pas Ibrahima Moctar SARR, ou KANE Hamidou Baba, on est exempté de cet interrogatoire. Aller chercher la vraie raison…Il n’y a personne non plus pour s’insurger contre la censure dont est victime l’AJD/MR par la HAPA, parce qu’elle tente de replacer le débat sur les questions de fond.. Où sont passés tous ces sincères défenseurs du principe même de la démocratie ? N’est-ce pas le principe qu’on défend ? Où alors, dois-je penser que c’est une défense à géométrie variable ? Non, rien de tout cela ne se fera. Car médiatiser ces évènements reviendrait à battre en brèche l’idée acquise par certains que nous sommes dans le camp de AZIZ. A tous ceux-là je dis que nous ne sommes que dans un seul camp : celui de notre programme.

Nous n’avons et n’aurons de préférence qu’au plus offrant programmatique. Ayant expérimenté tous les acteurs du jeu politique actuel, nous savons désormais qu’il n’y a pas pour nous d’alliés prédestinés. Nous savons également que tous les autres candidats, en dehors de Ibrahima Moctar SARR, ne feront que des réformes cosmétiques et minimalistes. C’est pour ça que notre priorité n’est pas de faire de la lutte par procuration, mais bien d’être à la base de la vraie transformation sociale. Nous ne sous-traiterons pas le combat, nous le mènerons. Et si au besoin, nous devons faire des alliances, celles-ci seront programmatiques. Ce fut le cas avec Ahmed Ould DADDAH avec la plate-forme des 35 points avant qu’il ne la dénonce de facto. Nous avons voulu en son temps que ce soit le cas avec Sidi sous le gouvernement de Waghef 1, mais on nous rétorqua qu’il n’y avait pas de discussion possible sur le programme. Nous déclinâmes l’offre. D’autres y ont été sans condition. Et c’est nous les opportunistes !


Mais pour sûr, l’enferment actuel du débat politique dans un réduit thématique coûtera cher à tous les citoyens soucieux de voir advenir le vrai changement. Cheikh Hamidou KANE disait que « l’évidence est une vérité de surface ». Ce qui apparaît aujourd’hui comme le seul débat possible dans cette élection est cela même qui nous perdra. Car à force de noyer, comme on a l’habitude de le faire l’Essentiel dans l’évènementiel, on donne au système la possibilité de prospérer sur la facture de nos schémas simplistes et réducteurs. Et ça, le candidat Ibrahima Moctar SARR s’y refuse. Vaille que vaille !


Bocar Oumar BA
Directeur de campagne du candidat Ibrahima Moctar SARR en France.


Source: AJD/MR

Mercredi 15 Juillet 2009
Boolumbal Boolumbal
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