Nous vivons en Mauritanie quelque chose d’absolument atypique qu’il convient de décortiquer pour que l’on comprenne où l’impasse politique née des conciliabules de Dakar risque de nous mener.
Destinée à la base à nous sortir des méandres du chaos, la rencontre de Dakar a accouché de quelque chose qui ne ressemble à rien, sinon à un véritable capharnaüm, un bric-à brac, que l’électeur mauritanien aura la lourde responsabilité de déchiffrer avant de se décider. Le cas mauritanien est en effet très singulier : De quatre candidats présidentiables à la veille du 6 juin, nous passons aujourd’hui au double, et peut-être au triple dans quelques jours. Mais que s’est t-il donc passé de si tonitruant et de révolutionnaire à Dakar pour que, en l’espace de quelques jours seulement, nos leaders politiques se sentent soudain l’âme de présidents de la république ? Ou alors l’après Dakar a-t-il été si difficile à gérer pour les alliés de raison (FNDD-RFD) ? Pour quelles raisons se décident t-ils aujourd’hui à se lancer, en ordre dispersé, dans la bataille alors que la donne de l’après 6 juin n’est pas intrinsèquement plus viable que celle de l’avant 6 juin ? C’est clair que tout citoyen a le droit de se présenter à une présidentielle, pour autant qu’il remplisse les conditions fixées par la loi. Mais tout de même. Dans aucun pays au monde, à ma connaissance, on ne peut doubler voire tripler le nombre de présidentiables en l’espace de quelques jours. Ou alors, nous a-ton caché certaines informations clé issues des tractations de Dakar ? Y aurait-il des ententes souterraines que nous ne sommes pas en droit de savoir pour le moment ? Toujours est-il que nous
demandons aux nouveaux candidats déclarés ou putatifs de nous éclairer sur leurs réelles
motivations pour que nous puissions, pourquoi pas, voter pour eux le cas échéant. Car l’électeur a besoin d’y voir un peu plus clair avant de jeter son bulletin pour tel ou tel candidat. Car, n’est-ce pas l’avenir de la Mauritanie qui prime avant tout ? A ce propos, souvenons-nous des propos de KHB qui déclarait lors d’une conférence de presse, que s’il perdait les élections et que la Mauritanie y était gagnante, il serait très content. Nous aussi, serions-nous tentés de dire.
Aujourd’hui, nous apprenons que le leader de Tawassoul a décidé de faire fausse route à ses
compagnons de circonstances pour briguer la présidence. Hier, c’étaient d’autres personnalités bien connues du microcosme politique mauritanien. Demain, ce sera probablement au tour du président d’Arc-En-Ciel, qui revendique la sympathique appellation du Parti Mauritanien du Concret. Et peutêtre encore d’autres candidats sortiront du bois dans les prochains jours. Mais qu’est ce qui fait courir tous ces messieurs, puisqu’aucune dame n’est pressentie pour l’heure, qui prétendent avoir les armes, intellectuelles, techniques et morales s’entend, pour nous gouverner ? Ont-ils un programme bien clair à nous proposer ? D’ailleurs comment comptent-ils s’y prendre pour juguler le chômage, des jeunes notamment et réduire l’extrême pauvreté et la faim dans notre pays?
Que proposent-ils pour assurer et améliorer l’éducation primaire pour tous ? Ont-ils un plan précis pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ? La mortalité infantile, la santé de manière générale, l’environnement ainsi que la mise en place de partenariats font ils partie de leurs priorités ? En tout cas, ces questions sont aujourd’hui en Mauritanie comme dans le reste des pays en développement des préoccupations majeures des citoyens. De toute évidence, ces objectifs du millénaire pour le développement (OMD), doivent représenter la clé de voûte des projets politiques
de nos chers candidats qui ne peuvent plus se contenter de politiques de bricolage et de rafistolages
s’ils veulent être crédibles aux yeux de nos compatriotes et du monde extérieur. Un gouvernement d’union nationale a, nous dit-on, été formé dernièrement. Est-il opérationnel ? S’est-il mis au travail ?
Car du travail il y en a pour ce gouvernement et il y en aura pour celui qui sortira des urnes
aussi d’ailleurs.
Préparer la prochaine présidentielle qui verra un nombre record de participants n’est pas une mince affaire. Peut-on nous dire si ce gouvernement officieux a une chance de prendre possession des nombreux et délicats dossiers qui l’attendent, si oui quand ? Que se passera-t-il si on arrive au 18 juillet avec cette situation de blocage ? Est-ce que ce gouvernement d’union nationale subira le même sort que celui de SIDIOCA, c'est-à-dire un putsch parlementaire ou un ravalement de façade,
une rectification, c’est selon les camps, ou alors décidera t-il de rendre son tablier sans même avoir eu l’occasion d’être mis à l’épreuve ? Nos citoyens ont besoin de comprendre toute la situation dont la complexité n’est pas à sous estimer. Je pense qu’ils sont prêts à faire d’énormes concessions, s’il le faut, pour que la future élection se tienne dans des conditions idoines. Parmi ces concessions, l’hypothèse d’un nouveau report n’est pas à écarter, malgré la sommation de la communauté internationale. Auquel cas, de nouveaux « Imamables » pourraient être sur les starting blocks.
Cependant, la crédibilité d’une présidentielle ne se mesure pas au nombre de candidats mais bien à la qualité de ceux-ci, à leur sérieux ainsi qu’à celui de ceux qui les entourent. Pour mieux préparer l’avenir de notre pays, nos candidats doivent avoir un oeil sur le rétroviseur qui nous interdit de recommencer les mêmes erreurs qui nous ont conduits à cette impasse. Nous pouvons nous targuer d’avoir le taux de présidentiables le plus important au monde par habitant, ce n’est pas ce qui va nous propulser vers les sommets et nous sortir des abysses du sous développement. Nous avons besoin d’être épatés par des hommes et des programmes qui sont novateurs. L’immobilisme, surtout celui qui nous a longtemps été servi comme plat de résistance avec des recettes obsolètes et inadaptées à notre époque, doit nous pousser à méditer sur le choix de celui, ou peut-être de celle, qui sait, qui présidera à nos destinées durant les prochaines années.
Cordialement.
M. Cheikh Tidiane DIOUWARA
Soure: Riminfo
Destinée à la base à nous sortir des méandres du chaos, la rencontre de Dakar a accouché de quelque chose qui ne ressemble à rien, sinon à un véritable capharnaüm, un bric-à brac, que l’électeur mauritanien aura la lourde responsabilité de déchiffrer avant de se décider. Le cas mauritanien est en effet très singulier : De quatre candidats présidentiables à la veille du 6 juin, nous passons aujourd’hui au double, et peut-être au triple dans quelques jours. Mais que s’est t-il donc passé de si tonitruant et de révolutionnaire à Dakar pour que, en l’espace de quelques jours seulement, nos leaders politiques se sentent soudain l’âme de présidents de la république ? Ou alors l’après Dakar a-t-il été si difficile à gérer pour les alliés de raison (FNDD-RFD) ? Pour quelles raisons se décident t-ils aujourd’hui à se lancer, en ordre dispersé, dans la bataille alors que la donne de l’après 6 juin n’est pas intrinsèquement plus viable que celle de l’avant 6 juin ? C’est clair que tout citoyen a le droit de se présenter à une présidentielle, pour autant qu’il remplisse les conditions fixées par la loi. Mais tout de même. Dans aucun pays au monde, à ma connaissance, on ne peut doubler voire tripler le nombre de présidentiables en l’espace de quelques jours. Ou alors, nous a-ton caché certaines informations clé issues des tractations de Dakar ? Y aurait-il des ententes souterraines que nous ne sommes pas en droit de savoir pour le moment ? Toujours est-il que nous
demandons aux nouveaux candidats déclarés ou putatifs de nous éclairer sur leurs réelles
motivations pour que nous puissions, pourquoi pas, voter pour eux le cas échéant. Car l’électeur a besoin d’y voir un peu plus clair avant de jeter son bulletin pour tel ou tel candidat. Car, n’est-ce pas l’avenir de la Mauritanie qui prime avant tout ? A ce propos, souvenons-nous des propos de KHB qui déclarait lors d’une conférence de presse, que s’il perdait les élections et que la Mauritanie y était gagnante, il serait très content. Nous aussi, serions-nous tentés de dire.
Aujourd’hui, nous apprenons que le leader de Tawassoul a décidé de faire fausse route à ses
compagnons de circonstances pour briguer la présidence. Hier, c’étaient d’autres personnalités bien connues du microcosme politique mauritanien. Demain, ce sera probablement au tour du président d’Arc-En-Ciel, qui revendique la sympathique appellation du Parti Mauritanien du Concret. Et peutêtre encore d’autres candidats sortiront du bois dans les prochains jours. Mais qu’est ce qui fait courir tous ces messieurs, puisqu’aucune dame n’est pressentie pour l’heure, qui prétendent avoir les armes, intellectuelles, techniques et morales s’entend, pour nous gouverner ? Ont-ils un programme bien clair à nous proposer ? D’ailleurs comment comptent-ils s’y prendre pour juguler le chômage, des jeunes notamment et réduire l’extrême pauvreté et la faim dans notre pays?
Que proposent-ils pour assurer et améliorer l’éducation primaire pour tous ? Ont-ils un plan précis pour promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes ? La mortalité infantile, la santé de manière générale, l’environnement ainsi que la mise en place de partenariats font ils partie de leurs priorités ? En tout cas, ces questions sont aujourd’hui en Mauritanie comme dans le reste des pays en développement des préoccupations majeures des citoyens. De toute évidence, ces objectifs du millénaire pour le développement (OMD), doivent représenter la clé de voûte des projets politiques
de nos chers candidats qui ne peuvent plus se contenter de politiques de bricolage et de rafistolages
s’ils veulent être crédibles aux yeux de nos compatriotes et du monde extérieur. Un gouvernement d’union nationale a, nous dit-on, été formé dernièrement. Est-il opérationnel ? S’est-il mis au travail ?
Car du travail il y en a pour ce gouvernement et il y en aura pour celui qui sortira des urnes
aussi d’ailleurs.
Préparer la prochaine présidentielle qui verra un nombre record de participants n’est pas une mince affaire. Peut-on nous dire si ce gouvernement officieux a une chance de prendre possession des nombreux et délicats dossiers qui l’attendent, si oui quand ? Que se passera-t-il si on arrive au 18 juillet avec cette situation de blocage ? Est-ce que ce gouvernement d’union nationale subira le même sort que celui de SIDIOCA, c'est-à-dire un putsch parlementaire ou un ravalement de façade,
une rectification, c’est selon les camps, ou alors décidera t-il de rendre son tablier sans même avoir eu l’occasion d’être mis à l’épreuve ? Nos citoyens ont besoin de comprendre toute la situation dont la complexité n’est pas à sous estimer. Je pense qu’ils sont prêts à faire d’énormes concessions, s’il le faut, pour que la future élection se tienne dans des conditions idoines. Parmi ces concessions, l’hypothèse d’un nouveau report n’est pas à écarter, malgré la sommation de la communauté internationale. Auquel cas, de nouveaux « Imamables » pourraient être sur les starting blocks.
Cependant, la crédibilité d’une présidentielle ne se mesure pas au nombre de candidats mais bien à la qualité de ceux-ci, à leur sérieux ainsi qu’à celui de ceux qui les entourent. Pour mieux préparer l’avenir de notre pays, nos candidats doivent avoir un oeil sur le rétroviseur qui nous interdit de recommencer les mêmes erreurs qui nous ont conduits à cette impasse. Nous pouvons nous targuer d’avoir le taux de présidentiables le plus important au monde par habitant, ce n’est pas ce qui va nous propulser vers les sommets et nous sortir des abysses du sous développement. Nous avons besoin d’être épatés par des hommes et des programmes qui sont novateurs. L’immobilisme, surtout celui qui nous a longtemps été servi comme plat de résistance avec des recettes obsolètes et inadaptées à notre époque, doit nous pousser à méditer sur le choix de celui, ou peut-être de celle, qui sait, qui présidera à nos destinées durant les prochaines années.
Cordialement.
M. Cheikh Tidiane DIOUWARA
Soure: Riminfo