La controverse sur l’esclavage revient en force, sans proposer des remèdes pour ce vil mal.



La controverse sur l’esclavage revient en force, sans proposer des remèdes pour ce vil mal.
La controverse sur l’esclavage revient en force, sans proposer des remèdes pour ce vil mal La discrimination positive, assurée par Mohamed Ould Abdel Aziz, alors candidat, puis par le Premier ministre à l’occasion de sa récente déclaration de politique générale du gouvernement est venue remuer douloureusement une « plaie profondément infectée »,

qui demandera beaucoup d’engagement et de sacrifice sérieux que des belles paroles et des promesses autant en emporte le vent, pour être totalement cicatrisée, même si pour cet effet, il faut aller progressivement pour éviter de tomber dans les erreurs de la « chirurgie sociale ».

Dire aujourd’hui que l’esclavage n’existe plus en Mauritanie est chose malhonnête et totalement fausse.

Dans les "adwabas", les bidonvilles, les jardins, les marchés commerciaux, et industriels et de l’emploi à hausse intensité ouvrière, sur les charrettes ainsi que dans les autres visages du vécu quotidien, la lutte contre ce terrible virus n’arrive malheureusement pas à dépasser son cadre strictement juridique et légal pour s’attaquer aux véritables racines du mal.

Ne pas reconnaître l’avènement d’un puissant regain de l’éveil chez les harratines, pour recouvrer leurs droits, même si les moyens de cette lutte ne sont pas perçus de la même manière par l’intelligentsia de cette communauté opprimée, est également chose erronée.

C’est vrai que pour combattre un mal, il faut admettre la réalité de celui-ci. L’esclavage est une « épidémie » de longue date, mais sa pérennisation à l’état actuel, est inacceptable, étant donné que cette pratique n’existe plus que par la seule volonté des hommes, parfois même issus de ses propres rangs.

Comme l’ont bien précisé certains défenseurs des droits de l’homme, particulièrement de l’esclavage, il s’agit d’un problème structurel qu’il faut commencer à résoudre dés à présent de l’aval en amont.

En Mauritanie, la cooptation de certaines figures de proue harratines dans les hautes sphères de la pyramide Etat, n’est présentement pas la meilleure potion, vu que ces promus oublient très vite le calvaire de leurs semblables et même des leurs familles restées dans les villages, pour cultiver les champs ou garder les troupeaux d’autrui.

Si les négromauritaniens ont été massivement déportés vers le Sénégal et que leur retour au bercail se poursuit, avec toutes les insuffisances que l’on connaît, les haratines ont subi eux aussi, à travers les âges, une autre forme de déportation psychologique et matérielle, sans pour autant être expulsés de leur contexte géographique.

Cette déportation qui était tolérée ou rendue inévitable en raison des contextes d’antan, n’a plus sa raison d’être aujourd’hui, même si la pérennisation de l’esclavage n’est pas la seule responsabilité de Mohamed Ould Abdel Aziz, mais d’autres chefs d’Etat qui l’ont précédé et qui ont nommé des harratines à des fonctions élevées contre leur silence.

L’actuel chef de l’Etat doit faire très vite et se souvenir que les 3 ans qui restent de son mandat quinquennal ne suffiront pas pour amorcer un réel règlement de la cohésion sociale, qui doit primer sur les objectifs de démocratie et des dialogues de tout acabit, pour éviter ainsi de mettre la charrue devant le bœuf.

L’esclavage existe bel et bien, que nous le veillons ou non. Le problème qui se pose, ce n’est point de décréter des lois non applicables, mais d’apporter des thérapies sûres et efficaces qui donnent des résultats immédiats recherchée à travers la discrimination positive.

Ainsi pour dire, à l’instar d’Anair, il y a lieu pour les pouvoirs publics de créer très vite une sorte d’Agence nationale d’Appui et d’Insertion des Haratines, pour mieux contenir les conséquences dangereuses de cette bombe à retardement qui dégage régulièrement ses « émissions radioactives ».

Cette Anaih, peut-on se permettre de dire, qui doit être dotée d’un budget de plusieurs milliards d’Um, renouvelable pour au moins deux décennies, peut se mobiliser dans les adwabas, el virgan, pour créer des écoles, financer des activités agropastorales pour les harratines et jeter petit à petit les bases de leur indépendance totale par rapport à leurs anciens maîtres.

C’est un travail de longue haleine, mais qui a le mérite d’être déclenché pour que la Mauritanie de 2030 dispose de générations traitées sur le même pied d’égalité les unes que les autres. Ceci est d’autant plus vrai si l’on convient que plus la discrimination négative entre les communautés, est grande, plus le pays est confronté à l’instabilité et à tout ce que celle-ci peut entrainer de mauvais.

20 ans dit-on, car c’est à partir de cet instant qu’il faut prendre en charge les touts petits de cette communauté pour les entourer de toute l’attention nécessaire en matière d’alimentation, de santé, d’éducation… Dans deux ou trois décennies, ces petits deviendront des majeurs, instruits et conscients de leurs droits, ayant grandi dans des conditions équivalentes à ceux de leurs autres compatriotes.

Dans la mesure où la société mauritanienne de 2030 aura vécu dans un contexte qui bannit totalement la tribu, l’ethnie et la race, le mariage mixte entre des harratines, des maures, des négormauritaniens ne sera plus perçu comme un vilain acte et permettra sans doute aux membres de toutes les communautés d’entretenir au mieux leur brassage et leur unité.

Pour les autres tranches d’âges dont les vieux, des solutions appropriées peuvent être envisagées, à travers des actions efficaces d’amélioration de leurs conditions de vie. Dans leur récente polémique sur la question de l’esclavage, son existence ou non, l’amère vérité a été dite sans tabou, mais peut-être dans un souci plutôt alarmiste pour prendre conscience du tsunami social qui se prépare, si des mesures préventives efficaces ne sont pas prises à temps pour limiter ses dégâts.

Mais, cet appel qui mérite de notre part toute la considération, aurait mieux cerné les contours de la problématique, s’il avait indexé aussi l’élite harratine d’avoir lâchement trompé ce combat qui devait être le sien sans partage. En effet, à cause de son silence tacite devant les pratiques constantes de l’esclavage, cette élite doit être aujourd’hui mise dans le même panier que les arabo-berbères, accusés pour être les seuls « criminels».

Autrement dit, pourquoi, Messaoud, Ould Merzoug, Sghair, Ould Boilil, ould Dermane et j’en passe pour ne citer que ces illustres figures des milieux harratines, ne s’engagent pas avec la même énergie et fermeté que les autres défenseurs de droits de l’homme comme Messaoud Ould Boubacar, Biram Ould Abeid et consorts pour le sauvetage socioéconomique de toute une composante du pays.

Pourquoi, cette élite harratine observe un mutisme coupable alors qu’elle se trouve longtemps victime de la paranoïa de l’argent et du luxe, asservissant dans les bureaux, les villas et partout ses frères de sang, sans avoir honte et se rappeler que c’est contre ce système social de discrimination qu’il faut se battre pour que leurs semblables recouvrent leur dignité toujours piétinée.

Le cri d’alarme donné par ces défenseurs des droits des harratines aurait aussi été pertinent s’il était accompagné de propositions palpables pour mettre fin à l’esclavage en Mauritanie ; car la théorie prônée par le pouvoir qui reste encore au stade manuscrit, est bourrée d’imperfections, alors que le mal agonisant nécessite une intervention urgente aux retombées positives instantanées. L’Anaih, précédemment citée n’est pas la plus mauvaise des thérapies, même si elle doit être accompagnée d’autres mesures plus appropriées.

Pour résoudre cet épineux problème de l’esclavage, désormais sur les tables des organisations internationales de lutte des Droits de l’homme, mais également de l’Onu ( lettre de Samory), certains pensent qu’il ne faut pas se limiter au seul volet légal, mais plutôt, mettre en place un système économique capable d’assurer une mutation de cette population dans "un nouveau cadre de vie », même si sen réalité, il faut mettre en veilleuse le problème de société que constitue cette question sociale.

Le sujet est tellement riche qu’il est difficile de le cerner dans toutes ses dimensions, pour éviter d’être classé dans telle ou telle catégorie d’analystes partisans ou objectifs du phénomène de l’esclavage en Mauritanie.

Md Ould Md Lemine

Source : cridem.

Jeudi 28 Janvier 2010
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