Sachons préserver l’essentiel : Notre République, par M. Abba O.A. TOLBA



Sachons préserver l’essentiel : Notre République, par  M. Abba O.A. TOLBA
L’Accord de Dakar est venu mettre fin à une situation explosive vécue par notre pays depuis le 6 août 2008. La quintessence de son message est toute simple : les mauritaniens acceptent d’œuvrer ensemble pour apaiser leur pays et revenir au peuple –détenteur réel du pouvoir- pour l’interroger sereinement sur la personne à qui il veut confier son destin.

Tout le reste du texte de l’Accord de Dakar n’est que développement et mise en forme pratique du message susmentionné.

Il faut reconnaître qu’il s’agit là d’un pas de géant après tous les tumultes des derniers mois. Le pays était en effet entré depuis douze mois dans une situation peu enviable ; entamée par l’épisode insensé (1) ’’de la motion de censure’’, suivi par ’’le coup d’état le plus ridicule du monde (2) pour arriver enfin à dix mois de folie où certains s’évertuaient à justifier l’injustifiable.

Tout cela a eu pour conséquences une perte –réversible, espérons-le !- de crédibilité au niveau international et une morosité économique interne ayant augmenté exponentiellement le nombre des ’’sans revenus’’ parmi nous.

Maintenant que les chosent commencent à se calmer, nous sommes tous interpellés pour œuvrer à préserver l’essentiel : notre République.

Le tollé soulevé par certains au sujet des exigences du Président Sidi pour la formalisation de sa démission révèle un manque abyssal de culture politique doublé d’un déficit cruel d’esprit républicain.

Il est en effet urgent de rappeler à ceux-ci que l’Accord de Dakar a établi que le Président Sidi retrouve son autorité constitutionnelle pour procéder à la nomination du Gouvernement d’union nationale.

Ce que certains semblent ignorer c’est que la république transcende les personnes (3) qui la servent. Ne dit-on pas que l’homme a inventé l’Etat pour ennoblir la soumission !

Ainsi, laisser faire le Président Sidi –pour ces dernies moments de Président de notre république- ce n’est pas récompenser sa personne ou son camp politique, c’est tout simplement rendre les honneurs à notre république.

Et surtout n’oublions pas qu’une république dépouillé de son apparat et ses honneurs n’est en plus une. C’est la jungle,….sinon le désert pour utiliser un terme qui colle mieux à notre réalité géomorphologique.

Espérons que les prochains jours verront tous ces détails dépassés et notre Gouvernement mis en place pour s’occuper de l’essentiel : assurer la continuité de l’Etat et gérer les affaires publiques pour le bien être de nos populations.

Il va sans dire que les toutes prochaines semaines seront cruciales pour la normalisation de la vie publique chez nous.

Ceci dit, les enjeux électoraux de la période risquent fort de nous ramener en arrière, eu égard à l’état d’esprit ambiant. Sur ce point précis, il est permis de se poser des questions sur la pertinence et l’efficacité des dispositions convenues à Dakar.

Autrement dit : est-il heureux pour le pays dans les circonstances actuelles de s’engager immédiatement dans un scrutin si important dans une scène politique à très forte polarisation ?

La réponse à cette question est hélas négative à notre humble avis. Et cela nous semble largement corroboré par les positions et attitudes des uns et des autres, telles qu’observées ces dernières semaines.

Tout pôle politique qui viendrait au pouvoir en ces circonstances ne saurait humainement (4) se hisser au niveau requis par les exigences de l’esprit de l’Accord de Dakar : vivre ensemble de manière apaisée et loin de tout esprit de revanche.

C’est pourquoi, les acteurs politiques sont invités à réfléchir sereinement à l’intérêt supérieur de la nation mauritanienne et de se départir de leurs attitudes toutes récentes.

Nous avons en effet la chance d’avoir désormais un Gouvernement d’union nationale équilibrée et un Président intérimaire pétri d’expérience et dont l’âge porte à la sagesse.

La meilleure démarche qui nous semble servir le pays en ces moments cruciaux est de convenir de se donner le temps (pas moins de 18 mois) pour apprendre à travailler ensemble dans l’acceptance mutuelle et au service de nos populations, largement malmenées par la parenthèse qui vient de se refermer.

A jamais….espérons-le !

Je sais que certains sont tentés par objecter : le Gouvernement va appliquer quel programme ?
La réponse à cette question est toute facile : En dix huit, on n’est pas obligé d’innover : le CSLP est là et il a le mérité d’avoir été conçu à travers un processus largement participatif ; et surtout d’avoir eu l’agrément de nos partenaires au développement.

Encore une fois : l’essentiel ce n’est pas que Aziz, Ely, Ahmed, Messaoud…. ou quelqu’un d’autre soit investi dans quelques semaines, Président de la République. L’essentiel est ailleurs : préserver notre république. Et ne l’oublions pas : certains Etats sont morts récemment sous nos yeux par la faute des agissements irresponsables de certains fils des pays en question. Tout simplement !

______________________

1 : c’est ce qu’ont dit tous les observateurs sidérés de voir ’’une majorité’’ recourir à un instrument originellement conçu pour servir d’arme pour le camp de l’opposition.
2 : c’est ce qui explique que tout le monde a juré de le mettre en échec. Il est vrai que ’’de l’autre côté de nos frontières tout le monde s’accorde à dire que ’’le ridicule tue’’. Chez nous certains pensent que c’est le meilleur moteur de promotion personnelle… !
3 : Notre république n’appartient à personne : ni à Sidi, ni à Aziz, ni à Messaoud… ! C’est elle qui servira de cadre de vie en société à nos petits fils lorsque nous –qui sommes aujourd’hui là- serons tous morts.
4 : On est bien fondé de le croire fermement après avoir observé notre scène politique ces douze derniers mois.

Source:
Tahalil


Vendredi 12 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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