« O ro haré makha houré di ! » avons-nous l’habitude de dire, nous autres soninko, lorsque l’on est dans une situation trop confuse. Pour en trahir le sens cela veut dire : « Nous nous sommes embarqués dans une locomotive conduite par un âne ! » Cela peut être l’équivalent de « nous sommes dans de beaux draps ! »
Plongés dans une crise politique inédite, nous expérimentons véritablement la démocratie seulement maintenant… Car ce qui se passe entre nous ici en Mauritanie révèle que nous n’avons ni su ni pu nous adapter à la toute première expression de la démocratie née après l’élection de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. La fronde contre lui était la preuve que les politiques qui avaient fait semblant d’être avec lui en l’enrôlant dans un parti politique n’étaient eux-mêmes que des outils car ils n’étaient pas prêts pour le changement. Autrement, on ne les aurait pas vu obéissant à des ordres de déstabilisation enrobés dans des prétextes comme enquête sur les fonds de la fondation de l’épouse du président ou nécessité d’une session extraordinaire du parlement…On ne les aurait pas non plus vu pousser le zèle jusqu’à énerver un Président qui s’est en réalité avéré ‘indébounable’ mais qui finira par comprendre que ses vrais ennemis sont ceux dont il s’était entêté à faire les éloges : les généraux.
Arrive alors le putsch réactif à un limogeage improvisé. Et depuis, nous voilà embarqués dans une locomotive conduite par un âne. C'est-à-dire dans de beaux draps. Ou encore : « O ro haré makha houré di ! » Et pour cause, pour la première fois, une certaine classe politique résiste opiniâtrement contre le pouvoir en place et décide à le faire échouer sur toute la ligne. Même si elle ne s’était pas montrée suffisamment agressive depuis le début, la force politique qui dit non aujourd’hui pèse lourd : incontournable dans le dialogue engagé, elle a réussi, tout compte fait à mettre le Général Mohamed Ould Abdel Aziz dans une situation compromettante. D’abord, si à la faveur du dialogue, les protagonistes acceptent un report de calendrier, cela voudra dire que de nouvelles candidatures seront possibles et que le quarté donné partant verra ses chances réduites. Pour le Général, ce sera et de l’argent et du temps perdu dans la mesure où, il suffira que l’exigence d’une élection transparente et libre soit remplie pour que la denrée électrice soit réorientée, et plus motivée et s’engage.
Ensuite, si au contraire, ce dialogue entrepris échoue, cela signifiera que le Général ira pratiquement favori à une élection où ses concurrents font en réalité figure de ‘complices d’une parodie électorale’. Le cas échéant, il peut et va sûrement l’emporter. Sauf qu’il lui faudra gérer un trop plein de problèmes. Economiques, sociaux, politiques, etc.
Une équation pour lui cependant : Ould Taya, dans l’ombre de qui il est resté plusieurs années avant de contribuer à le renverser, a réussi à forger des hommes et un système selon ses propres caprices. Lui Ould Abdel Aziz hérite de beaucoup parmi ces hommes et de ce système. Sera-t-il capable de gérer cet héritage au moins le temps d’un mandat présidentiel ?
Kissima
Source : La Tribune n°449
Plongés dans une crise politique inédite, nous expérimentons véritablement la démocratie seulement maintenant… Car ce qui se passe entre nous ici en Mauritanie révèle que nous n’avons ni su ni pu nous adapter à la toute première expression de la démocratie née après l’élection de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. La fronde contre lui était la preuve que les politiques qui avaient fait semblant d’être avec lui en l’enrôlant dans un parti politique n’étaient eux-mêmes que des outils car ils n’étaient pas prêts pour le changement. Autrement, on ne les aurait pas vu obéissant à des ordres de déstabilisation enrobés dans des prétextes comme enquête sur les fonds de la fondation de l’épouse du président ou nécessité d’une session extraordinaire du parlement…On ne les aurait pas non plus vu pousser le zèle jusqu’à énerver un Président qui s’est en réalité avéré ‘indébounable’ mais qui finira par comprendre que ses vrais ennemis sont ceux dont il s’était entêté à faire les éloges : les généraux.
Arrive alors le putsch réactif à un limogeage improvisé. Et depuis, nous voilà embarqués dans une locomotive conduite par un âne. C'est-à-dire dans de beaux draps. Ou encore : « O ro haré makha houré di ! » Et pour cause, pour la première fois, une certaine classe politique résiste opiniâtrement contre le pouvoir en place et décide à le faire échouer sur toute la ligne. Même si elle ne s’était pas montrée suffisamment agressive depuis le début, la force politique qui dit non aujourd’hui pèse lourd : incontournable dans le dialogue engagé, elle a réussi, tout compte fait à mettre le Général Mohamed Ould Abdel Aziz dans une situation compromettante. D’abord, si à la faveur du dialogue, les protagonistes acceptent un report de calendrier, cela voudra dire que de nouvelles candidatures seront possibles et que le quarté donné partant verra ses chances réduites. Pour le Général, ce sera et de l’argent et du temps perdu dans la mesure où, il suffira que l’exigence d’une élection transparente et libre soit remplie pour que la denrée électrice soit réorientée, et plus motivée et s’engage.
Ensuite, si au contraire, ce dialogue entrepris échoue, cela signifiera que le Général ira pratiquement favori à une élection où ses concurrents font en réalité figure de ‘complices d’une parodie électorale’. Le cas échéant, il peut et va sûrement l’emporter. Sauf qu’il lui faudra gérer un trop plein de problèmes. Economiques, sociaux, politiques, etc.
Une équation pour lui cependant : Ould Taya, dans l’ombre de qui il est resté plusieurs années avant de contribuer à le renverser, a réussi à forger des hommes et un système selon ses propres caprices. Lui Ould Abdel Aziz hérite de beaucoup parmi ces hommes et de ce système. Sera-t-il capable de gérer cet héritage au moins le temps d’un mandat présidentiel ?
Kissima
Source : La Tribune n°449