Qu’on le veuille ou non, l’élection présidentielle du 18 juillet a été bien organisée. Il ne pouvait pas en être autrement.



Qu’on le veuille ou non, l’élection présidentielle du 18 juillet a été bien organisée. Il ne pouvait pas en être autrement.
Un gouvernement d’union nationale avec comme ministre de l’intérieur Mohamed Ould Rzeizim dont la compétence ne peut être mise en cause. Une CENI consensuelle qui est composée à deux tiers (un peu plus d’ailleurs) de représentants du FNDD et du RFD. Des représentants de tous les candidats dans les bureaux de vote.

Techniquement, l’élection s’est bien déroulée. Et c’est ce que les autres candidats doivent accepter pour être conséquents. Qu’auraient-ils dit si Ould Abdel Aziz avait perdu au premier tour et s’il avait refusé d’accepter sa défaite ? N’est-ce pas lui qu’on disait prêt à semer le trouble et le désordre s’il n’était pas élu ? N’est-ce pas lui qu’on disait prêt à faire un nouveau coup d’Etat ? Qui est à présent en train de ruer dans les brancards ? Qui est mauvais perdant ?

Le reproche que les politiques – parmi les candidats – doivent se faire, c’est celui d’avoir d’une part laissé Ould Abdel Aziz incarner la rupture avec le passé et les gens du passé, d’autre part abandonné leur discours habituel pour un discours «mou» et «convenable» non pour leur électorat traditionnel mais pour un électorat embourgeoisé et peu militant.

Messaoud Ould Boulkheir et Ahmed Ould Daddah ont-ils été reconnus par les militants de leurs partis et leurs soutiens traditionnels ? Leurs nouveaux entourages leur ont-ils porté bonheur ou ont-ils été déterminants dans leurs mauvais scores ?

On dira que parce que certains candidats contestent les résultats publiés, il ne faut pas tirer les conclusions présentement. Même si le candidat Ould Abdel Aziz a bénéficié d’un concours «surnaturel», pourquoi les autres n’ont pas fait le plein de leurs militants ? Pourquoi, s’il y a fraude avérée, n’ont-ils pas présenté les preuves à temps ? Pourquoi parler du fichier électoral seulement après le scrutin ?

L’élection du 18 juillet est nécessairement un tournant. Elle est d’abord un nouveau pas sur le chemin de la transition démocratique qui doit le temps qu’il faut pour asseoir une véritable démocratie. Elle a été l’occasion d’une grande participation de la population qui prouve ainsi son attachement à son implication dans la gestion de ses affaires.

Mais pour que cette élection soit un tournant, il faut adopter de nouvelles attitudes. Le candidat élu Mohamed Ould Abdel Aziz doit nécessairement rassurer sur ses intentions. Il doit se présenter comme le président de tous les Mauritaniens, pas seulement de ceux qui l’ont élu. Personne ne doit se sentir fautif pour avoir parié sur le cheval perdant. Il doit immédiatement appeler les Mauritaniens au travail. Nous avons perdu beaucoup de temps dans les palabres politiques. Et mettre en marche les chantiers urgents : l’éducation, l’agriculture, l’élevage, la santé, les infrastructures, les institutions républicaines, la justice, l’administration…

En face, les politiques doivent se rendre à l’évidence : une page de l’Histoire est tournée. Désormais plus rien ne sera comme avant. Qu’on le veuille ou non. Qu’on aime Ould Abdel Aziz ou qu’on le déteste. Il faut parier sur la Mauritanie future.


Mohamed Fall O Oumère



Source : La Tribune n°460



Mardi 21 Juillet 2009
Boolumbal Boolumbal
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