Présidentielle du 18 juillet : Les islamistes cassent la dynamique d’une candidature interne du FNDD



Présidentielle du 18 juillet : Les islamistes cassent la dynamique d’une candidature interne du FNDD
C’est le flou artistique ! Le parti «Tawassoul» (islamistes modérés) a décidé de ne pas donner de détails sur sa position par rapport à la présidentielle du 18 juillet. Plusieurs options auraient été discutées dans le dernier conseil national de ce parti, parmi lesquelles, une candidature interne à Tawassoul, celle d’Ahmed Ould Daddah et enfin ; la candidature unique du FNDD dont Tawassoul assure la présidence tournante.

Mais la session du conseil national n’a pas permis d’avoir une idée précise de l’orientation future de ce parti et a incontestablement brisé la dynamique d’une candidature unique au sein du FNDD dont toutes les composantes -à part Tawassoul- s’accordent déjà sur Messaoud Ould Boulkheir. Plusieurs raisons ont été avancées pour expliquer le flou entretenu par les islamistes. La pemiere, pourrait se justifier par le pragmatisme politique. Le putsch du 6 août ayant en partie échoué, la présidentielle du 6 juin a été reportée, une nouvelle recomposition du paysage politique est entrain de naître sur les cendres du militantisme anti-putsch qui n’est donc plus un dénominateur commun.
D’ailleurs Ghoulam Ould Haj Cheikh l’un des dirigeants islamistes l’a dit récemment : «la page du putsch est tournée, Ould Abdel Aziz est un candidat comme tous les autres !».
La seconde raison qui explique le suspens entretenu par les islamistes pourrait être liée à la nature de la candidature unique déjà annoncée par les composantes du FNDD dont le choix s’est porté sur Messaoud Ould Boulkheir. Les analystes proches de Tawassoul estiment qu’une candidature unique du FNDD ne garantit pas une orientation unique du vote de l’électorat du FNDD. Il serait suicidaire affirment-ils de ne pas multiplier les candidatures pour tenir compte de la diversité des électeurs. Une option ont-ils estimé, qui aura l’avantage d’imposer un deuxième tour dans lequel le FNDD sera l’arbitre.
Une troisième raison avancée pour justifier l’hésitation de Tawassoul serait liée dit-on à l’influence (non prouvée) qu’aurait exercée le Cheikh Dedew guide spirituel de la mouvance islamiste (même s’il n’aime pas être qualifié ainsi) et qui aurait été récemment été démarché par de très hautes autorités militaires soucieuses de faire éclater la cohésion des composantes du FNDD et de s’attirer le soutien des islamistes.
Enfin une dernière raison pourrait être liée à la candidature d’Ahmed Ould Daddah qui est une personnalité hautement appréciée par la base traditionnelle de la mouvance islamiste dont les dirigeants et la base furent tous, par le passé, des militants de l’UFD et de son successeur le RFD.
Aussi la décision du dernier conseil national de Tawassoul est venue habilement masquer les terribles dilemmes, les impératifs et les pressions, pour entretenir le flou et laisser les observateurs interpréter à leur guise, l’orientation future des islamistes qui va immanquablement évoluer -au cas où Ould Mansour n est pas candidat- vers une alliance avec l’un des deux pôles politiques assez proches du reste : les pôles d’Ahmed Ould Daddah et du général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Le parti Tawassoul (ex-réformateurs centristes) reconnu sous le président renversé Sidi Ould Cheikh Abdellahi avait soutenu la candidature de Saleh Ould Hannena à la présidentielle de mars 2007 et obtenu plus de 7% des suffrages. Ce parti a participé au deuxième gouvernement du président Ould Cheikh Abdellahi sous l’ex-premier ministre Ould Waghf. Mais les ministres de Tawassoul avaient été expulsés de ce gouvernement sur pression des généraux tombeurs de Ould Cheikh Abdellahi et de leurs soutiens parlementaires qui les avaient présentés comme des «fondementalistes».
Dirigé par Jemil Ould Mansour que certains présentent comme un futur «Abdalla GUL» mauritanien, Tawassoul est incontestablement un parti d’avenir dans une société fortement islamique. Une certaine habilité politique est concédée à Ould Mansour doté d’une habile expertise politique qui se manifeste souvent par les suspens et les sous entendus. Interrogé en 2004 sur les liens entre les islamistes et leurs éléments impliqués dans la tentative de putsch de septembre 2004 organisée par les «cavaliers du changement» à partir du Burkina Faso, Ould Mansour avait répondu qu’il s’agissait d’accusations émanant de services de sécurité et que même si elles se retrouvent avérées, n’impliqueraient que des personnes et non la mouvance islamiste. Deux années après, en 2006 au cours de la transition, Jemil Ould Mansour se vantera sur la Télévision de Mauritanie de «l’expérience militaire commune» entre les islamistes et les «cavaliers du changement » ! Une «expérience commune» qui se prolongera d’ailleurs à la présidentielle de mars 2007.
Pressé en juin 2008 de prendre position par rapport à la fronde parlementaire et au différend persistant entre les généraux et le président Sidi Ould Cheikh Abdellahi, Ould Mansour avait répondu -non sans brin de machiavélisme- : «Nous ne pouvons prendre position dans une affaire qui oppose les militaires et le président Sidi !». En d’autres termes, le combat des militaires et celui de Sidi, ce n’est pas notre salade. Cela n’empêchera pas Ould Mansour de monter au créneau le 8 août 2008, deux jours après le putsch, pour rejeter le coup d’Etat. Et c’était quand même, à son honneur !
Au mois de mai 2009 Ould Mansour était également monté au créneau suite à la publication d’un communiqué du FNDD qui se félicitait de l’hostilité américaine vis-à-vis de la junte et s’en prenait à la position de la France. Les observateurs avaient estimé que le dirigeant islamiste avait travaillé ainsi contre son camp, même s’il est certain qu’il prenait une telle position sur pression de l’aile radicale et anti américaine du parti Tawassoul, à l’époque déstabilisé par l’appropriation faite par le général Ould Abdel Aziz de certains de ses thèmes de mobilisation, notamment, avec le soutien fort apporté au peuple palestinien à Gaza ainsi que le gel des relations diplomatiques avec Israël. Des thèmes fort usités par les islamistes et sur lesquels, ils se retrouvent doublés.
MAOB

Source: Tahalil

Dimanche 14 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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