La scène politique est agitée. Les prochaines élections prévues désormais en juillet et août seront caractérisées par une forte concurrence.
Après les accords du 4 juin 2009, le Président déchu Sidi Ould Cheik Abdellahi semble conditionner sa signature par la dissolution du HCE et un discours adressé à la nation. La communauté internationale a voulu lui soumettre une liste des ministres du prochain gouvernement. Cette liste n’est pas encore complète. Faute du jeu d’équilibrage typiquement politique. Des noms du prochain gouvernement bien qu’ils ne soient pas encore officiels, sont parus dans les sites électroniques notamment le site arabe Alakab. Enfin de compte la liste a été retardée pour n’être connue que le lundi 8 juin 2009. Ainsi Sidi aurait-il la grandeur de dépasser les détails d’une légitimité qui risque d’accentuer la crise politique jusqu’alors réglée.
En parallèle, des nouveaux candidats de calibre national ont affiché publiquement leur candidature. Il s’agit entre autres d’Ely Ould Mohamed Fall soutenu certainement par une partie de la majorité. C’est un candidat de masse. Connaisseur de la scène nationale, ancien directeur de la sécurité nationale, il peut vraiment être un adversaire de poids d’autant que la récente sortie médiatique du Général démissionnaire dans laquelle , il aurait qualifié les gens de l’Est du pays comme étant des opportunités, représente une erreur de communication qui peut être récupérée par ses adversaires. Toutefois, Aziz reste, incontestablement, un homme de taille. C’est entre les deux cousins que l’enjeu sera déterminant. L’un faisant craindre les forces traditionnelles d’autrefois, l’autre peut attirer la sympathie de certains hommes d’affaires et les forces tribales de la Mauritanie des profondeurs. Au cas où l’hypothèse du deuxième tour est confirmée, la réconciliation entre les deux cousins demeure décisive pour l’un et l’autre. Les enjeux électoraux seront déterminants.
Ainsi la négociation de Dakar a permis de constater qu’il y a trois pôles politiques. A cela s’ajoute un quatrième à travers Ely et ses soutiens. Le FNDD sera-t-il du camp d’ELY Ould Mohamed Fall? Au cours d’une mission récente Jemil Mansour a déclaré que les forces de l’opposition projettent de se mettre d’accord sur une seule candidature. Toutefois, les conflits historiques entre les partis tels que le RFD, l’APP, l’UFP, ont montré, clairement, que le consensus entre l’opposition traditionnelle est difficilement admis.
Par ailleurs, durant les élections qui ont permis la victoire de Sidi Ould Cheikh Abdellahi, les membres du Cmjd ont été divisés. Ould Abdel Aziz était l’allié de Sidi quant à Ely, il a affiché un soutien implicite à Ould Daddah. Ce qui sous-entendait que le Général a pu à travers des tactiques électoralistes propulser indirectement Sidi à la magistrature suprême grâce bien sûr au ralliement de dernière minute de l’Alliance populaire progressiste. Le deuxième tour a permis à Sidi d’obtenir 52,89 du suffrage exprimé contre 47,11 % pour le leader de l’opposition Ould Daddah. Le résultat du premier tour s’est présenté ainsi : Sidi ould Cheikh Abdellahi 24,80 % , Ahmed Ould Daddah 20,69% , Zeine Ould Zeindan 15,28% , Messoud Ould Boulkeir 9,97, Barhima Moctar Sarre 7 ,95%, Salah Ould Hannena 7, 65, Ould Maouloud 4,08% et les autres candidats n’ont pas dépassé la barre de 3 %.
Pour ce qui est des prochaines élections, les alliances risquent à tout moment de basculer la donne. Le cas sidi est frappant. Il était soutenu par les militaires et s’est retrouvé après 19 mois dans le camp d’une opposition qui est née à la suite d’un coup d’Etat militaire. Ce dernier semble être rectifié par un accord cadre qui peut mettre la Mauritanie sur des nouveaux rails.
En effet, l’enjeu politique des prochaines élections est porteur d’un message démocratique clair : si la neutralité est assurée, la Mauritanie peut s’estimer heureuse par des élections nouvelles dans laquelle les forces politiques seront en mesure de dire que la transparence a bel et bien été assurée.
Mohamed Fouad Barrada
Source : barrada.unblog.fr