SALL Abdrahmane dit SALL Malik : La problématique de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), confrontée à la crise du COVID

Bonjour Monsieur SALL, comme vous le savez, nous sommes ici à AREREM (Association pour la Rééducation des Enfants et la Réadaptation des Adultes en difficulté Médico-sociale) pour une interview dans le cadre de la problématique rencontrée pendant la période du Covid, nous sommes mandatés par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), qui dépend du Ministère des Solidarités et de la Santé (MSS). Après avoir interviewé votre Direction, nous revenons vers vous (employés, salariés de la structure).



Actu : Pouvez-vous vous présenter en nous déclinant votre identité, votre fonction, en quelques mots, vos missions dans votre structure IME (Institut-Medio-Educatif) de Val de Marne ?

A.SALL : Eh bien, avant de passer à a formule d’usage tout attendu, je vous remercie de nous avoir donné l’occasion de nous exprimer sur un sujet qui nous tient particulièrement à cœur. Je m’appelle SALL Abdrahmane, connu sous le nom de SALL Malik, je suis Mauritanien, né dans la Ville de BABABE (située dans le sud de la Mauritanie), je suis père d’une fille âgée de 6 ans. Je réside en France depuis plusieurs années, actuellement dans le Département des YVELINES précisément dans la Commune d’ACHERES. Je suis diplômé de Master en Sociologie, Département Sciences Humaines et Sociales et Licence en AES « Administration Economique et Sociale » à Paris. Depuis 2019, je suis employé dans l’Institut Médico- Éducatif (IME) de Val de Marne, ayant comme Fonction d’Éducateur Spécialisé. Comme vous le savez, un Éducateur Spécialisé est un travailleur social dont les fonctions varient selon les Etablissements accueillis (MECS « Maison d’Enfants à Caractère Social », MAS « Maisons d’Accueil Spécialisées », FAM «  Foyer d’Accueil Médicalisé », SAMU « Service d’Aide Médicale Urgente», IME «Institut Medio-Éducatif »,…
Nos missions d’Educateurs dans notre IME (Institut Médico-Educatif) sont nombreuses et variées, surtout en ces temps troublés par le COVID 19. Il n’a jamais été aussi important, pour moi, de définir notre fonction, et rien qu’en disant cela, je me sens déjà stressé... non pas parce que « je ne sais pas », mais parce que « je ne sais pas par où commencer ». Eh bien si je définis exactement ce statut d’Éducateur Spécialisé, il est clair que je ne peux pas tout vous dire car j’oublierai tel ou tel aspect du métier, tant il est complexe, vaste, riche de sens et de compétences, polyvalent et différent en fonction des secteurs de ce métier. Nos missions principales sont les suivantes : Participer aux actions éducatives de prévention, de Protection, d'Insertion sociale et professionnelle ; Aider au développement et à l'Epanouissement des personnes en difficultés ; participer à l'animation de leur vie quotidienne, Accueil des parents (Visite médiatisée des familles) … voilà en quelques mots, certaines de nos missions dans notre IME, sans trop tarder dans les détails. Sans oublier également que notre Institut accueille des adolescents et adultes atteints de handicap mental, ou présentant une déficience intellectuelle liée à des troubles de la personnalité.

Actu : Pour votre métier d’Éducateur Spécialisé, le Covid est-il très contraignant ?
A.SALL. : Pour tous les établissements sociaux ou médico-sociaux, comme le nôtre, qui accueille des jeunes en situation de handicap, les protocoles mis en place, pour lutter contre la pandémie du Covid, sont très contraignants au quotidien. Nos locaux n'étant pas extensibles, les contraintes de distanciations sociales et physiques nous ont fait réadapter nos accompagnants au quotidien. Par exemple, le nombre de services de repas a été multiplié et rallongé en termes de couverture horaire, augmentant ainsi l'attente qui est pour certains de nos résidents source de stress et d'angoisse. Nos lieux de vie, qui permettaient la richesse des échanges et des contacts, sont aujourd'hui devenus plus tristes. Mais nous pouvons dire que la pandémie a gommé dans un certain sens les différences entre nos résidents et les jeunes du milieu ordinaire, aux travers des protocoles et du port du masque ; nous sommes tous égaux dans la lutte face au COVID.

Actu : Comment faites-vous pour « occuper » les jeunes depuis le début de la pandémie ?

A. SALL
. : Nos principaux objectifs sont l'autonomie et l'insertion sociale, deux versants de notre métier que nous ne pouvons aborder en situation de confinement tel que nous le vivons aujourd'hui. Nous nous sommes donc réinventés face à la situation, interdisant légalement toutes sorties extérieures, nous avons recentré nos activités au sein de l'Établissement. Collectivement, nous arrivons à trouver des solutions pour occuper les jeunes en gardant la distanciation, il nous est beaucoup plus difficile d'assurer le suivi des projets individualisés et professionnels qui sont eux, tournés vers l'extérieur.

Actu : Des cas testés positifs dans votre établissement ?

A. SALL.
: Oui, nous avons été confrontés à cela, mais le protocole sanitaire très suivi et appliqué nous a permis d'éviter la propagation au sein de l'établissement. Nos capacités de tests nous permettent d'avoir en moins de 48 heures et souvent 72 heures, parce que nos résidants n’étant pas très nombreux dans notre IME, par rapport à certaines structures sociales et Médico-sociales où le nombre des résidents dépassent souvent 50 personnes et où les personnels éducatifs, médicaux et sociaux ne sont pas quantifiables par rapport aux publics accueillis, donc je dois vous dire que c’est un résultat positif dans l’ensemble pour notre IME.

Actu : Votre métier une vraie passion, malgré ce contexte de ce COVID ?

A. SALL. :
A la fois oui et non. Oui parce qu’étant sensible à la cause humanitaire, oui quand nous sommes là entrain d’éduquer, accompagner, aider ces jeunes, dans tous les domaines sociaux, éducatifs, administratifs, sanitaires…également oui quand ce métier nous permet de vivre en harmonie avec la société, c’est à dire que nous arrivons à payer nos Loyers, nos Taxes d’habitations, nos factures, nous arrivons à manger et boire, c’est en ce sens que notre métier est passionnant. Et non, surtout non, notre métier n’est pas passionnant, parce que le travail que nous faisons, est largement supérieur à nos salaires et nos indemnités, ce qui veut dire que nos salaires ne correspondent pas à nos fonctions d’éducateurs, je veux dire que nos salaires sont inferieurs par rapport à la qualité du travail que nous faisons. C’est en ce sens que le Sociologue français E.DURKHEIM disait : « seul le travail permet à l’homme de s’intégrer dans la société et d’aspirer à un bonheur simple et naturel ».

Actu : Oui je vois et j’entends ce que vous dites Mr SALL, malgré tous, parlez-nous de vos conditions de travail (Ambiance, le stress de vos jeunes résidents, leurs isolements, la problématique de la visite familiale notamment leurs parents, l’absence de certains référents éducatifs dans beaucoup de structures sociales et médico-sociales) ?

A. SALL
. : Nos conditions de travail sont les mêmes, dans le social, pour tous les Etablissements comme le nôtre, surtout en cette période de confinement, liée à la pandémie du COVID. Il faut noter qu’il y a une bonne ambiance entre nos différents personnels présents dans notre IME. S’agissant de nos résidents, surtout nos adolescents, comme tout adolescent, il est très difficile à leurs âges de s’adapter à des situations de confinements pareils. Ces jeunes ne veulent pas être confinés, pour eux c’est une punition quotidienne. Parce que certains d’entre eux ne savent pas cette maladie, ces jeunes ne savent pas également les raisons qui ont amenées nos autorités à nous confiner. C’est à nous les éducateurs, de les informer, de les sensibiliser, de les éduquer par rapport à la problématique de cette pandémie, c’est à nous également de canaliser certains de leurs problèmes, à notre manière, à notre degrés de compréhension. Donc ces jeunes sont constamment stressés, fragilisés, ils vivent très mal leur isolement, surtout certains restent longtemps sans la visite de leurs familles, ce qui rend également complexe notre travail au quotidien, nous nous substituons souvent à la place de leurs familles, surtout en l’absence de leurs Assistants sociaux et de leurs Référents Educatifs, donc par conséquent, je peux dire que tous le travail se repose en nous éducateurs.

Actu : Mr SALL, votre dernier mot, votre travail, vos collègues, vos sollicitations, Actu.fr,…

A. SALL.
: Mon dernier mot est de vous dire que le travail d’Éducateur Spécialisé que nous menons, c’est un travail qui nécessite beaucoup de maturité et une force de caractère. Ce qui reste très intéressant dans mon métier c'est que les journées se suivent mais ne se ressemblent jamais, à chaque jour son lot de surprises.
Pour ce qui est de nos sollicitations, nous souhaiterions que le Ministère chargé des affaires sociales et de la protection de l’enfance, par l’intermédiaire de l’ASE « Aide Sociale à l’Enfance (ASE) dont nous dépendons, dont nous sommes rattachés et les collectivités territoriales, de revoir sa politique éducative et sociale, pour favoriser le bon fonctionnement et l’épanouissement de ce métier tant noble, car tourné vers le social et le développement social car humainement, nous régulons les conflits par le dialogue et proposons constamment des solutions.
Mon dernier mot consiste à remercier chaleureusement notre Direction, mes collègues de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur différentes thématiques, sans oublier de remercier la municipalité de Val de Marne. Je remercie toute la Direction de l’ASE, tous nos personnels de la Direction de l’IME sans oublier mes collègues de travail, qui sans eux, cet Interview n’aura pas lieu. Je remercie également toute l’Equipe journalistique de l’Actu.fr

Actu : Merci infiniment Monsieur SALL Abdrahmane de nous avoir donné le temps de vous interviewer et toute l’Equipe Actu.fr vous remercie, vous souhaite de passer une bonne et agréable journée, bonne continuation !

SALL Abdrahmane dit SALL Malik
Résidant à Achères-Ville
Éducateur Spécialisé dans
Val de Marne (94)
Email : sallabdrah@gmail.com



Mercredi 3 Février 2021
Boolumbal Boolumbal
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