Si aujourd'hui en Mauritanie, unanimité il y a, c'est bien celle qui unit une certaine classe politique et ses dirigeants pour se débarrasser d'un homme qui les dérange. Cet homme dont la singularité du discours et l'assurance dans la démarche dérangent une classe hétéroclite que rien au préalable n'avait jusque-là uni, séduit pourtant une autre beaucoup plus nombreuse, celle que les misères, les déceptions et les frustrations a soudé en un bloc de glace que l'on pensait jusqu'ici insensible au beau discours.
Aujourd'hui, il est triste de voir l'allure que prend cette campagne. Adieu le discours plein de promesses juteuses où des petites coudées franches à la mesure de la bonhommie de leurs auteurs.
La campagne électorale que nous vivons aujourd'hui a ceci de spécifique, l'ensemble des principaux candidats semble ne plus être en compétition entre eux, loin de là, ils sont plutôt tous unis vers un seul objectif : empêcher le général Mohamed Ould Abdel Aziz d'accéder au pouvoir.
Mais, le pire c'est qu'ils ne semblent pas savoir quoi faire après. Leur hypothétique victoire deviendrait ainsi l'apogée d'un grand combat limité dans le temps mais aussi le déclin d'un simulacre d'unité qui mettrait fin à beaucoup d'espoir.
Cet épisode de la vie politique du pays rappelle un peu une scène du Moyen-âge où tous les châtelains d'un bourg suivant leur horde affamée se jettent dans le bois à la poursuite d'un Robin que les gueux traitent de truands et les manants de gentilhomme sauveur.
Mais la différence en ce début du 21ème siècle est que ce "Manant gentilhomme" se tient debout à la lisière du bois et non caché dedans.
Que par son discours, il stimule le courage des paysans, ralentit la ruée des hordes et surprend par son assurance leurs maîtres, même les plus vaillants.
Enfin, et pour revenir à notre temps, non loin à R'Kiz, ce petit bourg croisée des chemins, microcosme des divisions, des querelles tribales et autres susceptibilités d'antan, et qui reflètent aujourd'hui malheureusement autant, sinon plus qu'hier, les tares qui surgissent à nouveau et qui sonnent le danger d'un schisme qui menace une société déjà fortement fissurée par d'autres séismes de moindre intensité, mais aussi ravageurs et surtout permanents.
Alors, Messires, une morale ou plutôt une règle s'impose pour conserver le prestige du trône qui fait tant l'objet de vos convoitises : épargnez-en au moins le socle pour en garder
Écrit par Ahmed Baba Ould Deida
Source: L'authentique